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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/662

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EGYPTE

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tai’d, sous Ménéphtah, quand les Israélites furent partis, cette même région fut concédée à une tribu asiaticiue pour y faire paître ses troupeaux (Papyrus Anastasi VI, pi. iv. Cf. Lieblein, loc. cit., p. 67).

III. Moïse et les plaies d’Egypte. — Un nouveau roi monta sur le trône, qui ne connaissait pas Joseph et qui commença à persécuter les Hébreux. Pour arrêter leur accroissement déjà inquiétant, il ordonna de mettre à mort les enfants mâles, puis il les soumit tous, hommes et femmes, à la corvée, fabrication des briques, construction des magasins de Ramessés et de Phithom, et, dit la Bible (Ex., i, 14), toute sorte de travaux agricoles. C’était l’oppression, la servitude, la misère. Quand la mesure a atteint le comble, Dieu, qui a ainsi détaché son peuple des charmes de l’Egj’pte, lui envoie Moïse pour l’arracher à l’esclavage, le ramener au pays de ses pères et lui donner l’autonomie et l’indépendance. Mais Pharaon ne l’entend pas ainsi, il a besoin d’ouvriers pour ses grandes constructions, il refuse obstinément et, pour obtenir son consentement, il faut toute une série de merveilles et de fléaux.

Ce n"est pas le lieu ici de faire une étude complète des plaies d’Egypte. Il sulTu-a à notre but d’en faire ressortir le caractère intrinsèque de vraisemblance et le côté merveilleux,

1. L’eau du Nil est changée en sang, fléau terrible pour l’Egypte où tout vit du Nil, où toute eau potable Aient du fleuve directement ou par infiltration, fléau meurtrier pour les poissons, les plantes, les animaux, les hommes, qu’on admette un changement en sang véritable, à la suite d’Origène et de S. Cyrille d’Alexandrie, ou qu’on se contente de surabondance de limon rougeàtre qui rendit nauséabondes et délétères les eaux non filtrées, et cela au moment de la crue, quand le fleuve engraissé des éléments terreux qu’il charrie est naturellement coloré en rouge, soit à une autre époque, ce qui accentuerait encore le caractère surnaturel du fléau.

2. Les grenouilles foisonnent pendant l’inondation ; pour en faire une plaie, il suflit de les multiplier dans une grande proportion.

3. Les moustiques ne sont que trop conDiis des habitants de l’Egypte. De nos jours encore, à certaines époques de l’année, ils sont un vrai tourment dont on a de la peine à se garantir ; multipliés, ils feraient de la vie un supplice.

tj. Les mouches sont également une cause de souffrance pour tous, mais spécialement pour les enfants qui ne peuvent en protéger leurs yeux, toujours attaqués, fréquemment perdus.

5. 6. La peste des animaux et des hommes n’est pas inconnue dans le pays.

7. La grêle est rare, elle tombe quelquefois pourtant et alors elle est redoutable pour les plantes, l’orge, le liii, le blé.

8. Les sauterelles et leurs nuées épaisses, s’abattant sur les moissons, les prés, les jardins, les arbres et ravageant tout sur leur passage, c’est de l’histoire de tous les temps, dans toute l’Afrique du Nord.

9. Les ténèbres furent sans doute produites par un khamsin, vent brûlant qui passe sur les déserts, enlève dans les airs des tourljillons de sal)lc et vient éclater comme un orage dans toute la vallée.

10. La dixième plaie, la mort des premier-nés, n’a aucun rappoi’t spécial avec l’Egypte, elle fut la plus sensible au cœur du Pharaon endurci qui vit ainsi périr son propre fils, 1 héritier de son trône, elle amena le dénouement et arracha enfin l’autorisation si longtemps refusée, si chèrement vendue.

Tous ces fléaux ont donc une couleur nettement indigène, et cela même les prémunit contre toute

accusation de fiction. Ils sont naturels en eux-mêmes et dans leurs elFets ; ce qui dépasse les forces de la nature, c’est le ?node instantané dont ils sont produits et l’extraordinaire intensité qu’ils revêtent. Qu’ils soient, dans l’ensemble, de vrais miracles, cela ressort du récit lui-même, consternation du peuple et du Pharaon, impuissance des magiciens à imiter le plus grand nombre et surtout à endiguer le mal, cela ressort du but que Dieu se proposait, frapper les Egyptiens d’étonnement et leur inspirer une grande idée du peuple qu’ils avaient méprisé, relever le courage des Hébreux, les détourner du culte des idoles et implanter en eux la foi en sa toute-puissance.

Les sages égyptiens imitèrent trois des actions de Moïse, baguette transformée en serpent, eau changée en sang, multiplication des grenouilles. Ce fait, quelle que soit la manière dont on l’explique (voir Vigou-Rorx, La Bible et les décoin-ertes modernes, t. II, p. 819-324), ne porte aucune atteinte au caractère miraculeux de l’ensemble des fléaux ; au contraire, c’est pour le mettre plus en relief, semble-t-il, que Dieu le permit. L’ombre fait ressortir la lumière ; combien pâlit la puissance pourtant si grande des magiciens devant celle qui éclate entre les mains de Moïse !

IV. Le passage de la mer Rouge. — Avant de partir, les Hébreux, sur l’ordie de Moïse, demandèrent à leurs voisins égyptiens des objets d’or et d’argent et en reçurent, d’après le texte sacré, une bonne quantité. Dire qu’en les emportant avec eux ils commirent un vol, c’est juger d’un fait sans en connaître les circonstances, c’est surtout oublier les nombreuses journées de travail forcé fournies par les Hébreux pour la fabrication des briques et la construction des magasins. N’avaienl-ils pas droit à une compensation !

Les Israélites partirent donc ensemble de la terre de Gessen, ils se dirigèrent d’abord vers l’Orient jusqu’à Etham sur le bord du désert ; là, au lieu de poursuivre en ligne droite, sur l’ordre de Dieu ils infléchirent vers le sud et vini-ent camper sur le bord occidental de la mer Rouge.

Il est impossible d’expliquer cette marche par des raisons d’ordre natiu-el. Une multitude si considérable, voulant gagner la Syrie, devait suivre la route ordinaire par le désert et ne pouvait sans périr s’engager dans des voies inconnues, en tout cas elle ne pouvait espérer sortir d’Eg3’pte en mettant la mer Rouge entre elle-même et le pays à atteindre. Au reste, dans toutes les hypothèses, l’exode n’était possible que par une intervention spéciale de Dieu. Pharaon, averti que les Hébreux avaient d’avUres intentions que celle de sacrifier dans le désert, lancerait son armée à leur poursuite, et Dieu seul poiu-rait arrêter, détourner ou anéantir les ennemis de son peuple. C’était donc Dieu qui dirigeait les Hébreux, et malgré eux, malgré leurs murmures, il allait marquer d’un prodige éclatant et à jamais mémorable le terme de leur exil et l’inauguration de leur nouvelle vie de liberté et d’indépendance. Ils étaient campés sur le bord de la mer, quand, au soir, levant les yeux du côté de l’Occident, ils virent au loin l’armée égyptienne s’apprêtant à fondre sur eiTX, et ils commencèrent à récriminer contre Moïse. L’heure était trop avancée pour engager le combat, les fugitifs d’ailleurs ne pouvaient échapper, la nuit noire se lit entre les deux camps. Le passage eut lieu par la pointe eirilce de la mer, à un endroit qii’il est impossible aujourd’hui d’identifier avec certitude, ce qui importe peu d’aillem-s. Quel que soit le théâtre du miracle, le fait reste le même. La nuit tombée, Moïse sur l’ordre de Dieu, étend la main au-dessus de la mer, un vent violent et chaud s’élève, qui divise les eaux et met la mer à sec, les Fils d’Israël s’y engagent et marchent vers