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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/667

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EGYPTE


demander une harmonie plus parfaite ? Quant au surnaturel, au miracle, on n’est pas plus en droit de le bannir de cette histoire que de toute l’histoire du peuple de Dieu.

On peut se demander quelles furent pour les Israélites les conséquences de leur séjour en Egypte et s’ils n’empruntèrent rien à la religion et au culte de leurs anciens maîtres. Avi point de vue doctrinal, une comparaison facile de l’Ancien Testament avec le résumé que nous avons fait de la religion égyptienne montrera avec évidence qu’il n’y a de l’un à Fautre aucun rapport de dépendance. Dans le culte, tous les auteurs reconnaissent quelques relations ; le veau d’or est certainement un souvenir du bœuf Apis, devant la statue duquel les Hébreux avaient vu se prosterner les Egyptiens ; le pectoral du grand prêtre est une imitation du pectoral égyptien ; l’arche du "vrai Dieu, avec les deux chérubins étendant leurs ailes, rappelle ces naos égyptiens où trônait la statue de la divinité et que deux génies enveloppaient de leurs longues ailes ; les instruments de musique aussi, tambourins, flùles, trompettes, sistres, harpes, guitares, sont d’origine égyptienne ; musique n’est pas religion : dans la terre de Gessen, les Hébi-eux, en bons orientaux qu’ils étaient, ne pouvaient manquer de prendre goût à ces divertissements, à ces lëtes de l’oreille, d’ailleurs bien humaines, si populaires chez leurs voisins païens.

Ces emprunts, loin de faire difficulté, sont une nouvclle preuve de la vérité biblique, ils nous ramènent à l’Egypte que les Israélites venaient de quitter, ils nous parlent d’un long séjour, ils sont des pièces à conviction et, dans la vie d’Israël, ils établissent la continuité entre la période égyptienne et la période palestinienne.

Bibliographie. — F. Vigouroux, I.a Bible et les découvertes modernes, I, II, Paris ; J.Lieblein, L’Exode des Hébreux (Proceedings ofthe Society of biblical arcliæologr, XX, 1898, pp. 277-288 ; XXI, 1899, pp. 53-67)."

n

CHROXOLOGIE ÉGYPTIENNE

I. Idée générale de la chronologie égyptienne ;

II. Conclusions modernes.

Il y a quelques années, on faisait de la chronologie égyptienne une arme contre la Bible et surtout contre les faits racontes dans lePentateuque : le déluge, l’histoire d’Abraham, le séjour des Hébreux en Egypte, l’Exode. Les dates bibliques de ces événements, disaient les adversaires, sont en contradiction avec les dates certaines fournies par les documents égyptiens, elles sont donc fausses. Aujourd’hui, les positions ne sont plus les mêmes. De part et d’autre, les affirmations sontmoins catégoriques. L’historien etl’exégète ont cessé de donner comme certaines des dates irréductibles, et la prétendue contradiction est dou-Ijlemenl lorid^ée. Il reste cependant utile pour l’étude de l’Ancien Testament d’avoir une idée de la chronologie égyptienne et de savoir quelle est à ce sujet l’opinion des savants modernes.

I. Idée générale de la chronologie égyptienne.

— Les sources de ((lie clircMiologie sont tic deux sortes, les sources jjurement égyjjtienncs, monuments anciens existant encore dans la vallée duNil, inscriptions Iiiérogly[ » hiques qui couvrent des monuments, papyrus dont plusieurs reinonlent à une haute antiquité, et les sources grecques, récits d’IIi’: RODOïH et de DiODORE de Sicile, surtout histoire de Manétiion,

prêtre égyptien, probablement d’Héliopolis, qui écrivait sous Ptolémée II Philadelphe (280-246). Cette histoire, composée d’après les documents originaux, est malheureusement perdue, et il n’en reste que des fragments conservés par quelques auteurs, comme Flavius JosÈPHE(fr. 42, 00, 02), JuLiusvpRicANUSjdans son Pentabiblion qui n’est lui-même connu que jiar ce qu’en rapportent Georges le Syncelle, patriarche de Constanlinople vers la fin du viiie siècle, et EusÈBE dans ses deux premiers livres des « Chroniques », connus par Georges le Syncelle, une version arménienne et S. Jérôme.

Manéthon classe les rois égyptiens, depuis le premier qu’il appelle Menés jusqu’à Alexandre le Grand inclusivement, en 31 dynasties qui régnèrent sur le pays l’une après l’autre ou parfois simultanément.

Les égyptologues ont conservé la division par dj’nasties ; ils se sont contentes de les grouper en quatre ou cinq grandes divisions qu’on appelle empires ou périodes. vSi l’on met donc à part Alexandre qui forme la XXXI-dynastie, les souverains de l’Egypte sont distribués en 30 dynasties. Au reste, dans ce nombre, on le A’erra, il y a plusieurs dynasties étrangères. Peut-on fix ; er des dates certaines à tous ces rois qui, pendantplus de^ooo ans, se sont succédé dans le gouvernement de la A’alléeduXil ? C’est la question qu’il nous faut étudier.

Ce qui fait pour nous la difficulté de la chronologie égyptienne, c’est qu’on n’avait pas autrefois une ère fixe qui servît à dater tous les événements, à les relier ensemble en une série unique et continue. On les indiquait seulement d’après les années de chaque roi. Ainsi les textes disent que, l’an 21 de son règne, Ramsès II conclut un traité avec les Hittites ; mais à quelle date se place Ramsès II, depuis le premier Phai-aon ? les documents égyptiens ne s’en occupent pas. Pourtant on connaissait plus ou moins la succession des rois, on en dressait des listes qui se conservaient dans les archives des temples et qu’on gravait parfois sur les monuments. Il nous reste quatre échantillons de ces listes : le papyrus royal de Turin, contenant près de 180 noms, la table de Karnak, celle d’Abydos et celle de Saqqarah. La table de Karnak représente Thoutmès III (xyiii" dynastie) rendant hommage à 61 de ses prédécesseurs dont les images et les cartouches sont gravés devant lui (mais cette table ne suit pas l’ordre chronologique) ; sur celle d’Abydos. t’est Sétir’(xix° dynastie) qui, accompagné desonlils Ramsès II, offre de l’encens à 7°) de ses ancêtres ; celle de Saqqarah où figure Ramsès II lui-même, successeur de Séti I", ne porte que 47 cartouches. Sur ces deux dernières labiés, les rois viennent par ordre chronologique, mais ils ne sont pas tous nommés, sans doute parce qu’on ne voulait mentionner que les principaux parmi les pharaons, ou seulement ceux qui recevaient un culte partieidier en ces endroits.

Ainsi doncces différenles listes, non plus que celles des auteurs grecs, Diodore de Sicile, Manéthon, Julius Africanus, Georges le Syncelle, ne s’accordent ni sur le nombre des pharaons, ni sur l’ordre de leur succession, ni sur la durée de leur règne.

Les découvertes récentes, faites en différents endroits, ont amené la connaissance de nouveaux noms royaux, dont quelques-uns entrent Iiien dans les anciens cadres, mais dont plusieiirs sont plus dillieiles à caser. Quelques égyptologues ont même émis riij’polhèse, sans succès d’ailleurs, qu’on aurait trouvé une nouvelle dynastie, inconnue des historiens et antérieure à la première de Manéthon. Que nous réservent les découvertes de demain ? On ne saurait le prévoir. Dans ces conditions, il est facile de reconnaître que l’histoire est inq>uissante à dresser une chronologie exacte de l’Egypte ancienne. On a cru,