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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/275

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CIEL

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de Jésus-Christ, Paris, 1886, p. 136 sq., Re^-ue des études juives, Paris, 1892, t. XXV, p. 4Rien de plus familier aux Pères apostoliques que cette pensée du ciel envisagé comme un séjour permanent, comme l’éternelle et commune demeure des élus. L’Epitre de Barnabe, xis., 1, désigne expressément le ciel comme le lieu spécialement réservé aux justes, -rèv iipiT/jiivw zd-ov^ Clément de Rome, comme la patrie des saints, xôipo. ! iOTcsiv, I Cor., l, 3, comme la place assignée aux justes pour l’éternité, XLiv, 16 (Funk, Patres apostolici, Tubingue, 1883, t. I, p. 52, 124, 116). On sait assez les détails de la Vision du Pasteur dTlERMAS : le ciel est le lieu où sont réunis les anges et où habiteront les hommes avec le Fils de Dieu. F/*., 11, 7 ;.S// « //., ix, 2^, 4 (Funk, p. 542. 548). Igx.vce d’Antioche aspire « à monter vers Dieu dans le lieu préparé ». Ad Boni., 11, 2 (Funk, p. 21 4). Saint PoLYCARPE exprime le même désir ; il entrevoit la place réservée aux martyrs auprès du Seigneur. Ad Pitil., ix, a (Funk, ib., p. 2’j6). Enfin VEpître à Diognéte, vi, 8, vii, 2, x, 2, décrit en traits expressifs « le lieu céleste de la récompense incorruptible, séjour de la divinité et du Christ et royaume des élus)) (Funk, ibid., p. Sao, 320).

Brextz et, après lui, quelqvies critiques modernes se réfèrent vainement aux textes de saint Justin où il est expressément déclaré que l’àme ne monte pas au ciel après la mort. Dial. cum Tryp/i., 80, P. G., t. VI, col. 616. Mais il faut entendre, d’après le texte et le contexte, immédiatement après la mort, c/ay. rôj

« Tcô-^rl^x-iv. Saint Justin, en de nombreux passages, 

nous montre (> par delà les mondes, plus haut que le fii’mament, le séjour de la félicité commune ». Apol., II, I ; Dial. cum Tryph., 56 ; cf. r.tpl Kjy.^-zd-s-^.iz, j, ibid., 441. 612, 1589. Il ne s"agit, dans le texte allégué, que du délai de la récompense, la gloire du ciel étant conditionnée, poiu" saint Justin, par la résurrection.

L’enseignement de saint Irénée n’est pas moins exiJlicite, Cont. Jiær., 1. V, c. xxvi, n. i ; c. xxxv. n. 2, P. 6’., t. VII, col. II 22, 1220, et son discii)le HiP-VOLYTE nous représente, rassemblés, dans le ciel où est monté Jésus-Christ, les prophètes, les martyrs et les apôtres devant la face de Dieu. Serm. in Elcanam et Annain ; De Antichristu, 31, 59 (édit. Bonwetsch et Achelis, Die grieckischen christlichen Scltriftsteller, Leipzig. 1897, t. I, p. 20, ’5g, 122).

La synthèse de ces données traditionnelles, délinilivement établie par l’école eatéchétique d’Alexandrie, ne laisse subsister aucun doute sur la pensée de l’Eglise primitive. Reprenant la description de la

« patrie d’en haut » si souvent retracée par Clément

d’Alexandrie, Coh. ad gent., c. i et 9, Pæd., 11, 12 ; Stroni., VII, 2, P. G., t. VIII, col. 60, igS, 408, t. IX, col. 608, Origène commence à soumettre la croyance chrétienne à l’analyse et aux spéculations philosophiques et se demande où est fixé, dans l’univers, le ciel des élus. Tout en formulant l’hjpothèse que le séjour des bienheureux pourrait bien n’être pas en dehors du zoVwî ; , tout en étant distinct du firmament ou ciel étoile, il reconnaît que la philosophie est impuissante à résoudre ces problèmes. Deux points seulement sont acquis pour le chrétien : le ciel est un monde ulira-terreslre réservé aux élus, et la constitution des corps glorieux sera en harmonie avec les conditions de ce séjour éthéré. Cont. Ceisuni, vii, 31 ; III, 42 ; De princ., 1. II, c. iii, n. 6, P. G., t. XI, col. g-3, 19Ô, 1405. Cf. Koetschau, Origenes tl’erke, Leipzig, 1899, t. I, p. 182, 240.

Développée en de magnifuiues images par le génie de Tertuli-ikn, De anima, bb ; De resurr. carn., [’i ; Ap., 47, P. /… t. II, cr)l. 742-744. 856, t. I, 520 ; cf. d’Alès, Art Théologie de Tertullirn, Paris, 1900, p. 281, 446-448, en traits enflammés parla foi ardente

de saint Cyprien, Ad Fortunatum de exhortations martyrii, c. 12, 13 ; Liber ad Demetrian., c. 25, P. L., t. IV, col. 676, 563 ; édit. Hartel, dans Corpus Scriptor. eccles. latin.. Vienne. 1868, t. I, p. 345-347, 370, cette pensée du ciel fut toujours le soutien le plus puissant, l’indestructible consolation des martjrs. Il n’en est pas qui revienne plus fréquemment ni plus vivement dans leurs Actes ou Passions. La célèbre vision de Satur dans la Passio SS. Perpetuæ et Felicitatis, n. 11, cf. Pillet, Les martyrs d Afrique, Lille, 1885, p. 274, 284 ; Franchi de Cavalieri, La Passio.s"5. Perp. et Felicit., dans Bomische Quartalschr. fiir christl. Altertumskunde und f’iir Kircliengeschichte, Rome, 1896, p. 126-132, l’entretien de Victor avec le Seigneur dans la Passio SS. Montani, Lucii el alior. mart. african., c. 7, Ruinart, -^c/rt/Jr/7Hor., mart., Amsterdam, 171 3, p. 237, sont les témoignantes les plus expressifs de cette commune croyance dont les découvertes épigraphiques du siècle dernier ont si merveilleusement mis en relief le caractère dogmatique et populaire. Presque toutes les pierres sépulcrales des catacombes renferment, dans la brièveté de leurs formules, l’affirmation de la foi et des espérances de tous, la pensée suprême de ce séjoui* ultra-terrestre où les justes seront réunis au Christ et à Dieu, dans le « lieu du rafraîchissement », « avec les saints », « dans la demeure éternelle », « au royaume céleste ». Cf. Mar-TiGNY, Dictionn. des antirjuilés chrétiennes, Paris, 1899, p. 690-691 ; Kraus, Jleal-Encyclopddie der christl. Alterthiimer, Fribourg-en-Brisgau, 1886, t. II, col. 684 ; Marugghi, Eléments d’archéol. chrét., Paris, 1889, t. 1, p. 188 ; WoLTER, Die rômischen Katakomben und ihre Bedeutung fiir hathol. Lehre von der Kirche, Francfort, 1886, p. 279 ; et spécialement Kaufmann, Die sepulcralen Jenseitsdenkmâler der Antike und TJrchristentums, Mayencc, 1900, p. 65 sqq. Le vol de la colombe, dans les monuments iconographiques des premiers siècles, l’orante entourée de colombes ou prenant son essor vers le ciel étoile, accueillie pai" les anges et par les bienheureux, et bien d’autres symboles (cf. Krals, op. cit., t. II, p. 615 sq. ; Gar^ Rucci, Storia dell’arte cristiana nei primi otto secoli, Rome, 1873-1881, t. II. p. 35, 98 ; Stuhlfautu, Die Engel in der allchristlichen Kunst, Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 203 s(j. ; Kaufmanx, op. cit., p. 124-140), sont l’expression figurée de cette croyance qui pénètre l’intime de la vie chrétienne et dont la liturgie catholique, dans tous ses rites, a conservé religieusement les antiques formules. Le ciel est « le séjour commun de la félicité », Missal. roman., Oratio pro defuncio sacerdote, à la messe des défunts ; le « lieu du repos, de la lumière et de la paix », ibid., au canon ; le « lieu où sont assemblés les anges et les élus dans l’éclat de la gloire », L.iturgia S. Chrysost., Renaudot, Liturgiarum orientalium collectio, Paris, 1715, t. ii, p. 29 ; le « séjour où nous monterons après le Christ », Sacramentariiim Gallicanum, Mlratori, Liturgia romana yetus, Venise. 1748, t. 11, col. 595, et les innombrables témoignages attestant que le ciel est l’exchisive demeure des élus, la patrie ultraterrestre où ne sont admis que les saints sous la conduite des anges. (]f. Magistratti, f.a liturgia Amhrosiana, Milan, 1899, t. I, p. 194 ; Dom Ferotin, Le Liber Ordinum en usage dans l’Eglise wisigothique et mozarabe d’Lïspagne du ve au xi’siècle, dans Monumenta Ecclesiæ iiturgica de Dom Cabrol et Dom Leclercq, t. V, Paris, 1904. col. m ; Pro » st, Die antiochenische Messe, dans Zeitschrift fiir kalhol. Théologie, Insi >ruck, 1883, t. VIL p. 294-296.

On s’explique aisément que Luther, dont le bagage tlic()logi<pie était d’ailleurs fort léger, n’ait donné qu’uiu ! attention distraite aux rares textes anlénicéens connus de son temps. Cf. IL Denifle, Luther