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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/255

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CERTITUDE

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la motilitc qui résument la vie animale et sont également indispensables à l’homme et au singe.

L’intelligence est une, simple, et elle ne saurait émerger du cerveau composé et nmltiple. La sensibilité, qui est à la fois une et multiple, leur sert de lien : c’est elle qui est fonction de l’écorce cérébrale et constitue le stihsfrafiim de l’esprit. Nous pensons sans org-ane, comme disait Aristote, jnais non sans Images. Et ces images nous sont abondamment servies par la sensibilité.

Le cerveau nous est nécessaire, indispensable : il conditionne médiatement l’exercice de la pensée, mais il n’est pas l’organe de l’intelligence, il n’est qn’un instrument à son service.

Les faits cliniques le démontrent, l’intelligence ne dépend absolument d’aucun centre particulier, d’aucun lobe du cerveau, elle n’est ni localisée ni localisable. Les savants, éclairés par les réalités vivantes, arrivent à le reconnaître. Le professeur matérialiste Labordk écrivait dès iSg-i qu’on ne saurait admettre la localisation en foyer de toute fonction psychicpie ou intellectuelle, volonté ou idéation. Plus tard le professeur Pitres déclarait nettement que c’est courir ajjrès une chimère, que de rechercher le siège de l’intelligence, du jugement et de la volonté. En 1900, le célèbre Hitzig ne voyait qu’une pure hypothèse dans la localisation de l’intelligence rêvée par Flechsig. Et le professeur Monakow déclarait insoutenable la doctrine qui place les fonctions supérieures de l’entendement dans des foyers corticaux limités. Nous nous en tenons au témoignage de ces maîtres autorisés, et nous laissons au lecteur le soin de conclure.

L’âme, en tant cjue principe d’intelligence, n’est pas une fonction du corps, n’a pas de siège organique, cérébral ; et elle n’est pas XocvvisaXAe, parce qu’elle est spirituelle.

Bibliographie. — Gall, Anatoinie et physiologie du système nerveux en général et du cerveau en particulier, 1810-1819 ; Flourens, Becherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux, 18^2, De l’instinct et de l’intelligence. De la yie et de l intelligence ; Longet,.inatomie et physiologie du système nerveux, 1842 ; Lasègue, Les cérébraux, Etudes médicales ; FouTiiié, Recherches expérimentales sur le fonctionnement du cerveau ; Topinard, L’Anthropologie, 1877, Eléments d’anthropologie générale, 1885 ; Charllon Bastian, Le cerveau et la pensée ; Maudsley, Ze crime et la folie ; Laborde, Traité élémentaire de physiologie, 1892 ; Francotte, Anthropologie criminelle, 1891 ; Grarnsel, Localisations dans les maladies cérébrales, Limites de la biologie ; Farges, Le cerveau, l âme et les facultés ; Binet, Etude expérimentale de Vintelligence ; Baltus, Ze cerveau ; Sirot, Ame et cerveau ; Pierre "hiiarïe. Semaine médicale, ’2^ mai 190O, 1^ oct. i^o6, 28no.i^o(j, Revue de philosophie, mars 190 ; ^.

Auteurs matérialistes : Béchird, Physiologie ; Beaunis, Eléments de physiologie ; Luys, Le cerveau et ses fonctions ; Lombroso, L’homme criminel ; Sergi, Psychologie physiologique ; Wundt, Physiologie psychologique ; Ferrière, La vie et lame ; Herzen, Le cerveau et l’activité cérébrale ; Debierre, La moelle épinière et l encéphale.

Siu’l)led : Le cerveau, 1890 ; Le problème cérébral, iS()2 ; Eléments de psychologie, 189^ ; Spiritualisme et Spiritisme ; La doctrine des localisations cérébrales ; L’intelligence et les lobes frontaux ; La vie affective ; La conscience ; La folie ; L.e sommeil ; Le rêve ; La raison ; L’âme et le cerveau ; Le sous-moi, 1908 ; Articles aux Etudes, à la Science catholique, à la Pensée contemporaine, 1891-1909.

D’G. SCRBLED.


CERTITUDE. —
I. Nature. — II. Existence. — lU. Espèces. — IV. Causes de l’erreur. — V. Enseignement de l’Eglise.

I. Nature. — 1) Position de la question. — La certitude est l’un des états de l’esprit par rapport à la vérité. Tandis que l’ignorance ne se pose même pas de question, que le doute cherche sans trouver (doute négatif) ou du moins n’ose trancher (doute positif), que l’opinion incline d’un côté sans être pleinement satisfaite, la certitude met fin à l’enquête et se repose dans la possession de ce qu’elle tient pour la vérité. Qu’un tel état se rencontre, qu’il soit même très fréquent et comme naturel à l’homme, c’est un fait, que personne ne songe à contester.

Mais il arrive souvent qu’après avoir goûté ce repos sur un point, quelqu’un s’aperçoive (soit de lui-même, soit à l’aide d’un autre) qu’il « se trompait » ; que là où il croyait avoir la vérité^ il avait une fausseté, il était dans l’erreur. Dès lors une question se pose : y a-t-il des certitudes pour lesquelles on n’ait pas à redouter cette mésaventure, qui non seulement résistent aux objections faites, mais qui ne craignent aucune objection possible ? en d’autres termes, y a-t-il un signe, un critère, permettant de reconnaître la vérité ? On le voit, la question de la certitude ne se pose qu’à propos de certitudes contrôlées, justifiées, légitimées et par suite inamissibles.

2) Certitude et vérité. — La question de la certitude engage celle de la vérité, puisqu’il s’agit de reconnaître la vérité pour s’y reposer à l’aise. Qu’estce donc que la vérité ? (il s’agit de la vérité logique, ou de la connaissance, non de la vérité ontologique, ou des choses en tant qu’elles sont conformes à leurs modèles, ni de la vérité morale, ou du langage, opposée au mensonge). Le bon sens ^"lllgaire répond : une connaissance est vraie quand elle est conforme à la réalité ; de là la vieille formule : Veritas est adæquatio rei et intellectus. Il s’agit bien d’une réalité extérieure (extérieure au sujet pensant, ou tout au moins à l’acte même de connaissance ; toute connaissance humaine suppose une dualité primordiale, irréductible, de sujet et d’objet : celui qui connaît, connaît qtielque chose, comme disait Aristote) ; nous n’avons nul besoin de recourir, pour définir la vérité, à « l’accord de l’esprit avec lui-même » ou à « la fécondité d’une doctrine au point de vue de la pratique » ; ceux qui définissent ainsi la vérité (idéalistes, pragmatistes) ne le font que parce que leur philosol )hie, sans motif valable, enlève tout sens à la formule traditionnelle.

Mais, et ceci est capital, la vérité ne se trouve pas, à parler strictement, dans tout acte de connaissance. La perception, l’appréhension (sensible ou intellectuelle), véritable regard qui atteint immédiatement l’objet (objet concret, ou bien note abstraite), l’atteint, lui, et non un autre, ni autrement qu’il n’est ; elle ne comporte donc ni conformité, ni difformité puisqu’il n’y a rien de « formé « dans le champ de la vision ; l’idée ou concept, fruit de la connaissance, n’est pas directement connue, et par conséquent sa conformité à l’objet n’est lias à considérer ici. Mais dans le jugement, resjirit exprime le contenu de sa perception dans une synthèse qu’il maintient sous son regard, il aflirme cjn’à tel objet appartient ou non tel caractère ; là il y a vérité ou erreur, selon qu’en réalité l’objet est ou n’est pas comme on le dit.

3) Le scepticisme. — Le scepticisme se dresse à l’entrée même de la question de la certitude pour décourager d’avance tout effort : est-il possi ble, demandet-il, que nous arrivions au plein repos dans la possession d’une vérité quelconque ? Remarquons d’abord qu’il ne peut se proposer que sous une forme intei"-