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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/666

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EGYPTE

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mais c’est le contraire qui est en question. Qu’un historien sans parti pris, sans idée préconçue, lise la stèle de Ménephtah, il placera tout naturellement Israël en Palestine, à côlé des autres peuples que mentionne le texte.

3. Deuxième hypothèse, la xix’= dynastie.

i) Dans cette hypothèse, on prend pour point de départ ^a^ri^’ée de Joseph en Egypte, qu’on place sous un Pharaon hyksos de la xvi* dynastie, vers 1650, on compte 430 ans de séjour ou à peu près, ce qui met l’exode vers 1280, après Ramsès II, au début du règne de Ménephtah. ZS’ous avons au qu’on ne connaît avec certitude nila dui’ée du séjour en Egypte, ni le Pharaon de Joseph.

2) Ramsès II réalise de point en point le portrait du Pharaon oppressem* tel que le peint le récit biblique ; il est guerrier et constructeur, on lit son cartouche sur toutes les ruines de la Basse-Egypte, c’est le seul cartouche qu’on ait encore trouvé à Tell el-Maskhouta, l’ancienne Pithom et à Tell Rotab, peut-être lancienne Ramsès. — Mais on peut faire reniai-quer que le nom de Ramsès II s’étale sur presque tous les monuments d’Egypte, ce qui n’est pas une preuve que ce Pharaon fut le premier et le seul constructeur de ces monuments, et dans notre cas on sait positivement que les magasins de la terre de Gessen furent commencés sous la xviii- dynastie.

3) La Bible elle-même, en nommant une ville, Ramsès, indique bien que le Pharaon constructeur s’appelait lui aussi Ramsès. Cet indice est un des princii^aux appuis de l’hypothèse, et semble avoir été la cause de son succès. Avant la xix^ dynastie, le nom de Ramsès est inconnu en Egypte, donc on ne peut placer la construction des deux villes mentionnées dans la Bible sous une dynastie antérieure. — Cette l’aison n’est certainement pas dénuée de valeur, elle est malheureusement infirmée p£ir la Bible elle-même, qui dit (Gen., xlvii. 11) que Pharaon donna à Jacob et à sa famille la terre de Ramsès. Quelle que soit l’interprétation adoptée pour expliquer cette dénomination au temps des Pasteurs, il est bien probable qu’elle pourra s’appliquer également à la ville de Ramsès sous la xviii dynastie. Peutêtre l’auteur sacré a-t-il employé pour désigner la terre et la Aille de Ramsès les noms usités au moment de sa dernière rédaction, ainsi appelons-nous parfois du nom de Constantinople l’ancienne a ille de Byzance.

4) Deux documents datant du règne de P «.amsès II parlent d’étrangers appelés Aperiu, qu’on fait tra-A’ailler à la construction du temple du soleil à Mcmphis. On a pensé dabord aux Héljreux, et phonétiquement l’idenlitication est parfaite, mais pour d’autres raisons « elle est rejetée aujourd’hui par la majeure partie des égyptologues » (Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, II, p. 443, note 3).

La première hypothèse est proposée par J. Lieblein (Procet^dings of tlie Society of biblical archæulof^y, XXI, 1899, p. 53 sqq), par A. L. Leaa’is {/bid., X’V, 1893, p. 423), i » ar Ho.AiMEL (Expositury Times, X, p. 210 sqq.), par Lixdl (Cyrus, p. 1 1), par Leop. Fonck {Zeitschrift fitr Katli. Théologie, 1899, P- 27/1, 276), par l^uiiMxys (Zivei Ilautprohleme, 1898, p. 160), par Lefkbure (.l/îf5eo « , t. XV, 1896, p. 345-387).

La seconde est proposée par Chabas, Recherches pour servir à l’histoire de l Egypte sous la xix"^ dynastie, 1873, p. 189 sqq. ; de Rougiî, Examen critique de l’ouvrage de M. le chevalier de Bunsen, 1846-1847. àanii Œuvres diverses, t. I, 1907, p. ùb (fJihliothèque égyptologique, t. XXI), et Moïse et les monuments

égyptiens, dans Annales de philosophie chrétienne, 6e série, t. I, p. 165-173 ; Bkugscu, Geschichte Aegyptens, 1877, p. 581-584) ; Ebers, Durch Gosen zum Sinaï, 1872, p. 189 ; Spiegelberg, Der Aufenthalt Isræls in Aegypten, 1904, p. 13 ; Pétrie, Egypt and Israël, dans Contemporary Bevien’, mai 1896, p. 617627 ; Sayce, The Eg^pt of the Ilehrews, 1902, p. 91100, etc.

Maspero et WiEDEAiAN placeraient plutôt l’exode sous Séti II.

Cette opinion est beaucoup plus ancienne que l’autre, elle fut émise à une époque où l’on ne connaissait ni les Halnri, ni la stèle de Ménephtah, où la XAiii* dynastie était encore euvcloppée d’ombres et de ténèbres, où le grand nom de Ramsès II dominait toute l’histoire égvptienne. Notons aussi que les anciens égyptologues qui l’ont mise en avant plaçaient beaucoup plus haut le règne de Ménephtah et qu’ils éAitaient ainsi l’inconA’énient que présente la date relatiA’cment basse assignée aujoui-d’hui à ce souacrain.

Ce qu’il importe de remarquer, c’est que les deux hypothèses sont à peu près également probables, que personne ne donne son idée comme une certitude, que beaucoup ne prononcent un nom propre que pom- fixer l’imagination. Comme date de l’exode, on pevit donc choisir une année quelconque entre les deux limites extrêmes, c’est-à-dire à peu près entre 1440et 1240, depuis Thoutmès III jusqu’à Ménephtah.

Les documents actuels nous donnent ces deux cents ans de latitude. Il est dillicile de descendre au-dessous de Ménephtah poui- deux raisons : a) Entre l’aAènement de SaiJl, vers io50, et l’arriA’ée des Hébreux en Palestine, on aurait de la peine à faire tenir la longue période des Juges ; h) Un document égyptien datant de l’an YIII de Ménephtah nous apprend qu’une bande nombreuse de Sémites, arri-Aant d’Asie, demanda et obtint de s’établir dans la terre de Gessen, au pays de Socoth, autour de la forteresse de Pitum. Les Hébreux étaient donc déjà partis.

Pour plus de détails sur toute cette question, cf. Lagier, Ee persécuteur des Hébreux, Etudes, 5 avril 1909, p. g5.

Conclusion. — Si l’on met à part la mention de Moïse dans Manéthon, mention dont la source ne semlile pas être égyptienne, l’histoire de l’Egypte ancienne est muette sur le séjour des Hébreux dans la Aallée du Xil, elle ignore leur- arriAée, leur départ, le miracle de la mer Rouge. En cela, rien ne doit nous étonner. Ni les Egyptiens ni les Babyloniens n’ont coutume de rapporter les éAcnements qui ne sont pas propres à flatter leur orgueil national. S’ils parlent des étrangers, c’est uniquement pour raconter, aA’ec une emphase toute orientale, leurs défaites et leur soumission.

Mais à défaut de documents positifs, quel cadre merveilleux l’histoire des dynasties offre à la série des éA-énements bibliques ! Il n’est p.as un trait de la narration de Moïse qui ne porte en lui-nu^me son cachet de Araisemblance et ne soit rcAètu d’une cou leur égyptienne. Ce récit a été a^^cu, l’auteur est parfaitement au courant des choses du jiays. Il nomme le souverain de la même manière que les écriA^nius indigènes contemporains, il ne se trompe pas sur les noms de a illes, de localités, de pajs, il décrit aA* la plus stricte exactitude les mœurs et les usages ( ! ce temps, histoire de l’échanson et du panetiei-, songes de Pharaon, leur interprétation, fabrication des briques, construction des greniers de Pithom v de Ramsès. C’est une Aision de la réalité, il ne nous i.ixnque qu’un chilfre et qu’un nom propre. Peut-o