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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/274

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CIEL

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et du faux. Chaque texte est à contrôler. — 7. T’-choent’sieoii, la Chronique de Lou par Confucius. Traité de machiavélisme (voyez l’article Confucius), rendu intelligible par les trois commentaires suivants. — 8. Tsotio-tcJioan, les Récits de Tsouo-k-iou-ming-, qui fut probablement disciple de Confucius. Livre intact, de la plus haute valeur. — 9. Koiig-Yang-tchoan, les Récits de Kong-yang-Kao. autre commentaire postérieur. — 10. Kou-leang-tchoaiu les Récits de Kouleang-t’che, autre commentaire postérieur. — 11. Iliaokinge le Traité de la piété filiale, opuscule attribué à Confucius, qui n’en fut certainement pas l’auteur. — 1 2. Lucn-yu, Discours et propos, collection de sentences détachées, attribuées à Confucius et à ses principaux disciples, réunies par leurs élèves. On les suppose authentiques. Ce livre est la source principale, poiu* tout ce qui concerne la personne de Confucius et ses idées ;

I. c. v. — 13. Mong-tse, le Livre de Mong-k’o, Mencius, écrit au commencement du m’siècle avant J.-C. Développe au long les principes confucianistes. Intact et authentique. Livre de haute valeur, et pour son contenu, et à cause de la beauté de son style ; 1. c. v.

— 14. Enl-ya, petit Lexique de terminologie et de classification ancienne, attribué à Tse-hia, disciple de Confucius. Il est douteux qu’il en ait été l’auteur.

— Les numéros’j et 8 de cette liste sont réunis en un, dans la collection des Clie-san-king, treize livres canoniques. — Après les canoniques. Aient le manuel des écoles Se-chou, les quatre Livres dits Classiques, que tous les écoliers chinois apprennent par cœur. Il contient les Discours et propos, et le Livre de Mencius (ci-dessus 12 et 13), plus deux chapitres tirés du Li-ki (ci-dessus 6), à savoir : Ta-hiao ; la Grande étude du gouvernement patriarcal, texte de Confucius, développement par son disciple Tseng-tse ; et Tchong-jong, le juste milieu, traité de l’opportunisme confucianiste, par Tse-se, le petit-fils du Maître. Les Lettrés protestent contre l’appellatif Quatre Livres donné à cette collection par les Européens. Ils afiirment que le titre signifie Livres des quatre Maîtres, Confucius, Mencius, Tseng-tse et Tse-se. Ils divisenl de fait le recueil en sept volumes, pas en quatre. — J. Legge a traduit en anglais les numéros i, 2, 3, 6, 7, 8, et les Se-chou en entier. A. Zottoli S. J. a traduit en latin les numéros 2, 3, et les Se-chou en entier ; les numéros i et 6 en partie. S. Couvreur S. J. a traduit en français-latin les numéros 2, 3, 6, et les Se-chou en entier. Ed. Biot a traduit en français le Tcheou-li.

Léon WiEGER S. J.


CIEL. —
I. Le ciel séjour spécial des bienheureux— U. Prétendues erreurs de la théologie catholique sur la constitution du ciel.

Dans le langage biblique, le mot ciel, Samarim, de la racine Sâmâh, « être élevé », désigne, au sens propre, les régions ultra-terrestres, le firmament étoile (Gen., i, 1). Mais ce terme est aussi employé fréquemment pour exprimer, dans un sens exclusivement théologiqiie, le séjour spécial de Jahveli et de ses anges (Gen., xi, 5 ; Ps., xi, 4 ; Job., i, 6). Voir, sur l’acception biblique de ce terme, Cremer, art. LLimmel, dans Liealencyclopàdie fur protestantische Théologie, 3’édit., Leipzig, 1900, t. VIII, p. 80. L’idée d’un séjour particulier des esprits supérieurs et de la divinité se retrouve d’ailleurs chez les peuples polythéistes de l’antiquité. Cf. ARisTOTE, Z)ecrte/o,

II, 3 ; De viundo, 2, édit. Didot, t. II, p. 392.

C’est en ce sens que le mot ciel est entré dans l’usage de l’Eglise pour désigner le lieu où les saints et les anges jouissent en commun de la vision de Dieu. La question de la vision intuitive de Dieu jiar

les élus dans le ciel se rattache exclusivement à la dogmatique et à la controverse ; mais la croyance de l’Eglise à l’existence d’un séjour spécialement réservé aux bienheureux a été tout à la fois rejetée par les protestants et dénaturée par les rationalistes : c’est à ce double point de vue qu’elle intéresse l’apologétique.

I. — En détruisant le dogme de la communion des saints et la notion même de l’Eglise, Luther était amené logiquement à faire l’application de ses théories individualistes à la vie future et à rejeter toute idée de vie commune, tout lien social entre les élus. Dès lors la félicité éternelle n’implique aucune communauté de séjour dans l’infini des espaces. « Cherche qui voudra si les bienheureux iront Aoleter dans les cieux ou sur la terre… Là où sera Dieu, seront aussi les élus.)’(Commentaire sur la Ll’^ Epître de saint Pierre, Opéra, édit. de Wittemberg, t. V, p. 353.) Les conclusions de cette doctrine ont été formulées aussitôt par les ubicquistes et défendues a^ec passion par Brextz : « Le ciel ne peut exister qu’à la condition de comprendre l’enfer ; dans le royaume des cieux se trouvent Satan et ses anges, les impies et les païens. » Cf. Werner, Geschichte der Apologetik, * Vienne, 1865, t. IV, p. 624, 656.

Le protestantisme libéral, envisageant la question au point de vue purement philologique, se flatte d’établir que l’idée catholique du ciel est une conception scolastique, tout à fait en dehors des croyances de la primitiv.e Eglise. Cf. Wabxitz, art. Ciel, dans YEncyclopédie des sciences religieuses, Paris, 1878, t. m’, p. 182.

Bien qu’elle n’ait jamais été l’objet d’une définition formelle, la doctrine catholique sur le ciel se trouve nettement contenue dans divers documents dogmatitjues dont l’interprétation ne saurait être douteuse. Il suflit de recourir soit à la confession de foi proposée pai’Clément IV à Michel Paléologue, en 1267, et reçue par Grégoire X, en 1274 ; au II concile œcuménique de Lyon, soit à la bulle d’EuGÈNE l, Lætentur cæli, soit aux professions de foi prescrites aux Grecs par Grégoire XIII, aux Orientaux par Urbain VIII et Benoit XIV, soit à la co-nstitution Benedictus Deus de Benoit XII en 1336. pour y trouver l’atTu-mation explicite de la doctrine traditionnelle, telle qu’on la retrouve exposée dans ses lignes essentielles par le symbole alexandrin, dès les origines de l’Eglise. C’est la conception d’une société monarchiquement organisée au delà de cette terre, réservée aux seuls élus, et c[u’un seul mot résume : le royaume des cieux. Cf. Denzinger, Enchiridion, n. 464 (387), 693 (588, 870, 875), 530 (456).

C’est exactement la doctrine promulguée dans le Nouveau Testament, où le ciel apparaît comme une demeure, Mt., xxix, 30 ; Col., iii, i ; la demeure du Christ et de ses anges. Lc, 11, 15 ; Eph., i, 21 ; le rendez-vous de ses élus, Lc, x, 20 ; Jo., xia’, 2-3 ; I Thess., IV, 17 ; notre demeure de gloire, II Cor., a-, 1-2 ; la patrie des saints, Heb., xi, 16 ; l’éclatante Jérusalem, la cité sainte, Apoc, xxi, 2-10 ; xxii, 5. Cette conception, d’ailleurs, il importe de le remarquer, n’était point nouvclle ; on la retrouve en maints endroits dans Philon d’Alexandrie. De præmio et poena, 6, Opéra, édit. Mangey, Londres, 1742, t. II, 414 ; ^e profugis, 12, ibid., p. 575 ; dans Josèphe, qui rappelle d’un mot à ses soldats le yfipo^ où&avîù, comme la récompense ambitionnée par tous. De bello Judaico, 1. III, c. aiii, n. 5 (édit. Didot, Paris, 1865, p. 170). Elle était si populaire que les apocryphes se sont plu à l’embellir de toutes les couleurs de l’imagination comme le plus enchanteur des séjours. Cf. Stapfer, Les idées religieuses en Palestine à l’époque