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ÉVANGILES CANONIQUES

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60. Points discutés parmi les tenants de cette hypothèse. — i" Luc, dépendant de Marc et des Logia, dépend-il aussi de Matthieu ? — Les divergences notables qui existent entre les textes du premier et du troisième Evangile, dans les passages, étrangers à saint Marc, qui leur sont communs, ne permettent pas de supposer que les deux évangélistes se soient copiés, ni même utilisés dune façon tant soit peu considérable. Néanmoins un certain nombre de critiques ont pensé que saint Luc s’était inspiré de saint Matthieu, d’une façon accessoire, et à tout le moins l’avait connu. C’est l’opinion soutenue par Simoxs, Hat der dritte Evangelist den kanonischen Mutthâus benutzt ? 1880 ; AVeizsakcker, Z^as apostolische Zeitalter, 1886, 2’éd., 1892 ; Wendt, Die I.ehre Jesu, 1886, 2° éd., 1901 ; H. J. HoLTZMAXN, Einleitung, 2’éd., 1892 ; O. HoLTZMANN, Lebeu Jesu, 1901.

Quelques auteurs se liornent à conjecturer que Luc a pu connaître Matthieu, avant que ce premier Evangile ait reçu sa forme détinitive, c’est-à-dire dans une édition antérieure qui n’aurait pas contenu les récits de l’enfance de Jésus, ni quelques autres morceaux, comme la promesse du Christ à Simon Pierre. Ainsi pensent Schmiedel, art. Gospels ; "SV. SoLTAU, insère £i-angelien.

Mais la plupart des critiques, à l’heure actuelle, proclament l’indépendance complète de saint Luc par rapport à saint Matthieu. Rexan, Les Evangiles ; B. Weiss, op. cit. ; iuEi.iCïiER, Junleit. ; Wernle, Die synopt. Frage ; vox Sodex, L’rclu-istl. Literat. ; Loisy, Les Evang. srn.. Camerlyxck et Coppieters, Synopsis ; etc.

61. 2" Le recueil de Logia, qui, a’ec Marc, a servi de source à Matthieu et à Luc, donne lieu à plusieurs questions.

A) Quel était au juste son contenu ? — La plupart des partisans de la théorie des deux sources regardent le recueil de Logia comme ayant été essentiellement une collection de discours, introduits seulement par de courtes notices historiques.

Cependant quelques-uns estiment que le recueil a pu contenir de véritables récits, mêlés aux discours. H. J. Holtzmanx, Liinleitung, 2’éd., p. 350.B. Weiss, op. cit., va plus loin. D’après lui, ce document primitif aurait contenu, outre les discours, un assez bon nombre de récits, et déjà comme une esquisse du ministère public de Jésus. — Rexax, Vie de Jésus, et Evangiles, y voyait même un véritable Evangile, ressemblant beaucoup à notre Evangile grec de saint Matthieu, sans lui être pourtant identique.

B) Sous quelle forme le document a-t-il été connu respectivement de Matthieu et de Luc ? — D’après quelques critiques, Matthieu, et peut-être même Luc, auraient connu et exploité le recueil de Logia en araméen. — Le plus grand noml » re pensent que les deux évangélistes ont travaillé sur ce document primitif déjà traduit en grec, et que même ils ont dû le posséder en des recensions dilKérentes, ce qui expliquerait en partie leurs divergences dans la manière de présenter les éléments cpi’ils lui ont empruntés. Tel est l’avis de Ueuss, A’erxle, Jueliciier, vqnSode.n,

SOLTAU, LOISY.

C) Ce recueil de L.ogia était-il un écrit original, ou bien avait-il lui-même des sources ? — Prcscpie tous les i)artisans de la théorie des deux sources ont jusqu’ici envisage le recueil de Logia comme un document original, primili ement rédigé en liél)reu, ou plutôt en araméen, et bientôt traduit en grec. Ainsi,

ReNAX, ReISS, II. J. IIoi.TZMANN, HaRX.A.CK, JuELICHEH, VON SODE.N, W’klLHAUSEX.

Exception est faite à présent par MM. Scumiedix et LoiSY, d’après lesquels le recueil de Logia, utilisé par nos Sjnoptiques, serait probablement dérivé

d’un document plus ancien, peut-être araméen, moyennant des combinaisons rédactionnelles intermédiaires, dont la série est d’ailleurs impossible à reconstituer. Schmiedel, art. Gospels, dans l’Z/Jc^c/. biblica, t. 11, col. 1862-1869 ; LoisY’, Les Evang. syn., t. 1, p. 142-ii^3. Cf. Strauss, Nouvelle vie de Jésus, t. 1, p. 60, 149-1Ô2.

68. 3" Xotre Evangile actuel de Marc, qui a servi de source à Matthieu et à Luc, est-il lui-même un document de première main, ou dépend-il de sources écrites ? — Les critiques, nous l’avons vu, semblent présentement s’accorder à reconnaître que notre Marc actuel ne vient pas d’un proto-Marc, c’est-à-dire d’un Evangile proprement dit, de contenu assez semblable, quoique non identique, à notre Marc canonique, et dont celui-ci serait un simple remaniement. Ils ont néanmoins continué de se demander si notre Evangile actuel de Marc était une œuvre pleinement homogène.

Jusqu’ici, la plupart ont admis l’unité et l’originalité de cet Evangile, exception faite pour le discours escliatologique du chap. xiii, qui serait une petite apocalypse, répandue d’abord dans la communauté chrétienne et utilisée plus tard par notre évangéliste. Telle est l’opinion de Re.nax, H. J. Holtzmann, Har XACK, JUELICHER, ^^’ER^LE, SoLT..U.

D’après quelques critiques, l’auteur de Marc aiu-ait connu le recueil de Logia et s’en serait un peu inspiré. Weizsæcker, b. Weiss, O. Holtzmaxn, etc. — D’autres, plus récents, prétendent que Marc ne se serait pas seulement inspiré des Logia, mais qu’il en dépendrait A’éritablement pour une bonne partie de ses matériaux. Ainsi, J. "NVeiss, Uas atteste Evangelium, J903 ; Nicoi^vrdot, Les procédés de rédaction des trois premiers évangélistes, p. 215 sq. ; LoisY, Les Evang. srn., t. I, p. 82.

Au sentiment de M. Loisy’, ibid., p. 118, le second Evangile aurait eu encore, comme source principale de ses récits, une sorte d histoire abrégée du ministère du Christ, ou de narration évangélique fondamentale, peut-être composée en araméen et à Jérusalem. Ce document narratif n’aurait pas embrassé l’ensemble de la vie publique, ce n’aurait pas été un Evangile abrégé, une sorte de proto-Marc, mais seulement une source partielle pour la composition ultérieure de notre Marc canonique. Il n’aurait pas davantage contenu, avec les récits, un ensemble de discours, coipme B. ^Veiss l’a conjecturé pour le recueil primitif de Logia, mais aurait constitué une source distincte du recueil des discours. En résumé, Marc aurait eu, à l’exemple de Matthieu et de Luc, une double source : l’une narrative, savoir un document historique, pris comme fond de narration ; l’autre, qui lui est commune avec les deux autres Synoptiques, le recueil de Logia. Cf. E. Wexdlino, i’r-.Varkus, 1906 ; Die Entstehung des Marcus-Evangeliums, 1908.

III. Appréciations et conclusions. — Voici ce que l’on peut dire de Ans probable sur les hypothèses que nous venons d’exposer.

63. 1° — L’hypothèse de la dépendance à l’égard de la tradition ora/c est insullisante à expliquer l’ensemble (lu problême synoptique.

Elle fait sans douté fort bien comprendre que chacun de nos Evangiles ait des parties qui lui sont propres, et elle rend bien compte des divergences qui se constatent dans les parties communes à nos trois documents, soit récits, soit discours : nos évangélistes auraient consigné des traditions dillérentes et des catéchèsesde contenu varié. On peut même penser que là se trouve en effet, la vraie raison d’un grand nombre des particularités propres à nos divers écrits.

Lhypothèse oIVre également une explication assez