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détruite, même celle du monde sensible, puisque l’induction ne peut être fondée.

Les principes premiers qui fondent tout raisonnement sont enfin immédiatement perçus dans l’être, objet premier de l’intuition-abstractive de l’intelligence.

« hitellectus iiatitraliter cognoscit exs et ea

QUAK suxT PKR SE KXTis, iii quantiiiH hujitsinodi, in qua cognitione fundatiir primorlm prixcipiorum notitia (S. Thomas, C. Geutes, 1. II, c. 83. § 62). — L’enfant n’a pas besoin qu’un maître lui apprenne les principes d’identité, de contradiction, de substance, de raison d’être, de causalité, de finalité. A propos de tout, il cherche la cause et nous fatijrue de ses pourquoi ; si même il ne possédait pas ces principes, comme le dit Aristote (Pos/. AnuL, 1. L c. 1). l’action du maître sur lui ne serait pas possible ; tout enseignement suppose dans le disciple une connaissance X)réalable.

3 « L’intuition des premiers principes. Ils sont perçus dans l’être, objet formel de l’intelligence. Le principe suprême (principe d’identité) fondement éloigné de toute preuve de l’existence de Dieu. — Affirmer la valeur objective de ce principe suprême, c’est être amené à admettre l’existence du Dieu transcendant, en tout et pour tout identique à lui-même. Tout panthéisme évolutionniste doit mettre la contradiction au principe de tout. — Ces principes, que l’intelligence spontanée perçoit dans ïctre, la raison philosophique les rattache analytiquement à Vétre. Il nous faut exposer ce rattachement, ce sera la réponse aux objections des empiristes et de Kant contre la nécessité et la valeur objective des principes de raison d’être et de causalité. L’examen des principes de substance et de linalité nous permettra de nous débarrasser aussi d’une foule de diflicultés qui compliquerait à l’excès l’exposé de chacune des preuves de l’existence de Dieu.

L’intelligence spontanée perçoit d’abord dans l’être la vérité du principe d’identité et du principe de non-contradicti n. « Illud quod primo cadit in apprehenaionem est ens, aujus intellectus incliiditur in omnibus qnæciimque quis apprehendit. Et ideo primum principium indemonstrabile est quod « non est simul uf/irmare et negure », quod fundatur supra rationem entis et non entis : et super hoc principio omnia alia fundantur, ut dicit Philosophus in IV Met. (lect. 6.) » (S. Thomas, Summa Theof., I » 1I=> « , q. 9^, a. 2). On ne l’a pas assez remarqué, établir nettement la nécessité et l’objectivité du principe d’identité, c’est établir le fondement éloigné de toute preuve de l’existence de Dieu, qui est l’Etre même subsistant, Ipsum esse subsistens. Montrer que la loi fondamentale de la pensée et du réel est le principe d’identité, c’est être amené à conclure que la réalité fondamentale, r.A.bsolu, est en tout et pour tout identique à lui-mèaie, Ipsum esse, acte pur, et par là nécessairement distinct du monde composé et changeant.

C’est le principe de réfutation de toutes les erreurs empiristes et subjectivistes. Il importe donc de traiter assez longuement du principe suprême.

Dans la leçon G* sur le IV’livre de la Métaphysique, S. Thomas prouve qu’il doit y avoir un principe suprême, en comparant les deux premières opérations de l’esprit, conception et jugement. On ne remonte pas à l’inûni dans la série des concepts, l’analyse des concepts les plus compréhensifs nous conduit par degrés à un premier concept, le plus simple et le plus universel de tous, le concept d’être, ce qui est ou peut être. Sans cette toute première idée, impliquée dans toutes les autres, l’intelligence ne peut rien concevoir. S’il y a un iiremier dans la

série des concepts, il doit en être de même dans la série des jugements ; et le premier jugement, le plus simple et le plus universel, doit dépendre de la première idée, il doit avoir pour sujet Vétre et pour prédicat ce qui convient premièrement à l’être. Quelle en sera la formule exacte ? Aristote dit : « Un même être ne peut pas être et ne pas être en même temps et sous le même rapport », plus simplement « Ce qui est n’est pas ce qui n’est pas ». Mais toute négation étant en soi fondée siu- une aflirmalion, le principe suprême doit aflirmer positivement ce qui convient premièrement à 1 être, modum generalifer consequentem omne ens. D’autre part, ce premier jugement ne peut être une pure tautologie ; si l’adjonction du prédicat ne manifeste à l’esprit rien de nouveau sur le sujet, elle est absolument vaine. Le principe suprême doit, comme tout jugement allirmatif, exprimer par le verbe être une identité réelle sous la diversité logique du sujet et du prédicat. Si donc le sujet de ce principe suprême est l’être, le prédicat doit désigner une modalité positif e, qui n’est pas exprimée par le nom même de l’être, mais qui convient premièrement à l’être et à tout être. « Ce mode positif qui peut être allirmé de tout être, dit S. Thomas, c’est qu’il est quelque chose de déterminé, d’une nature déterminée qui le constitue en propre ; il est une chose et non pas une autre. Le nom de chose (re.s) diffère de l’être, en ce que Vétre (ens) vise d’abord l’acte d’exister et par là ce qui existe, tandis que le nom de chose vise d’abord l’essence ou la quiddité de ce qui est » (We veritate, q. i, a. i). Le principe suprême a donc pour fornmle : « tout être est quelque chose de déterminé », ou « tout être a une nature déterminée qui le constitue en propre », ou « tout être est lui-même et non pas autre ». Cette identité ou convenance de l’être avec lui-même a pour conséquence un mode négatif, Vunité, « IS’egatio autem, quæ est consequens omne ens absolute, est indivisio ; et hanc crprimit hoc nomen uxum ; nihil enim est nliud unum quam ens indivisum » (S. Thomas, ibid.). Si en effet l’être était divisé, il n’aurait pas une nature déterminée le constituant en propre ; il serait eji même temps et sous le même rapport ce qu’il est et autre. S’il est simple, il est indivis et indivisible ; s’il est composé, il cesse d’être lorsqu’ilest divisé (S. Thomas. Summ. Theol., l^, q. 11, a. i). D’où la formule plus développée du principe suprême : « Tout être est un et le même. » C’est ce qu’on affirme plus spécialement lorsqu’on veut insister sur la distinction foncière de deux choses. Chacune reste ce qu’elle est : la chair est chair, l’esprit est esprit ; Dieu est Dieu, la créature est créature ; le bien est le bien ; le mal est le mal ; « e.s"^ est, non non », disait Notre-Seigneur. Tel est le principe d’identité. Le principe de non-contradiction en est la fornuile négative : « Ce qui est de telle nature ne peut pas ne pas être de telle nature », ou (( Un même être ne peut pas être ce qu’il est et ne pas l’être ». Le carré est une figure à quatre côtés égaux, c’est là sa nature propre, il ne peut pas ne pas l’être. L’homme est un animal raisonnable, il ne peut jjas ne pas l’être. Pierre est un individu humain, il ne peut, restant Pierre, cesser d’être un individu humain.

4 » L’objection anti-intellectualiste contre le principe de non-contradiction. — Solution par le concept de puissance, qui sera impliqué dans toutes les preuves de Dieu.— Ce premier principe, sous ses deux fornuiles atlirniative et négative, n’est pas une tautologie, il existe même une philosophie qvii en nie la vérité et conséquemment rejette toutes les preuves rationnelles de l’existence de Dieu. Cette philosophie est celle du devenir, elle nie qu’il y ait