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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/313

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CONCILES

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Notre-Seigneur avait formellement promis, Matth., xvui, 20, son assistance à ses disciples, lorsqu’ils seraient réunis en son noui, par son autorité et pour sa gloire. Le souvenir de cette divine parole semble avoir, dès les premiers jours du christianisme, influé sur la manière de régler les affaires d’une gravité exceptionnelle : c’est devant l’assemblée de ses frères que Pierre propose et dirige. Je/., i. la désignation d’un remplaçant du traître Judas ; ce sont les « douze » qui, d’un commun accord, demandent à la communauté destidèles, ibid., vi, l’élection des sept diacres ; plus signiflcative encore la réunion de Jérusalem. ibid., XV, provoquée expressément en vue de trancher un débat aussi irritant que dangereux, et le tranchant en effet par un décret d’une portée capitale pour l’avenir de l’Eglise. La série des conciles semblait ainsi ouverte par les apôtres mêmes. D’ailleurs, étant donnée la constitution sociale de l’Eglise, le cours naturel des choses et la droite raison indiquaient assez, pour bien des cas, l’opportunité de délibérations et de résolutions communes. Il est donc parfaitement superflu de recourir ici, avec Hatch, à l’exemple des concilia civilia des Romains ; rien ne prouve qu’il y ait eu influence de ce côté. Encore moins pourrait-on imaginer pour les conciles ecclésiastiques une dépendance quelconque à l’égard de ces réunions des docteurs bouddhiques que l’on a récemment décorées du nom de « conciles » : comme l’a très bien démontré M. Aiken (Bouddhisme et christianisme, trad. Collin, p. 308). « c’est en vain que nous cherchons la moindre trace du bouddhisme en Egypte, en Grèce et en Palestine », à l’époque des origines du christianisme.

Après les apôtres, l’histoire mentionne des conciles à partir du ii’siècle ; il s’en tint dés lors en Orient, qui eurent pour objet les erreurs du montanisme et la controverse pascale. Au siècle suivant, Firmiliex, évêque de Césarée de Cappadoce, atteste que, dans son pays, des conciles se réunissent tous les ans. Même en pleine période des j)ersécutions. nous relevons, à Cartilage, vers 220, à Synnada et à Iconium, vers 230. à Antioche, de 264 à 269, des conciles où se rencontrent des évêques de plusieurs provinces. Dès que la paix eut été donnée à l’Eglise, au début du ive siècle, les assemblées conciliaires se multiplièrent en Occident et en Orient, spécialement pour aviser aux moyens de relever les ruines accumulées. A cette époque appartiennent les conciles d’Elvire, entre 300 et 306, d’Arles et d’Ancyre, en 314, d’Alexandrie, en 320, de Néocésarée, vers la même date. Ils préparèrent la voie au premier concile œcuménique, dont l’arianisme allait bientôt amener la convocation. Les Pères de Nicée parlent des conciles provinciaux comme d’une institution passée en coutume, et ils prennent soin d’en fixer pour l’avenir les dates périodiques (deux fois par an) et de désigner les objets qui devront y être traités. De fait, ces conciles ne s’occupaient pas seulement des questions doctrinales, mais, par des règlements disciplinaires et des sentences judiciaires, pénales ou autres, ils exerçaient une sorte de haute direction sur les différents diocèses. Cf. Bknoit XIV, De svnod. dioec, 1. I, c. VI : FuNk, Hist. de l’Eglise, trad. Hemmer, t.Lp.89.

3" Nécessité relative. — Très utiles en général à la foi et à la discipline du corps ecclésiastique, les assemblées conciliaires peuvent devenir, dans certaines circonstances, un moyen indispensable pour assurer ellicacement la répression des erreurs ou des abus, le triomphe du droit et de la vérité. Il arrive parfois qu’en fait l’autorité légitime et souveraine du pape soit méconnue, au moins pratiquement, qu’elle ne parvienne donc pas à elle seule à réaliser l’unité

de croyance et la rectitude d’action qui constituent son but propre. Historiquement, les conciles œcuméniques prennent presque tous place dans des temps et des milieux particulièrement troublés, à des moments où les droits du pouvoir central sont moins respectés et ses avertissements moins écoutés, où les esprits sont travaillés par des ferments de révolte qui rendent leur obéissance plus difficile et plus problématique. Si, dans des conjonctures semblables, les évêques du monde entier ont été appelés à délibérer et à statuer d’un commun accord avec le pasteur suprême, chacun d’eux acceptera plus facilement, plus joyeusement, des décisions qui seront en partie son œuvre et dont il aura mieux pénétré les raisons ; il les prendra plus sûrement etplusvivementàcœur, il les appliquera plus sagement, il les publiera, les exécutera et les recommandera plus ardemment ; et tous les fidèles, même ceux auxquels ces décisions déplairaient d’ailleurs, ne manqueront pas d’être plus profondément impressionnés par des enseignements ou des préceptes émanant de ce corps vénérable et sage qu’est l’épiscopat catholique. Que s’il s’agit spécialement de décrets disciplinaires, on comprend encore mieux le rôle important, et jusqu’à un certain point nécessaire, que joueront dans leur préparation et leur rédaction les évêques des différentes contrées. Qui, en effet, pourrait aussi bien qu’eux renseigner sur les besoins divers de leurs diocèses, sur les abus à éliminer, sur les mesures et les remèdes qui, adaptés au tempérament et aux usages locaux, ont plus que d’autres chance d’être efficaces ? A tous ces points de vue, un concile apparaîtra quelquefois non seulement comme le moyen le mieux approprié, mais comme le seul approprié au but à poursuivre. Dans ce sens, nous disons que les conciles œcuméniques peuvent être nécessaires d’une nécessité relative et contingente, d’une nécessité non pas fondée immédiatement sur la constitution organique de l’Eglise, mais résultant de l’obligation qui s’impose à l’Eglise elle-même, qui s’impose donc aussi aux papes, de tendre, dans chaque cas, à la sauvegarde de la vérité et à la réalisation du bien par le chemin le plus sur ou le plus court. Cf. Palmieri, De Rom. Pontifice, part. II, cap. ii, thesi ig ; M.zzella, De Religione et Ecclesia, disp. v, art. 5.

V. Résultats des conciles œcuméniques. — Pour bien montrer comment les conciles (jccuméniques ont en somme produit les plus heureux fruits, il faudrait retracer leur histoire et, en même temps, l’histoire des erreurs qu’ils ont condamnées, des controverses et des abus auxquels ils ont mis fin, des réformes et des lois qu’ils ont élaborées. Nous ne pouvons que donner, sur l’occasion et le rôle de chacun d’eux, quelques brèves indications. Nous en comptons dix-neuf, comme on fait généraleuient.

ï° Le concile de Nicée, en 325. définit contre Arius la consubstantialité du Verbe. Le symbole composé à cette occasion proclame, dans sa première partie, que le Fils est « vrai Dieu, engendré et non créé et de même substance que le Père (bii.’-.’yj-no- rii T.curpi) » ; dans une seconde partie, il frappe d’anathème les principaux points de la doctrine arienne, savoir : que le Fils acte fait de rien dans le temps, qu’il cstd’une autre substance ou nature que le Père, etc. Le concile sanctionne en outre les privilèges des trois grands sièges patriarcaux de Rome, d’Alexandrie et d’Antioche ; il se prononce pour l’invalidité et la réitération éventuelle du baptême et de l’ordination reçus dans la secte des Paulianistes ; enfin, il étend à toute la catholicité la coutume de l’Eglise romaine quant à la date de la célébration de la fêle de Pâques,

20 Le I’"' concile de Constantinople, en 381, coui-