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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/733

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EPIGRAPHIE


S. Hippolyte, S. Laurent ; des orientaux : S. Etienne, S. Julien, S. Hésiodorus, S. Menas, S. Pastor ; peut-être aussi des saints gaulois et espagnols. Cf. Monceaux, Enquête (Mémoires), p. 7 et Rabeau, ].e culte des Saints dans l’Afrique chrétienne, igoS. Ce sont encore de modestes monuments archéologiques, le plus souvent munis d’inscriptions, qui nous font connaître, par exemple, l’universalité de la dévotion à S. Menas, ce martyr phrygien, dont le sanctuaire dans le désert maréotide fut un des lieux de pèlerinage les plus célèbres de l’antiquité. Cf. Bict. d’Arch. cfirél., s. V. Ampoules à eulogies, col. i’^2b-i’j'50 ; C.-M. Kauf.man.v, Ikonogriiphie der Menas-Ainpullen, Le Caire, 1910.

Non moins que la diffusion du culte d’un saint, les dévotions locales reçoivent un jour particulier des découvcrtes épigraphiques, et le départ se fait entre les traditions légendaires et la réalité. Un exemple des plus suggestifs a été fourni par de récentes découvertes en Dalmatie. Voir Deleuaye, L’hagiographie de Salone, dans Anal. BolL, XXIII, p. 5-18 et Jahreshefle de Vienne Beiblatt, X, col. 77-110 ; cf. Saints d Istrie et de Dalmatie, Anal. Boll., XYIII, p. 369-4 1 1.

Nombre de cultes nous apparaissent en pleine possession ; pour d’autres, nous pouvons presque renu)nter à leur origine : tel serait le cas de S. Trophime d’Antioche de Pisidie, martyrisé à Synnada, sous Probus (276-282). Le reliquaire du saint, conservé au musée de Brousse (Bull, de corr. hellén., 1909, p. S^1348), remonterait, au dire de juges autorisés, au début du iv^, et même probablement à la fin du me siècle. Ce serait une des plus anciennes attestations d’un culte rendu à un martjr.

Enlin, chaque dévotion a ses manifestations spéciales : nous ne pouvions manquer den retrouver la trace dans les inscriittions et les monuments archéologiques. Tel nom de saint est très en faveur, les fidèles le pi’cnnent souvent au baptême ; tels autres saints voient de nombreuses églises s’élever sous leur vocable ; quelques-uns sont réputés posséder plus de crédit que d’autres : on le constate aux tondjes plus nombreuses qui se serrent dans leur voisinage, aux graffiti des pèlerins venus de loin se recommander à leur intercession, aux ampoules à eulogies qui, avec l’huile sainte des lampes allumées devant leurs tombes vénérées, l’eau des sources miraculeuses, la terre des saints lieux cpi’elles renfermaient, faisaient rayonner bien loin leur inlluence. Cf. Dict. d Arch. clirét., s. v. Ampoules à eulogies ; Le Blant, Becueil, i ». cvii et II, p. /129 et suiv.

Veut-on un exemple plus caractéiistique encore, il nous sera fourni par l’Afrique. De bonne heure, le culte des saints y a pris une grande extension, qui nous est attestée, non seulement par les écrivains du paj s, par la riche série des relaliojis martyrologifpies, par plusieurs canons de conciles ; nuiis encore par d’innoiid)rables monuments retroués de nos jours : basili(4ues ou chapelles, tables d’autels, inscriptions de tout genre. Cf. //ec arcliéol., 190/1, I, p. 177 ; S. GsRLL, Les monuments antiques de l’Algérie, 1901, 2 vol. in-8’J. Ce dernier ouvrage énumère et décrit (t. ii, p. 107-31J3) 169 chapelles, baptistères ou basiliques dont l’existence a été constatée avec certitude ; beaucoiq) de ces monuments sont dédiés à des saints. En attendant un travail d’ensemble sur le culte des saints en Afri(|ia-, ipii repreiulrail et compléterait celui de M. IIaueai’, nous avons dn moins la bonne fortune de posséder d(jà une enquête conscieiu-ieuse sur les inscriptions qui mentionnent des martyrs, des saints ou des reliques <lans le nord de l’Africpu". M. MoNCKAix en a rele^ é environ 120, et le nombre s’en accroît cha(|vu-jour. Grâce à ces dociunents

nombreux, on peut dresser des listes de martjrs africains d’après les sources monumentales (Monceaux, Hist. littér., 111, p. 530-535 ; cf. Mémoires, p. 3 et suiv.), les confronter avec celles des martyrs et des confesseurs mentionnés dans les sources littéraires (Monceaux, /List, littér., III, p. 536-561), identifier les personnages, déterminer avec plus ou moins de rigueur leur époque et les circonstances de leur mort et séparer les martyrs donatistes des saints catholiques. Sur ce dernier point, voir 7 ?ei’. de Philologie, 1909, p, 112-161. Nulle part on ne constate mieux l’appui nuituel que l’archéologie et l’histoire peuvent se prêter, et l’on ne saisit tiussi clairement les i-ésultats précis qui naissent de cette intime collaboration.

Les inscriptions en relation plus immédiate avec les « reliques » sont pour nous d’un intérêt particulier. Les noms employés tour à toiu’pour désigner les parcelles A’énérées des saints corjjs — nomi/ia, niemoriae, reliquiæ — (cf. Bull, de la Soc. des Antiq. de France, 1898, p. 238-2^1 ; 1905, p. 208-209 ; ’9*^7’p. 285-286) ; la place qui leur est assignée dans les églises, dans la table même de l’autel, dans des reliquaires, urnes d’argile ou modestes colïrets de pierre ; les authentiques qui les accouqjagnent, gravées sur des briques, des tessons, des lamelles de plomb ou des plaquettes de mica : tous ces détails ont leur prix, ce sont les titres d’antiquité d’une des dévotions les plus chères aux cœurs chrétiens, et personne n’en récusera le témoignage. On n’est pas moins surpris de retrouver, dès le iv’siècle, à côté des dépouilles des martyrs et unies dans la même vénération, des parcelles de la vraie croix (Monceaux, n""* 297, 317, 319) : de cruce Dni, de ligna crucis, sancto ligna crucis Christi sah’utoris, — et de la terre sainte (ibid., n" 317). Le n° 317 serait le texte épigraphique le plus ancien relatif au culte de la vraie croix (.Jz/aL BolL, 1891, p. 367).

Tous ces documents de la dé^ otion africaine font écho au témoignage de la passion des Occidentaux pour les reliques (cf. Bréhier, Byz. Zeitschrift, XII, p. 35) et parfois aussi de leur naïveté : ne croyait-on pas posséder, à Carthage et à Calama, des reliques des trois jeunes Hébreux jetés dans la fournaise par Nabucliodonosor ? (Monceaux, n°* 23/j et 261). Les Français du moyen âge ne devaient pas montrer plus de déliance.

d) Institutions ecclésiastiques. — Sur ce dernier point, nous sommes encore en droit d’attendre des inscriptions des informations d’autant plus précieuses qu’elles ont à suppléer au silence des sources littéraires. Elles ne trahissent pas noire attente : églises locales mieux connues, traditions re^isées. fastes épiscopaux complétés, éèehes identifiés, personnel ecclésiastique et institutions religieuses reconstitués : tel est, sur ce point spécial, le bilan des résultats de l’épigrapliie et de l’archéologie.

Soupçonnait-on, à les voir figurer dans les listes épiscopales ou dans des énumérations île géographes, que des villes comme Madaba, dans la Transjordane, ou Androua, dans la haute Syrie, étaient, au début de l’époque byzantine, des centres chrétiens importants ; que Madapa renfermait douze églises prestpie toutes ornées de belles mosaïques, et que la petite ville syrienne, dont les ruines ne couvrent pas plus d’un mille carré, possédait dans son enceinte dix églises ou chapelles ? Se ferait-on une idée de la vie clirélienne et des constructions ecclésiastiques de la Syrie centrale, si les voyageurs (Vogué, Buti.eh, etc.) n’en avaient étudié les ruines et copié les inscriptions ?


Sans les découvertes archéologiques et épigrapliiques de Uamsay et de tant d’autres, nous saurions