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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/229

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CANON CATHOLIQUE

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ligionnaires comme divins, et pour lesquels les Juifs doivent mourir s"il est nécessaire, il ajoute : « Depuis Artaxercès jusqu'à nous, les événements de notre histoire ont l)ien été consignés par écrit, mais ces derniers livres n’ont pas l’autorité des précédents, parce que la succession des prophètes n’a pas été établie avec certitude. » Cent. Apiuri., i, 8, édit. Didot, t. II, p. 3^0. Il connaît donc au moins quelques-uns des livres deutérocanoniques, mais il ne sait pas avec certitude s’ils sont l'œuvre de prophètes. Il est certainement l'écho de la croyance des Juifs palestiniens de son temps. Saint Méliton de Sardes (y 171), qui avait fait des recherches spéciales sur le canon (les Juifs de Palestine, ne donne la liste que des protocanoniques, Estlier excepté. Elsèbe, JI. E., 1. IV, c. XXVI, P. 6'., t. XX, col. 396-897. Le IV livre d’Esdras, qui est une apocalypse juive composée en Orient vers l’an 90 de notre ère, ne connaît que 2^ livres juifs, destinés à la lecture publique, xiv, 44-46. Kautzsch, Die Apokrrphen iind Pseudepigraphen des Alten Testaments, Tubingue, 1900, t. II, p. 401- La célèbre beraitha du Talmud de Babylone, attribuée à Juda le Saint, docteur du 11' siècle, traité Baba bathra, fol. 14 bis, ne parle non plus que des livres protocanoniques. Origène, saint Epiphane et saint JÉRÔME, lorsqu’ils parlent du canon des Juifs, ne connaissent que le seul canon de la Bible hébraïque. Quelques critiques toutefois pensent que les Juifs de Palestine avaient d’abord admis dans leur canon au moins quelques-uns des livres deutérocanoniques. Si, comme nous le montrerons tout à l’heure, les Juifs d’Alexandrie ont reçu dans leur Bible tous ces livres, il en résulterait, disent-ils, que leurs frères de Palestine les y avaient eux-mêmes reçus auparavant. Une lettre, écrite de Jérusalem aux Juifs d’Egypte, offre de faire pi’endre les livres que Néhémie aurait réunis dans une bibliothèque. II Mach., 11, 15. Le Psaume xi, 1-7, de Salomon suit presque littéralement Baruch, V, 4 sq. Kautzsch, op. cit., t. II, p. 141Comme ce recueil a été composé en Palestine entre 63 et 45 avant Jésus-Christ, ibid., p. 128, il en résulte qvie Baruch était connu en Palestine avant l'ère chrétienne. Josèphe, Ant. jud., XI, vi, 6 sq., reproduit textuellement des passages des fragments deutérocanoniques d’Eslher. Il a fait usage aussi du I^"" livre des Machabées. Ant. jud., XII, v, i-XIIl, vu. Il mentionne aussi Daniel comme « un des plus grands prophètes » et il parle avec enthousiasme de ses

« prophéties ». Ant. jud., X, xi, 7. La distinction des

Livres saints, si elle était tranchée théoriquement, n’avait pas encore passé entièrement dans la pratique, puisque Josèphe, qui écrit d’après les seuls IJvres saints, utilise même ceux qu’on appelle deutérocanoniques. De ces faits, ces critiques concluent que les Juifs palestiniens ont retranché de leur Bible les livres dits deutérocanoniques, au cours du i" siècle de notre ère, peut-être au synode de Jaumia, vers 90, parce qu’ils ne les trouvèrent pas conformes aux idées qu’ils s'étaient faites des Livres saints, de leur antiquité, de leur langue originale et de leur contenu. Les faits, qu’on invoque en faveur de cette opinion, prouvent seulement que quelques livres deutérocanoni((ues de l’Ancien Testament ont été connus et utilisés en Palestine, luais non qu’ils y étaient universellement et oflicicllemcnt reconnus pour divins et inspirés.

2. Citez les Juifs d’Alexandrie. — Quoi qu’il en soit de la Palestine, il est certain ([uc les Juifs liellcnistes, dont le centre principal était à Alexandrie, admettaient dans leur Bible les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament. L’existence du canon alexandrin, plus étendu cpie le canon palestinien, a été niée, il est vrai, par quelques critiques, si on

l’entend au moins d’un canon déterminé et officiellement clos. Il est clair toutefois que les Juifs hellénistes tenaient pour divins les livres deutérocanoniques de l’ancienne Alliance, ce qui est le plus important, la divergence d’opinions des critiques ne portant plus que sur une question de mots.

Or, ces livres deutérocanoniques faisaient partie de la Bible, dite des Septante. Cette Bible grecque, antérieure à l'ère chrétienne, et à l’usage des Juifs d’Alexandrie, les contenait, non en appendice et à la suite de ceux qui avaient été traduits de la Bible hébraïque, mais mélangés à ceux-ci. On en peut conclure à bon droit que les Juifs hellénistes regardaient les uns et les autres comme inspirés et leur reconnaissaient une autorité divine. Les Juifs d’Abyssinie, qui forment la secte des Falaschas et dont l’origine remonte avant l'ère chrétienne, se servent dans l’exercice de leur culte d’une version éthiopienne, qui contient tout l’Ancien Testament. Ils n’ont pu l’accepter que pai-ce qu’elle répondait à leurs traditions sur la Bible, venues d’Alexandrie. L’absence de citations de ces livres dans les écrits du philosophe juif alexandrin Philox ne prouve rien contre l’acceptation des livres deutérocanoniques par les Juifs hellénistes. Cet écrivain, en elfel, ne cite pas davantage huit des livres protocanoniques, qu’il n’avait pas eu l’occasion d’utiliser. Enfin, les versions grecques, faites par les Juifs Aquila, Symmaque et Théodotiox, prouvent aussi l’usage helléniste. A en juger par les fragments qui nous en restent, les deux premières contenaient au moins l’histoire de Susanne. Celle de Théodotion comprenait Daniel tout entier ; aussi remplaça-t-elle de bonne heure dans l’Eglise grecque, pour ce livre, la traduction imparfaite des Septante. S. JÉRÔME, Comment, in Dan., prol., P. L., t. XXV, col. 493.

2° Canonicité des livres et fragments deutérocanoniques dans l’Eglise chrétienne. — Le canon des Juifs d’Alexandrie a passé avec la Bible des Septante dans l’usage de l’Eglise chrétienne et il y a joui d’une paisible possession jusqu'à la fin du iii^ siècle. Mais du iv'= au XVI siècle, tandis que Icmploi de tous les livres de l’Ancien Testament persévérait, des doutes et des hésitations touchant les deutérocanoniques se perpétuaient parmi les docteurs, pour ne cesser qu’après le décret du concile de Trente.

I. Du i" à la fin du m" siècle. — a) Les écrits apostoliques. — Ils ne contiennent pas une liste otlicielle des livres de l’Ancien Testament, que Jésus-Christ aurait présentés à 1 Eglise comme divins et inspirés. Mais ils citent fréquemment, soit d’après le texte hébreu, soit d après la version des Septante, la sainte Ecriture, la plupart des livres protocanoniques et des passages empruntés aux deutérocanoniques. Stier a recueilli jusqu’aux moindres allusions. Die Apocryphen, Vert/ieidigung iltres altgebrachten Auscnlusses an die liibel, Brunswick, 1853. Blekk a examiné de plus près ces emprunts aux deutérocanoniques et les a reproduits dans le texte grec. Ueberdie Stelluiig der Apokrrphen des Alten Testamentes im rhristliclten Kanon, dans les Theologische Studien und Kritiken, 1853, t. XXVI, p. 337-849. Il faut noter les citations de la Sagesse, Matth., xxvii, 89-42 ; I Pet., i, 6, 7 ; Eph., VI, 18-17 ; Ileb., i, 3 ; llom., i, 20-82 ; IX, 21, et de H Mach., vi, 18-vii, 42 ; Ileb., xi, 34, 35, des deux seuls livres de l’Ancien Testament (jui aient été composés en grec. Les écrivains du Nouveau Testament se servaient donc de la Bible des Septante et ont canonisé, par l’usage qu’ils en ont fait, les deutérocanonicpies de l’Ancien Testament. b) Les Pères apostoliques. — Les jn-cmiers écrivains ecclésiastiques, les plus rapprochés des temps apostoliques, ont employé la Bible grecque, qu’ils