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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/732

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EPIGRAPHIE

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iiiibile soit des lioniuics soit des femmes, les secondes noces. Le chapitre iv, consacré au mariage des clercs (p. 70-94) mérite surtout attention. L’auteur a groupé les mentions de clercs mariés de tous les degrés de la hiérarchie, des fossores aux évêques : il relève ainsi 8 évêques mariés ; aucun d’eux n’appartient au clergé de Rome.

c) Comme la théologie sacramentaire, Vliistoire du culte chrétien rencontre dans l’épigraphie une auxiliaire imprévue. Quel([ues indications seulement, relatives à la liturgie et aux formes diverses du culte rendu aux saints.

a) Les liturgies chvétieriTies n’ont point été codifiées dès l’origine ; institutions vivantes, elles se sont lentement développées et ne nous sont bien connues qu’à partir du moment où elles atteignirent leur ultime détermination. Cependant, nous ne sommes pas dépourvus d’informations sur leurs stades antérieurs : les ouvrages des écrivains ecclésiastiques sont pleins d’éléments liturgiques, c’est de la liturgie « à l’état naissant » ; les inscriptions chrétiennes ne sont pas moins riches. Cf. Monum. Ecoles, liturg., p. xciicxxii et n°^ 2775 suiv.

Ainsi l’épigraphie funéraire contient par avance nombre d’acclamations, d’invocations, de formules déprécatoires, d’extraits scripturaires (v. g. du livre de Job, de S. Jean et des Psaumes) qui se retrouvel’ont dans les liturgies postérieures, et dont elles semblent bien constituer un des stades primitifs. Cf. Le Blaxt, Les bas-reliefs des sarcophages chrétiens et les liturgies funéraires (Rev. archéoL, 1879, II, p. 223 et suiA’.) ; Manuel, p. 88-94 ; L’Epigr. chrét., p. 5j-58 ; DuMONT, Bull, de corr. hellén., I. p. 321-827 ; J. KuLAKOAVSKi, Eiue altchristliche Grahkammer in Kertsch{Rbm. Quartalschrift, 1894, p. 48-87 et 809827) ; Bull, de la Soc. des. Antiquaires de France, 1901, p. 185 et suiv. ; J. P. Kirsch, Les acclamations des épitaphes chrétiennes de l’antiquité et les prières liturgiques pour les défunts (Congrès scientilicpie, Fribourg, X, p. 1 18-122) ; Lefkbvre, i ?ecî/e17, p. xxix-XXX, cf. Comptes rendus de VAcad., 1909, p. 153-161.

Nous avons déjà noté que les inscriptions de la Haute Syrie présentent, plusieurs fois répété et sous diverses formes, le trisagion orthodoxe, ainsi que la variante hérétique cx-éée par Pierre le Foulon à la fin du v’siècle. Ce sont là, vraisemblablement, des emprunts à une liturgie déjà codifiée, cpii s’est conservée jusqu’à nous sans modification. D’autres textes au contraire, — doxologies, citations scripturaires plus ou moins adaptées aux usages directs du culte,

— nous révèlent une liturgie du type de celles de S. Basile et de S. Jacques, mais néanmoins assez différente, pour que, grâce à ces modestes témoins de la

« lex orandi » syrienne, nous puissions remonter, 

par delà les liturgies de S. Basile et de S. Jacques, à leur arcliétype commun. Cf. W. K. Prentice, Fragments nf an earlv Christian liturgv in syrian inscriptions (Trans. and Proceed. of the americ. philolo^. association, XXXIl, 1901, p. 81-100) ; dumème, AAÉ, préface, p. S-16 elpassirn ; H. Leclercq. L’épigraphie liturgique de la région d’Antioche, dans Bev. Bénédictine, XXII, iQOÔ, p. 429 et suiv.

/5) Culte des saints. Le culte des saints — et é^-alement celui des anges — se rattache intimement à la croyaiicQ au dogme de la commimion des saints. Voir Diction, de Théologie, s. v. Communion des saints d’après les monuments. Frères des vivants, devenus puissants, les saints continuent à s’intéresser à leurs frères de la terre : ils les couvrent de leur protection ; c’est en leur faveur que leurs prières montent vers Dieu, conmie se lèvent leurs mains sur les fresques naïves cpii nous ont conservé la repré sentation de quelques-uns d’entre eux ; mais c’est surtout au moment de la mort et du jugement que leur intervention se fait plus active : on croit à leur intercession, à leurs supplications, à l’efiicacede leur médiation ; enfin ce sont eux qui introduisent au ciel leurs clients. Si les saints jouissent, au ciel, de la vision de Dieu, et si les prières peuvent monter à eux de partout, ils sont cependant censés résider d’une façon spéciale dans leurs tombeaux, dans les chapelles qui renferment de leurs reliques ou ont été érigées en leur honneur ; aussi, plus on s’en approchera, plus on s’imposera au patronage de ces puissants amis : leurs reliques ou leurs tombes gardent les villes et protègent les morts c{ui A’iennent dormir près d’elles. Ces faits nous sont connus par les plus anciens écrits chrétiens ; mais il n’est pas inutile de recourir au témoignage des inscriptions qui nous font pénétrer d’une façon plus intime peut-être dans ces relations, faites de confiance et de vénération, qui unissent l’Eglise militante à l’Eglise triomphante. Là encore, il faudra se borner à ne toucher que quelques points plus saillants, sans entrer dans le détail de mille traits touchants où se révèlent, dans leur piété naïve, les humbles âmes des premières générations chrétiennes.

Il n’j' a. je crois, aucune source comparable aix inscriptions pour la précision des détails qu’elles nous fournissent sur l’histoire du culte des saints, des martyrs et des reliques. Encore ne doit-on pas en aborder l étude sans préparation et sans précautions, L’épithète « sanctus », rencontrée dans n’importe quel texte épigraphicjue n’atteste pas toujours un culte et ne canonise pas le défunt. Cf. Analecta Bollandiana, XVIII, p. 407-4 1 1 : XXIII. p, 8 et surtout la belle étude du P. Delehaye, ibid., XX""III, p. i 45200. On n’a pas toujours évité des erreur » sur ce point ; il y a même eu des méprises particulièrement fâcheuses. Les vieux hagiographes n’y regardaient pas de si près : du 83’mille d’une voie romaine ils faisaient volontiers 83 soldats martyrs. Combien d’autres fois, en quête de saints inédits, n’ont-ils pas pris, à la lecture d’une inscription mal comprise, le Pirée pour un saint ? On ne saurait toujours le déterminer avec certitude ; mais il est certain que l’on rencontre, dans les martyrologes, quekjues saints ou martyrs dont l’existence et le culte n’ont pas d’autre origine. Tel serait, au dire des juges les plus compétents, le cas des prétendus saints Senator, Viator, Cassiodorus et Dominata, martyrisés au temps d’Antonin (Martrrol., 14 sept.) ; de S. Marcel, vicaire général de Théodose, et de 12 martyrs ses compagnons ; de S. Atilus, honoré à Trino (Piémont) ; de Digna et Mérita, épithètes canonisées ; autres exemjiles cités par Delehaye, L^égendes hagiographiques, p. 98 et suiv. : Dei.eiixye, dans Mélanges Paul Fabre, Paris, 1902. p. 40-50 ; sur le cas célèbre de S" Philomène, voir en particulier O. Marucchi, Miscellanea di storia ecclesiastica, II, 1904, p. 865-386 ; ?iuovo Bullet. di Archeol. crist., Xll, 1906, p. 253-800 ; cf. Anal. Boll., XXI’V, p, 119-120 ; Boxavenia, s. j., La questione puramente archeologicae storico-archeologica nella contro^ersia fîlumeniana, Roma, 1907.

Mais des erreurs accidentelles ne doivent pas diminuer notre confiance dans les données fournies par les inscriptions. C’est à elles, bien souvent, que nous devons les renseignements les plus précis sur la diffusion du culte de tel outelsaint. Qu’on prenne comme exemple, v. g. le culte de S. Georges (cf. Delen, iYE, Les légendes grecques des saints militaires, 1909. p. 47-50) ; ou, mieux encore, les dévotions africaines : nous voyons figurer parmi les saints honorés dans cette province, à côté de saints ou de martyrs du pays, des saints romains : S. Pierre et S. Paul,