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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/720

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EPIGRAPHIE

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Nouveau Testament ; Deissmann n’en biffe pas moins de 500 : de 1 1 °’„, la proportion des termes bibliques tombe à i "/o, et qui sait si ce dernier résidu ne sera pas bientôt éliminé. Voici quelques exemples de sécularisations que les inscriptions, les papyrus et les ostraca ont permis de réaliser : à//c/£v/ ;  ; , svtxsç, (ipo^/i, ((/.KT<^&), è/zi/îo, T ! ip17711y., à^i/c/.pYJpoç, ^y.-ripoycipio}, KÙOvjri’j), Siy-ar/v}, orjy.dsu.y.riZo}, v.pyi~cty.r, v, T : p07x-jv/ ; -rr, ç, xKTarr5TK7/y.a…, etc, cf. Licht, p. 48-72 ; autres listes, Bible Studies, p. 86-169, ’94-267. Tous ces mots réputés’( bibliques » ou « ecclésiastiques » se retrouvent dans la langue des inscriptions et des papyrus, et tels d’entre eux sont signalés d’un bout à l’autre du bassin de la Méditerranée.

Si les textes nouvellement recueillis rendent à leur vraie source de longues suites de mots considérés auparavant comme des isolés, ils servent souvent aussi à attester l’origine ancienne de certaines signilîcations que les écrivains sacrés passaient pour avoir introduites. Tel serait le cas d’âô=/ïo ; , emploj’é pour désigner les « membres d’une confrérie ^), d’àvai-^osï’j) et ccjKT7p’y-jr ; aA’CC une valeur morale, d’è7 : 16jfj.r, rr ; ç au sens péjoratif, ).£iro-jpy-'j>, Jsiz-y-jpyt’y., /.vJoi, TTV.poiy.Oi…, cf. Licht, p. 72 ; Bible Studies, passim.

D’autres fois, c’est la nuance ijrccise du vocable scripturaire qui s’éclaire à la comparaison avec les textes « laïques ». Ainsi une inscription syrienne (Bull, de corr. hellén., 1897, p. 60) montre que la

« besace », ~r, py, dont les disciples envoyés en mission

ne doivent pas s’embarrasser (v. g. 3Ic., vi, 8), n’est pas le « sac à provisions », mais la « besace du quêteur ». Des actes d’affranchissement de Delphes, les papyrus et les ostraca révèlent le sens précis du verbe à-niyot, c’est le terme technique employé dans les reçus et les quittances ; ainsi, quand N.-S. disait des hjqjocrites, qui ne s’acquittent de l’aumône, de la prière ou du jeune, que pour la galerie : v-éyoj71v rèv , « /.tT$iv v.ùrôyj (.1//., VI, 2), il nous les montrait, d’une manière singulièrement expressive, palpant leur récompense, la réalisant comme un vendeur qui vient de signer le reçu de la somme qu’il empoche. Un exemple remarquable entre tous, nous est fourni par le mot ijy.’ : zr, pivj. Dans les LXX, il désigne le couvercle en or de l’arche ; mais comment ajuster ce sens au contexte du verset, dans lequel S. Paul (Rom., III, 25) nous montre le Christ, oy ^pcéO-ro é ©si ; i)y.7rr, piov… €v T’j> v.ÙTOii « ("yart ? La dilïiculté s’évanouit, si l’on rapproche du texte sacré deux inscriptions de Cos et un papyrus du Fayoum : u.v.arr, ptw doit s’entendre au sens d’  « instrument » ou d’  « objet de propitiation ou d’expiation » ; dès lors le verset de S. Paul devient tout à fait clair. Cf. Bible Studies, p. 124-1 35 ; F. Prat, Théologie de.S. / » «  « /, ! , p. 287-289. Ces quelques exemples suffisent à montrer dans quelle mesure les documents nouveaux éclairent la sémantique néo-testamentaire.

, 3) Syntaxe. — A la syntaxe nous pouvons ramener certaines tournures, certaines associations de mots qui passaient pour appartenir à la stylistique du Nouveau Testament et qui sont le bien comnum de la langue contemporaine. Quand S. Luc écrit : ôi ; ipyy-iyy (xii, 58), il n’est guère prol)able qu’il pense traduire le latinisme da operam, puisqu’un papjrus atteste l’usage de cette formule dans le grec populaire ; y.pi-J’, iTbà(/.’y.i’yj (Le., XII, 57), TVva(’co)y5yw(i]//.. XVIII, 28) ont le même caractère. On pourrait multiplier les exemples, cf. Bible Studies. p. lo’i ; Licht, p. 79-82.

La syntaxe néo-testamentaire, disait-on, est toute pénétrée d’iiébraïsmes, et l’on ne cherchait pas d’autre explication, toutes les fois qu’il s’agissait de rendre raison de quelque anomalie. Or. il se trouve que les documents païens, lesinscriptions aussi bien que les ostraca et les papyrus, présentent très souvent des’exemples parallèles, et ces vulgarismes réduisent le nombre des sémitismes trop facilement présumés. Ainsi, , î/£-îiv àiri…, « se garder de », n’est nécessairement ni un hébraïsme(BLAss) ni un sémitisme (Wkllhausen), cette anomalie dans l’emploi de la préposition était du domaine de la langue courante ; même remarque pour la construction dUtJOf.t avec sL, pour la formule jviridique £Ù ri mo/xv. ; la structure de Jo., i, 14) n’est plus incorrecte ni singulière, si l’on reconnaît, à de multiples exemples, que, dans l’usage populaire, nrr, p-/ ; i était traité comme un mot indéclinable ; le verset où S. Paul (I Cor., xi, 27), nous montre le sacrilège, après la communion, î>5x^ ? ~*"^ <701/j.v-o ; /.’A a.ïixy.T-j^ TîO Kjpioj, ne renferme plus grande dilïiculté pour qui admet une inlluence de l’usage symétrique d’à-y-aprùi^di qu’il n’est pas rare de rencontrer avec le génitif, cf. Licht, p. 79-86.

Les textes profanes n’éclairent pas moins d’un jour particulier le style néo-testamentaire. S. Jean est-il aussi Aoisin qu’on le dit de la stylistique sémitique ? Il ne paraîtrait pas, constate Deissmann ; S. Jean est avant tout populaire, comme tendent à le prouver de nombreux parallèles empruntés aux inscriptions et aux papyrus, cf. LAcht. p. 86-g5.

Tels sont, en gros, les résultats acquis à la philologie du Nouveau Testament à la suite de l’examen minutieux des monuments de la langue populaire du premier siècle : ce grec populaire est l’élément foncier de la langue néo-testamentaire, c’est lui qui a nourri son vocabulaire, enrichi ou assoupli sa syntaxe par des tournures hardies, moins conventionnelles et plus vivantes que celles de la langue littéraire.

Les réactions sont fatalement un peu trop radicales. Il ne faudrait pas oublier cependant que ce grec

« coUoquial », parlé par des aramaïsants, n’a quelquefois

sa vraie explication que dans un sémitisme sous-jacent. Sur ce point, M. Deibsmann n’a pas su se garder de toute exagération. Pour avoir envisagé à peu près exclusivement un côté du problème — le A’ocabulaire, — il n’a pas fait suffisamment ressortir le tréfonds sémitisant.- Voir un excellent article de J. HuBY (Etudes religieuses, 1909, t. CXVIII, p. 249262), où la question est ramenée à ses justes proportions, et, dans le même sens, G. C. Richards (Journal of Theological Studies, janv. 1909, p. 288290). Quoi qu’il en soit de cet excès, il ne reste pas moins vi’ai que la thèse de Deissmaxx a triomphé dans son ensemble, et que les inscriptions comme les papyrus et les ostraca sont désormais réintégrés dans le domaine auxiliaire de la philologie néo-testamentaire. — A’oir le récent article de H. Lietz-MANN, Bie klass. Philologie u. dus. T. (.eue.lahrbiicher f, d. klass. Altertum, 1908, p. 7-21), et l’enquête poursuivie par J. H. Moultox et G. Milli-GAN dans VExpositor.-^ série, 1908-1910. L’ensemble de la question est bien résumé par E. Jacquier (Histoire des livres da Nouveau Testament, t. III, p. 322-338).

2. Apport au corDinentaire historique et archéologique. — Le rôle tles inscriptions dans le commentaire des Livres saints ne mérite pas moins d’être signalé à l’attention. Pour en faire la preuve, il faudrait esquisser, de ce point de vue spécial, tout le commentaire du Nouveau Testament. Nous nous bornerons à quelques faits plus saillants qui sulFiront à donner une idée du genre de continuations historiques ou archéologiques que l’exégète est en droit d’attendre de l’épigraphie contemporaine de la rédaction des Evangiles et des Actes. On a constaté que S. Luc, plus que les autres évangélistes, a le souci du détail concret, du trait précis qui lixe les èntours