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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/845

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EVANGILES CANONIQUES

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42 ; X, 34 ; XII, 38, 4’ ; il rapporte à ses oracles prophétiques les événements de la passion et de la résurrection : vii, 38 ; xiii, 18 ; xix, 24. 28, 36, 37 ; XX, 8.

Un écrivain d’Asie Mineure, à ce point familiarisé avec la langue, les usages et les traditions religieuses des Juifs, ne peut être lui-même qu’un Juif d’éducation et d’origine. — Sa manière de parler des Juifs, comme d’étrangers et d’adversaires, 11, 13 ; v, i ; vi, 4 ; vii, 2 ; XI, 55 ; XIX, 40, etc., se comprend sans difficulté de la part d’un Juif de naissance, devenu chrétien, et écrivant pour des chrétiens d’Asie Mineure, du point de vue <le sa foi nouvelle et de son entourage présent (cf. n" 98).

160. II. L’auteur connaît intimement la Palestine CONTEMPORAINE DE JÉSUS. — 1° Il coiinaît intimement la Palestine. — f^a Galilée. — Notre évangéliste connaît fort bien la Galilée. Il n’est pas seulement capable de faire figurer dans son récit les bourgs galiléens déjà familiers aux Synoptiques, comme Nazareth, patrie de Jésus, i, 45, 46 ; Bethsaïde, patrie de Simon, d’André et de Philippe, i, 45 ; xii, 1 1 ; il est seul à parler, et d’une façon très expresse, de Cana, qu’il a soin d’appeler « Cana de Galilée », ii, i, II ; IV, 46 ; XXI, 2, pour la distinguer d’autres villes du même nom situées hors de cette province ; et il précise avec beaucoup d’exactitude qu’il faut « descendre » pour aller de cette Cana, située en effet dans la région montagneuse, à Capharnaiim, dans la basse plaine qui avoisine le lac, ii, 12 ; iv, 47. 49> 51. — Le lac de Génésareth lui semble particulièrement familier ; il connaît les villes qui sont sur ses bords, Capharnaiim, 11, 12 ; iv, 46 ; vi, 17, 24, Sg ; Tibériade, VI, a3 ; sa largeur, vi, ly (cf. Marc, vi, ^7 : ^ Matth.^ xiv, 24) ; la montagne qui le borde au nord-est, vi, 3. 15.

161. La Samarie. — Les renseignements personnels qu’il donne sur la Samarie sont aussi exacts que précis : sur la route de Judée en Galilée, passant par la Samarie, se trouve le puits de Jacob, non loin (à I kil., en effet, au S.-O.) du village de Sj’char (aujourd’hui Askar), iv, 5, 6, à l’entrée de cette fertile vallée de Sichem où les disciples peuvent contempler les blés en herbe dans les champs, iv, 35, au pied de ce mont Garizim sur lequel les Samaritains ont construit leur teuqile et que la femme de Samarie, sans le nommer, montre de la main au Sauveur, iv, 20.

La L’érée et la Judée. — Notre évangcliste a aussi une information particulière surlaPéréeet la Judée.

— Il localise le second témoignage de Jean-Baptiste à Aïnùn, près de Salim, un endroit bien pourvu d’eau, où le Précurseur pouvait baptiser aisément ceux qui venaient à lui en grand nombre, iii, 23. — Après rémoi causé par la résurrection de Lazare, il fait retirer Jésus dans la contrée voisine du désert, en un lieu appelé Ephraim, xi, 5’]. — Il connaît une Béthanie au delà du Jourdain, premier théâtre du baptême de Jean-Baptiste, i, aS (cf. x, 40). et semble la distinguer expressément de l’autre Béthanie, village de Marie et de Marthe. Olie-ci était, dit-il, près de Jérusalem, à 15 stades environ, xi, 1, 18 ; xii, i ; cl c’est, en efTet, la distance qu’il est aisé de vérilier encore aujourd’hui.

168. Jérusalem. — Si nous i)énétrons, à la suite de l’auteur, dans Jérusalem même, son information n’ajjparait pas moins rcmar<iuable. — Seul, il nous fait connaître les deux piscines de Bétliesda. v, 2, et de Siloé, xi, 7, dont la seconde est particulièrement bien identifiée. — Il parle du leinph-, en homme bien au courant des lieux. Il emploie d’une façon toute naturelle l’expression : « monter au temple », vu.

14. qui convient exactement à la situation de l’édiûce, dominant la ville du haut de ses terrasses superposées. La rencontre de l’aveugle-né avec Jésus a lieu aux abords dvi temple, et l’on sait, en effet, qu’aux abords du temple se tenaient habituellement les inûrmes et les estropiés demandant l’aumône, ix, 8 ; cf. Act., iii, 2. Lors de la fête de la Dédicace, comme c’était la mauvaise saison, Jésus se promène sous le portique de Salomon, x, 22, 23. A l’occasion de la fête des Tabernacles, le Sauveur parle dans la salle du temple appelée « le Trésor », viii, 10.

Seul, notre auteur signale, et avec une parfaite exactitude, le torrent du Cédron, séparant la ville du jardin de l’arrestation, xviii, 1-2, alors qu’il néglige de mentionner le nom de Gethsémani, fourni par ses devanciers. — Il sait que le prétoire est la résidence du gouverneur, un édifice païen où les Juifs se gardent de pénétrer, de peur de contracter souillure, xviii, 28. — Seul il mentionne le lieu que dominait le tribunal de Pilate, et il le décrit fort exactement comme un emplacement élevé (Gabhaiha). pavé en mosaïque (lvthostrotos), xix, 13. — Seul enfin il précise que Tendroit du crucifiement était à proximité de la ville et qu’un jardin se trouvait tout auprès, XIX, 20, 4’163. 2° Il la connaît d’expérience personnelle.

— Un écrivain capable de mêler à ses récits une topographie aussi détaillée et aussi précise, indépendamment des Synoptiques et des autres écrivains du Nouveau Testament, ne peut qu’avoir connu la Palestine d’expérience personnelle ; il a même dû entrer en contact intime avec les divers théâtres du ministère de Jésus. — Cela est particulièrement manifeste dans l’épisode de la Samaritaine, où les détails topographiques, très minutieux (n" 161), sont engagés d’une façon extrêmement naturelle dans la narration, fournis au fur et à mesure de l’entretien, parfois même, comme le trait concernant le Garizim, indiqués par une simple allusion. Benan a eu raison de dire : « Un Juif de Palestine, ayant passé souvent à l’entrée de la A’allée de Sichem, a pu seul écrire cela. » Vie de Jésus, p. 493,

164. 3° Il la connaît telle qu’elle était du vivant de Jésus. — D’autre part, la Palestine ainsi connue par l’auteur est la Palestine antérieure à la guerre judéo-romaine, telle qu’elle était à l’époque du Sauveur. Or, il n’est pas vraisemblable qu’un Juif, habitant E[)lit’se à la lin du 1" siècle, soit allé, depuis la catastrophe de l’an 70, visiter la Palestine et l’étudier dans ses diverses régions, d’une façon aussi complète et aussi minutieuse. La contrée était demeurée ilévastée, prescpie déserte ; la ruine complète de la ville sainte avait même mis fin aux pèlerinages annuels des Juifs de la Dispersion. D’ailleurs, c’est seulement avant la grande guerre que l’auteur a pu o’v Jérusalem debout, avec son temi)le, le prétoire, le Lithosti’otos, dont il parle avec une compétence si spéciale. — On est ainsi amené à conclure que notre auteur a connu personnellement les lieux où a vécu le Christ, dans l’état où ils étaient du vivant du Sauveur, et non depuis la grande catastrophe palestinienne.

163. lntj)orlance de ces constatations. — Le témoignage interne du livre se bornàt-il à ces deux points, savoir (jne le quatriènie évangélisle est un Juif d’origine, et qu’il connaît d’expérience directe la Palestine contemporaine de Jésus, nous aurions déjà une conlirmation exlrènuMnent remarquable du témoignage fourni par la critique externe. A Ephcse, à la lin du i" siècle, y avait-il, en dehors de l’apôtre Jean, un seul Juif qui eût connu de cette façon les diverses