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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/655

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ÉGLISE (QUESTION DES NOTES)

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monde entier, mais qu’elles forment, au contraire, un grand nombre de sociétés distinctes, indépendantes, rivales même les unes des autres. Ce fait est vrai, non seulement des sectes dont la dénomination est différenle : par exemple, baptistes et méthodistes ; mais aussi des sectes dont la dénomination est identique : par exemple, les diverses communautés méthodistes. En un mot, rien ne ressemble, dans les Eglises protestantes non épiscopaliennes, à la diffusion relativement et moralement uiiiverselle de la même société visible à travers les nations.

Donc, l’application des « notes » d’apostolicité, d’unité, de catholicité permet de conclure qu’aucune des Eglises protestantes non épiscopaliennes n’est la véritable Eglise du Christ.

(, ?) Les Eglises protestantes épiscopaliennes. — /En conservant l'épiscopat, la communion anglicane et les Eglises luthériennes des pays Scandinaves sont restées plus fidèles que les autres Eglises protestantes au caractère hiérarchique de l’Eglise. Beaucoup d'évêques anglicans et d'évêques Scandinaves se considèrent (aujoiu’d'hui) comme les « successeurs y, les héritiers légitimes du pouvoir pastoral des apôtres. L’application des « notes » de l’Eglise nous permettra d’apprendre si cette prétention est justitiée.

D’abord, aupoint de vue de Vapostolicité, il serabien <Ullicile de reconnaître aux Eglises protestantes épiscopaliennes, non seulement une transmission légitime de la juridiction apostolique, mais une succession même apparente, une succession matériellement continue depuis les apôtres. En effet, pour être au moins apparente et matériellement continue, la succession exige qu'à chaque titulaire qui disparait soit substitué un autre titulaire, pour remplir le même emploi et au nom du même principe d’accession au pouvoir. C’est ainsi que George V.s(/ccè(/e à Edouard VII comme roi d’Angleterre, et que M. Tafi succède à M. lloosevelt comme président des Etats-Unis. Qu’on apporte une modification essentielle au régime, au caractère de l’emploi, au princifje d’accession, il n’y aura plus continuité successorale. Louis XYIII ne succède pas à Napoléon I'^ ; le général Trochu ne succède pas à Napoléon III. Or, dans les Eglises protestantes épiscopaliennes, le fait même de la Réforme, rado]ition même du protestantisme, paraît avoir modifié essentiellement le régime ecclésiastique, le caractère de la fonction épiscopaleet le princi|)e d’accession à l'épiscopat. Il ne paraît donc pas y avoir succession, même matériellement continue, entre les évêques antérieurs et les évêques postérieurs à la Réforme protestante.

Les évêtiues antérieurs à la Réforme exerçaient l'éiiiscopat comme successeurs des apôtres, en vertu même des pouvoirs conférés par le Christ à la hiérarchie de l’Eglise. Les évêques postérieurs à la Réforme, dans les royaumes d’Angleterre, de Suède, de Norvège et de Danemark, exercent réi)iscopat comme délégués spirituels de l’Etat réformateur, en vertu même des jiouvoirs conférés ] » ar le Roi et le Parlement, devenus la suprême autorité religieuse du pays. Malgré les atténuations grâce auxquelles le formalisme conservateur des A)igiais et des Scandinaves <l()nnait à la Ké olulioii religieuse un certain asjicct de continuité régulière ; malgi'é les efforts rétrospectifs que miiitii)lient, de nos Jovu-s, beaucou[) des représentants de l’Eglise anglicane et des Eglises Scandinaves j » our diminuer l’importance de la Réforme et raccorder leur iiiérarcliie actuelle à la hiérarchie ancienne, la rupture du xvi' siècle n’est pas contestable, /.e réi^ime ecclésiastique a été essentiellement transformé, la fonction épiscopalc a pris une signification toute nouvelle, et le principe d’accession y est devenu tout autre. Les formulaires et dcilaralions

authentiques de ces Eglises réformées en témoignent avec une parfaite clarté. On ne peut donc pas dire qu’il y ait eu succession, même matériellement continue entre les apôtres et les évêques actuels de ces différentes Eglises. La succession apostolique s’est éteinte au xvi^ siècle ; et une autre succession fut alors créée par le gouvernement temporel.

(Comme nous l’avons remarqué plus haut, nous ne parlons que de la succession apostolique dans la juridiction ecclésiastique : chose historiquement contrôlable. Nous ne disons rien de la succession apostolique dans le pouvoir d’ordre, le sacerdoce : chose toute mystérieuse.)

Par conséquent, l’application de la « note » d’apostolicité su (lirait à exclure les Eglises protestantes épiscopaliennes. D’ailleurs, si les mêmes Eglises possédaient la succession apostolique, matériellement continue, du moins ne iiosséderaient-elles pas la succession apostolique légitimement transmise : car l’application des « notes « d’unité, de catholicité montre que ces Eglises protestantes ont perdu certains caractères pourtant essentiels à la constitutioTi extérieiu’e de l’Eglise du Christ.

Les Eglises protestantes, épiscopaliennes aussi bien que non épiscopaliennes, sont dépourvues de la

« note » d’unité. Elles repoussent, en théorie non

moins qu’en pratique, l’institution d’un magistère enseignant, qui interprète authentiquement la RéAclation chrétienne et qui puisse imposer les croyances doctrinales. C’est donc le libre examen, le Jugement privé de chaque lidèle, en face de la Bible, qui est la règle suprême de la foi. Comme toutes les Eglises protestantes, les Eglises épiscopaliennes sont donc privées de l’unité visible, qui est l’un des signes distinctifs de l’Eglise véritable.

Elles sont pareillement dépourvues de la catholicité. Purement nationales, en effet, sont les Eglises luthériennes de Suède, de Norvège et de Danemark. Et la communion anglicane elle-même est circonscrite aux régions, d’ailleurs très vastes, de domination, de langue ou d’influence britannique. C’est tout autre chose qu’une diffusion relativement et moralement universelle, comme la diffusion que doit posséder la véritable Eglise du Christ.

Donc aucune des Eglises protestantes épiscopaliennes n’est cette vérital)le Eglise du Christ, puisqiu^ toutes les Eglises protestantes épiscopaliennes sont dépourvues de Vapostolicité, deVunité, de la catholicité. Elles s'écartent moins, cependant, que les autres Eglises protestantes, du concept authentique do l’Eglise hiérarchiquement organisée.

(y) Les Eglises orientales. — Nous reconnaissons que les Eglises orientales ont une origine (directement ou indirectement) apostolique, et qu’elles conservent, depuis les apôtres, une succession matériellement continue dans le gouvernement ecclésiastiqui Au point de vue de la notion du pouvoir épiscopal, les Eglises de l’Orient n’ont pas subi de révolution religieuse analogue à la Réforme protestante. Dans remjMre des tsars, notamment, les évêques exercent réjiiscopat comme successeurs des apôtres, en vertu même des j)ouvoirs conférés par le Christ à la hiérarchie de l’Eglise. Quelque répandu que soit le préjugé contraire, la Réforme ecclésiastique de Pierre le Graïul n’a lien modilié (en princijie et en droit) sur ce itoiut ; elle n’a pas considéré l’autorité si)iriluelle de l'évêque comme une délégation de la puissance inqtériale. Donc nous ne révoquerons pas en doute la continuité matérielle de la succession apo.stoli (iue dans les Eglises de l’Orient. Mais nous nous demanderons si la continuité matérielle est, en même tenq>s légitime (quant au pouvoir de juridiction). Il faudra donc rechercher si les Eglises de l’Orient