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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/717

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EPIGRAPHIE

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1796) reprit à son compte le projet de Gorius. Comme lui aussi, il prétendait faire de l'épigrapliie une discipline subsidiaire de la théologie. On connaît le plan, aussi méthodique que compréhensif, suivant lequel il se proposait de distribuer les matériaux (Moniiin. Ecoles. Uturg., p. xciii-xciv). Le recueil ne fut pas fait, et on a presque lieu de s’en féliciter ; car les idées et la méthode qui y auraient présidé nous sont suflisamment connues par l’opuscule que Zaccaria publia en 1761 : De seterum cliristianariim iuscriptionum in rehiis theologicis iisit. Un exemple entre plusieurs. Le chapitre x a pour titre :

« Captif X legem passe servari, atque opéra hona, orationem pvæsertim atque eleemosvnam, esse meritoria

contra hæreticos ex lapidibus argiiit. » Les hérétiques nient la possibilité d’observer la loi ; appelonsen aux marbres. Une Dulcitia est louée d’avoir été })wrelnis optimis ; d"une Paulia il est écrit : cujiis fides et integritas immaciilata die vitæ suæ fuit ; voici Laurentius, inno.r anima, agnus sine macula ; et la conclusion suit : « servarunt ergo hi legem «. On sent ce que la conséquence a de discutable. Ailleurs, le mot « mérita)- — si fréquent cependant dans les inscriptions païennes — est imperturbablement interprété dans le sens théologique le plus rigoureux, dès queZACCARivle rencontre sur un marl)re chrétien.

Viennent ensuite quelques textes louant des défunts de leurs aumônes, et le chapitre s’achève sur cette sommation : « Quo, amaho, tam singularis atque præclara harum iirtutum recordatio spécial, nisi ut intelligamus eus fuisse, quihiis sancli illi i-iri Deu maximopere placuere, gluriamque sihi immnrtalcm pepererunl ? Stel ergo, anliquitaiem contra Lutheranoriim inventa pugnare. christianorumque titulos catltolicum dogma de honorum operuin meritis iùndicare. » C'était vraiment faire trop belle la partie aux adversaires ; pas plus qu’eux nous ne sommes convaincus par tous les faits ni par l’argumentation.

F. Daxzetta, s. J. (1692- 1766) suivit les errements de Zaccaria. S’il ne reprit pas le projet d’un Corpus inscriptionum christianarum, c’est que, sur les conseils de Z.ccARiA. G. Marixi s'était voué à cette tâche ; mais du moins il en condensa par avance la substance dans sa Tlieologia lapidaria, i. e. Inscripliones ad tlieologiam. disciplinam et rifus pertinentes, qui ne vit pas le jour (Cod. Vatic, SSa’i).

Un essai de même genre, mais i)lus compréhensif, est dû au jésuite espagnol J. B. Geneh (171 1-1781) ; il porte le titre de Tlieologia dogmatico-scliolastica perpeluis prolusionihus polemicis Itistorico-criticis necnon sacræ anliquitatis monumentis illustrata ; les 6 volumes dont il se compose parurent à Rome, de 1767 a 1777.

Tous CCS travaux jiortcnt l’empreinte de l’cpoque. Intéressants à plus il’un litre, ils attestent spécialement que leurs savants auteurs ont fort justement pressenti l’utilité liislori(iue et religieuse des inscriptions dirétieniii’s ; mais ral)sencc de critiiiue, des inductions insullisamment justifiées, des généralisations trop i)romi)tes enlèvent toute valeur sérieuse à ces syntlièses arbitraires.

On n’a pas les mêmes rci)roclu’s à adresser à des travaux plus récents. Telles sont par exemple les études largement documentées de F. Pipeu. "Voir son Einleitung in die monumentale Théologie, 1867, III"" Theil, a’er Alischnitt : Geschirlite der christlichen Knigraphik, p. 817-908 et surtout son article l’eher den Kirchengeschichllichen (iewinn ans J/tsrhriften 'ornehmlirh des christlichen Allerthums.ynhu- dnn^]r./ahrhuch fdeutsche Théologie, XXI (1876), p. 37-103. Dans ce dernier travail, divisé eu deux parties (liistoiic extérieure et intérieure de l’Eglise), sont réunis et juilicieuscment commentés une foule

de textes. Pour être vieux de trente ans, cet artiile mérite encore d'être souvent consulté. Le récent ouvrage du R. P. Sixte g. c. r. (.otiones Archæologiae christianæ disciplinis theologicis coordinalae, a"o1. II, pars l^ : Epigrapliia, Romae, 1909, in-S'^) ne saurait faire oublier les travaux de ses devanciers. Bien qu’il ait sur les précédents l’avantage d’une documentation plus nourrie et moins exclusivcment « romaine », il ne marque pas, sous le rapport de la méthode et de la critique, un progrès décisif : trop souvent l’auteur accumule là où il eîit fallu choisir, entasse là où il eût dû classer. Néanmoins, son travail sera utile à l’apologiste averti.

II. L’Apologétique des Inscriptions : A) Les Inscriptions et le Xonveau Testament ; — B) Les Inscriptions et l Eglise.

Réduits que nous sommes aux données très fragmentaires que nous fournissent les inscriptions éparpillées dans le monde chrétien et d'époques très diverses, nous devons avant tout nous défendre de vouloir, avec de tels matériaux, édifier une synthèse, même provisoire.

Il sutrira à notre but de glaner, dans les quelques milliers de textes dont nous disposons, les traits les plus suggestifs, de les grouper suivant l’ordre des temps, quand cela sera possible, et d’après leurs provenances, lîuis d’en dégager les conclusions à retenir.

Au lieu de prendre, comme les anciens, la « théologie » comme cadre, il a paru plus avantageux de rester dans l’ordre historique et de rassembler les matériaux, amenés à pied d'œuvre, autour de deux faits capitaux : l’Evangile et l’Eglise.

A propos du Nouveau Testament, on examinera brièvement la contribution de l'épigrapliie à la critique textuelle et à la philologie biblique, ainsi que son apport au commentaire historique et archéologique des récits évangéliques. De l’Eglise, nous ne toucherons qu’un petit nombre d’aspects : quelques détails sur le milieu où elle est née, sa diffusion dans le monde gréco-romain, son unité qui se maintient malgré son extension et s’affirme en dépit des luttes et des divisions, donneront une esquisse à grands traits de sa vie extérieure d’après les sources épigraphiques ; aux mêmes sources, nous emprunterons une autre série de détails concrets qui permettront de pénétrer plus avant dans sa vie intime : credo, sacrements, histoire du culte (liturgie et dévotions), institutions ecclésiastiques, physionomie du peui)le chrétien.

D’un paragraphe à l’autre, il y aura sans doute des lacunes ; la faute en sera au manque d’informations ou à l’obligation de choisir. Aussi bien ne s’agit-il pas de tracer un tableau délinilif où rien ne manque ; mais seulement une esquisse générale destinée à relier et mettre en valeur quelques détails bien venus.

A. Les Inscriptions et le Nouveau Testament : i. Contribution à l'étude du texte : a) citations hihliques ; h) points de comparaison pour la philologie néo-testamentaire. v) vocabulaire, /3) syntaxe ; a. Apport au commentaire historique et archéologique : n) recensement de Quirinias ; b) lysanias, tétrarque d’Abill’ne : c) divers traits relatifs aux voyages de saint Paul.

i. Contribution à l'étude du texte. — En dehors de la valeur jiroprc qu’ils tiennent de leur caractère d’Ecriture inspirée, les Livres saints ont un aspect luunain, et. par ce côté, ils relèvent de la philologie