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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/811

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ÉVANGILES CANONIQUES

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l’autre. — EnOn, c’est dans l’ouvrage de Papias que saint Irénée a dû puiser certains dires des presbytres qui paraissent dépendre de l’Evangile de saint Jean, savoir : le dire sur làge du Christ, qui aurait été de cinquante ans, cf. Jean, viii, b-j ; et celui concernant le grand nombre des demeures chez le Père céleste, cf. Jean, xiv, 2. Irénée, Contra Jlæres., II, XXII, 5 ; V, xxxvi, 2. Harnack, Chronologie, t. I, p. 356, 658 ; Juelicher, Einleititng in das 3. 7’.. 5’et 6* éd., 1906, p. 366-367 ; Dri’Jimond, Jn Inquiry into the Character and Autliorsliip of tlie Foiirth Gospel, igo3, p. 2^7, 248.

A-t-il connu l’Evangile de saint Luc ? On ne peut le déduire des fragments conservés de ses œuvres ; mais cela est rendu hautement probable par le fait qu’il a connu nos autres Evangiles, y compris les plus anciens.

IS. Marcion, les montanistes, les gnostiques (ldo").

— A la même époque, nous trouvons utilisés dans plusieurs sectes hérétiques, soit le troisième Evangile, soit le quatrième. — L’Evangile que Marcion, entre 144 et lô^, avait donné à sa secte, n’était qu’une édition mutilée de l’Evangile de saint Luc. Irénée, Contra Hæres., I. xxvii, 2 ; III, xii ; Tertullien, Ad%’. Marcion., IV, 11, iii, iv. Cf. Zahn, Geschichte des neutest. Kanons, t. L p. 67^ sq. ; Bebb, art. Luke, , Gospel of, dans le Diciionary of the Bible, de Hastings, t. III. p. 169.

Les montanistes, dont le mouvement prit naissance en Phrygie, autour de 156-157, s’appuyaient sur le quatrième EAangile, considéré comme écrit apostolique, pour prétendre qu’ils réalisaient le règne duParacIet annoncé en ce document, Jean, xiv, 26 ; XV, 26 ; XVI, 12-1 5.

Le quatrième Evangile était également exploité par les écoles gnostiques. En juirticulier l’on rattache communément au prologue de saint Jean les quatre couples d’éons dont, à Rome, vers)35-160, Valentin composait son ogdoade.

13. 3° La tradition entre 140 et 95. — i^" Etat des documents. — Si nous remontons à la première moitié du 11’^ siècle, les documents se font plus rares et moins précis. Ce sont, en général, des écrits de circonstance et d’un caractère particulier, où l’on n’avait guère occasion de citer nos ouvrages. D’autre part, il ne faut pas oublier qu’à une époque où vivaient encore ceux qui avaient connu les apôtres ou leurs disciples, la tradition orale restait prépondérante, et l’on sentait moins le besoin d’en appeler aux écrits. Le témoignage néanmoins très réel que ces divers documents rendent à nos Evangiles n’en est que plus signilicatif.

II’Epitre de S. Clément (i^o- ! Jo’). — Vers 1301 50, l’ancienne homélie, dite II* Epitre de saint Clément, cite tliverses paroles évangéliques, dont le texte paraît emprunté à saint Matthieu ouà saint Luc. II r/e/ »., Il, /( ; IV, 2 ; VI, I ; IX. II ; xiii, /(.

14. l.e Pasteur (i ib-tbo"). — Vers i 15-150, le Pasteur d’HERMAs, sans citer expressément les textes évangéliques, a un certain nombre de passages (]ui ])araissent en ètredes léminisccnces. Ils’est inspiré, semblet-il, de saint Marc et de saint Matthieu. Vis., iii, 6 ; Sim., V, 2, 5 ; ix, 20, 25. 29 ; Mand., iv, 1. Il offre même avec le quatrième Eangile des rapports d’idées et d’expressions assez frapjjants, qui perinctlent de croire au moins à une iniluence exercée sur l’auteur paj cet Evangile. Sim., ix, 12, 2^ ; Mand., III, /|.

15. Epitre de S. Barnabe (ioo-130*). — Vers 1001 30, l’Epitre dite de Barnabe cite comme Ecriture la parole, que l’on trouve en saint Matliiieu. sur le grand nombre des appelés et le petit nombre des élus.

Barnab., iv, 14 ; cf. Matth., -k^, 6 ; xxti, i^. Ses allusions à la passion rappellent également le texte du premier Evangile. Barnab., vii, 3, 5, 9 ; cf. Matth., xxvii, 30, 34, 48, 54. On peut même attribuer à l’influence du quatrième Evangile le fait que l’auteur de l’Epître interprète le serpent d’airain comme symbole du Christ en croix, et qu’il emploie des formules johanniques, telles que « venir en chair »,

« apparaître en chair », « vivre à jamais ». Barnab., 

V, 6, 10 ; VI, 7, 9, 14 ; XII, 5-7 ; XIV, b.Zxiiy, Einleitung indus N. T., 1900, t. II, p. 448 ; Sanday, The Crilicism of the Fourth Gospel, 1905, p. 241.

16. Evangile de Pierre (1 io-13a*). — Vers i io-130, l’évangile apocryphe appelé Evangile de Pierre exploite notre Evangile de saint Jean et paraît lui emprunter, en particulier, ce qu’il rapporte du jardin de Joseph, du crurifragium, et même ce qu’il croit pouvoir dire de Jésus assis au tribunal de Pilate. Ev. de Pierre, 7, 14, 24 ; cf. Jean, xix, 13, 32, 41.

17. La iJidachè (So-iio’). — Vers 80-130, laDioACHÈ ouDoclrine des douze apôtres, a un certain nombre de citations évangéliques en rapport étroit avec le texte de notre premier Evangile. Did., vni, ix, xv. Plusieurs passages semblent combiner le texte de saint Matthieu avec celui de saint Luc. Did., i, xvi. Les prières eucharistiques contenvies en ce document ont une saveur toute johannique, mais qui peut être due à l’influence de la liturgie primitive, elle-même apparentée à la tradition de saint Jean.

18. >'. Polrcarpe (108-1 18’). — Vers 108-118, saint PoLYCARPE cite comme paroles du Seigneur diverses sentences qui tigurcnt en des termes très approchants dans nos Evangiles de saint Matthieu et de saint Luc. Philip., II, 3 ; iv ; vii, 2. Ilénonce également plusieurs sentences qui sont visiblement empruntées à la I" Epitre de saint Jean. Philip., i, 1 ; iii, 3 ; ix, 2 ; v, 3 ; VII, 1. On doit en conclure que l’Evangile de saint Jean existait lui-même à cette époque, et l’on peut estimer avec une haute vraisemblance que saint Polycarpe l’a connu, aussi bien que l’Epitre, Cf. Philip., V, 2 ; XI, I. Harnack, Chronologie, t. I, p. 658 ; Zahn, Einleitung in das A. T., t. ii, p. 465 ; LoisY, Le quatrième Evangile, igoS, p. 7.

19. *’. Ignace (107-117*). — Vers 107-117, saint Ignace, allant subir le martyre à Rome, écrit ses sept Epitres, reconnues aujourd’hui [jarfaitement authentiques. On y trouve plusieurs passages qui font allusion au texte de saint Matthieu et de saint Luc. Eph., VII, 2 ; XIV, 2 ; XVII, i ; xviii, 2 ; Trall., xi, i ; Sniyrn., I, 1, 2 ; Pol., II, 2 ; Magn., ix, 2. Sa théologie se rapproche, sur beaucoup de points, de celle du quatrième Evangile, et noml)re de ses expressions et formules rajipellent celles de ce document. Magn., viii, 2 ; Boni., VII, 1-3 ; Philad., vii, i.

D’après quelques critiques, cette aflinité pourrait être due à un séjour prolongé de l’auteur dans une communauté chrétienne influencée par la pensée johanni (iuc. Von oer Goltz, Ignatius von Antiochien als Christ und Theologe, 1894, p. 118-144, 197-206 ; Harnack, Chronologie, t. I, p. 396 sq., 674, "ote i.

Les autres, au contraire, estiment qu’elle ne saurait s’expliquer que parune véritable familiarité de saint Ignace avec le ([uatrième Evangile lui-même. « Il parait évident. déclare M. LoisY, Le quatr. Evang., y.67, bien (w plusieurs le contestent, qu’Ignace d’Antioche dépend, dans sa chrislologie, de l’Evangile johannifiue. » Bien plus, « il a du le connaître assez longtemps avant d’écrire ses Epitres, pour s’être pénétré de sa doctrine et de son esprit au degré que nous voyons. Il concilie la tradition synoptique avec la théologie johannique ; autant qu’on en peut juger, il emprunte à la jjremière l’histoire de Jésus et à la seconde l’idée qu’on doit se faire du Christ et de sob