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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/659

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EGYPTE

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Lctouzey, 189.5. — Weber (S.), Chiistllche Apologetik, troisième partie. Fril » oiirg-en-Brisgau, Herder, 1907, in-8’— "NViliuers, De Clivistl Ecclesia. Ratisbonne, Pustet, 1897, 111-80.

Yves DE LA Brière.


EGYPTE. — Les origines historiques du christianisme présentent avec le passé de l’Egypte des points de contact nombreux ; l’étude sommaire que nous en ferons ici peut se ramener commodément à trois points :

I. L’Egypte et la Bible. II. Chronologie égyptienne. III. la religion égyptienne.

I

l’kgypte et la bible

A. Origine des Egyptiens.

I. Les races,

II. Souvenirs primitifs.

B. Les LLébreux en Egypte.

I. Abraham.

II. Joseph.

1. La date.

2. Analogies égyptiennes.

III. Moïse et les plaies d’Egypte.

IV. Le passage de la mer Rouge.

V. L’époque et les I^haraons.

1. Remarques générales.

2. Première hypothèse, xvm’dynastie.

3. Deuxième hypothèse, xix’dynastie.

VI. Conclusion.

A. Origine des Egyptiens

I. Las races. — Tous les hommes descendant d’un même couple, dont l’habitacle semble bien avoir été une région de l’Asie centrale, la question se pose de savoir si ce fait est dans quelque mesure confirmé ou infirmé par l’histoire des anciens Egyptiens. Quelle est, d’après les documents authentiques, l’origine de ce peuple ? Vient-il de l’Asie, de la Libye, du centre de l’Afrique ? Ou même, vient-il de l’clranger et n’est-il pas autochtone ? Il semble, en effet, que la civilisation égyptienne, si nettement caractérisée, et restée sensiblement la même pendant plus de 4 000 ans, n’ait aucun rapport de filiation, de parenté même, avec les autres civilisations antiques de l’Orient, et soit née tout entière et de toute pièce dans la vallée du Nil. Telle on l’admire sur les monuments des derniers Pharaons, telle on la reconnaît dans ses éléments essentiels, au début de l’histoire. Le problème longtemps resté insoluble est entré, ces dernières années, dans une nouvelle [)hase. Les fouilles archéologiques accomplies sur divers j)oints de ce sol inépuisable de l’Egypte, par MM. ue Mou( ; ax, Pethie, Amélineai’, QiiBELL, ont fourni de nouvelles données qui permettent de tenter une solution au moins provisoire.

Ces fouilles nous apprennent qu’il faut distinguer deux peuples de race dificrente, les Egyptiens i)roprerænt dits, auteurs de la civilisation appelée égyplicnne, et un autre peuple plus ancien, picmier occupant de la vallée. Ce peui)le i>rimilif, soumis par les Egyptiens conquérants, appartenait à la race libyenne représentée aujourd’hui par les Berbères et les kabjles, il ne porte aucun trait de ressemblance aA ec les races asiatiques. D’après les monuments retrouvés

récemment, armes, poteries recouvertes de peintures grossières, c’était un peuple de pécheurs et de chasseurs, qui ne semble rien avoir demandé à la culture du sol. On ne Aoit dans leurs dessins ni bœufs, ni ânes, ni moutons, mais en revanche des animaux aujourd’hui sauvages, gazelles, antilopes, que ces aborigènes avaient apprivoisés et domestiqués. Combien de temps furent-ils les tranquilles possesseurs du pays ? A quelle époque entrèrent-ils en lutte avec les étrangers envahisseurs, guerriers valeiu-eux et intrépides, qui finirent par les refouler hors de la vallée ? Il est impossible de le déterminer avec quelque précision. Les nouveaux venus, groupés sous l’autorité de Menés, leur premier roi, s’établirent fortement dans la région conquise, bâtirent des villes, cultivèrent le sol qui devait les nourrir si libéralement et fondèrent ce peuple puissant qui fut les Egyptiens. D’où venaient ces conquérants ? Etaient-ils asiatiques ? Ici, tous les indices sont convergents, ressemblance de traits avec les peuples établis sur les bords de la mer Rouge, siu-tout dans l’Arabie du Sud, nez aquilin, barbe pointue, chevelure soyeuse, un pagne pour tout vêtement, tout nous parle d’une origine orientale.

On avait cru autrefois, et c’était l’opinion de Lepsrs, qu’ils avaient pénétré en Egypte par l’isthme de Suez et s’étaient avancés graduellement jusque vers la première cataracte. Les nouelles découvertes, coiifirmées d’ailleurs par la tradition éthiopienne et égyptienne, prouvent, semble-t-il, que la civilisation, au lieu de remonter le cours du Nil, le descendit et que les vainqueurs venus d’Arabie par l’Ethiopie ou par le Ouadi Hammamat se fixèrent d’abord en Haute-Egypte d’où peu à peu ils gagnèrent le Nord et s’étendirent jusqu’à la mer. Telles sont donc les données actuelles de l’histoire, données qu’on ne saurait considérer comme définitivement acquises mais qui ont pour elles toutes les probabilités : un peuple autochtone établi à l’origine sur les bords du Nil. un autre peuple venu d’Asie le dépossédant et fondant l’enqiire égyptien.

Ces conclusions ne saui’aient faire difficulté à l’exégète. Les renseignements ethnographiques de la Bible, au chapitre x de la Genèse, sont vagues et flottants, les interprétations traditionnelles ne sont nullement d’accord, il ne restequ’unpointabsolument hors de doute, la descendance de tous les ])euples d’un seul homme. Or ce fait, garanti par la Révélation, ne peut en aucune façon être contredit par l’histoire. Entre le berceau de l’humanité et les points de déjiart historiquement constatés des différentes nations, quel est le moyen de mesurer le temps écoulé, les distances locales parcourues ? Les premiers habitants de l’Egypte, à nous connus aujourd’hui, semblent plutôt africains et ne portent aucune empreinte asiatique. Soit ! Mais ([ui serait à même d’assurer qu’à une époque reculée les Africains ne vinrent pas d’Asie ? Est-il nécessaire pour cela qu’ils aient gardé des ressemblances évidentes avec leurs congénères restés plus près du berceau ? Assurément non. Les conditions climatériiiues, le temps, les iniluenccs du milieu ont pu effacer ces ressemblances. Au reste, la ditl’érenciation des races est un problème qui attciul encore une solution. En l’aljsence de documents, les origines de Ihunuinité restent hors de l’histoire, et dans cette période obscure et ténébreuse, seule la foi projette quelque lumière.

II. Souvenirs primitifs. — Avant de ([uitter les anciens Egyptiens, demandons-leur s’ils n’auraient I)oint conservé quelque souvenir de leur origine, des scènes et des événements qui se passèrent avant la dispersion des peuples : paradis terrestre, tentalion.