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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/888

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1759

EVÉQUES

1760

Le mot Y//cùij.tJci importe un vrai pouvoir, une autorité réelle.

Ces données renversent totalement les systèmes évolutionnistes des critiques libéraux, qui reposent tous sur trois postulats :

I. A l’origine aucun chef ni pasteur, mais seulement des prédicateurs libres.

II. II n’y eut pas d’autorités établies par les apôtres.

III. Il y eut grande diversité d’organisation, notamment distinction des épiscopes et des presbytres.

Et cependant, nous venons de le prouver, à rencontre de ces aflirmations, les documents du premier siècle établissent :

I. Que dès l’origine les églises avaient des pasteurs et qu’elles étaient dirigées par des chefs.

II. Que ces chefs furent établis par les Apôtres quand ils fondèrent ces chrétientés.

III. Que les i-(- : y.^-oi et les Tr/îi^fùrecît de cette époque étaient les mêmes dignitaires.

B. — Maintenant, au point de vue catholique, quelle est cette dignité : est-ce l’épiscopat ou le presbytcrat ? Observons d’abord que nulle part on ne Aoit émerger au sein de ce groupe de pasteurs, qu’on trouve cependant dans chaque communauté, ni un supérieur ni même un président. (Il faut faire exception pour Jérusalem, où les Apôtres et, après leur <lispersion, Jacques ont les honneurs d’une mention spéciale, Act., xv ; xxi, 18.)

Ce qui caractérise les évêques et les distingue d’avec les prêtres, c’est : i" qu’ils sont leurs supérieurs et qu’ils ont le pouvoir de conférer les ordres sacrés, 2° qu’ils ne sont jamais plusieurs à la tête d’une même église.

1° La tradition ecclésiastique est unanime à enseigner que seuls les évêques ont la plénitude de l’Ordre, nécessaire pour créer des prêtres et des diacres et assurer la transmission des pouvoirs apostoliques.

S. Jkax CHKYsosTOME(//om. 1 1, 1, iii ep. lad Tim.), S. Jkrome (Ad E’ang., Ep. cxlvi, i, al. lxxxv), S. EpiPHANK (Ilær., lxxv, 4), les Constitutions apostoliques III, xx) formulent nettement ce jjrincipe. Déjà S. Clkment de Rome, ch. xliv, du moins selon l’interprétation que nous préférons, faisait valoir cette règle de la succession du ministère chrétien. Les Apôtres, qui avaient institué des surveillants et des diacres, sTrtTxorou ; xai Sikzcvov ; , ont légué leur mission et leur pouvoir à quelques hommes éprouvés : c’est pourquoi il y avait à la tête des églises, à la lin du premier siècle, des ministres établis par les Apôtres, et d’autres établis par ces hommes illustres, successeurs des Apôtres.

Mais au témoignage de S. Clément, les surveillants institués par les Apôtres n’avaient pas la puissance d’instituer d’autres ministres ; et il n’y a aucune raison de croire que les iT : 17xcnoi-T : p ! 7 ! ^-Jr£poi des écrits apostoliques aient jamais ordonné d’autres pasteurs ou des diacres par l’imposition des mains.

Un seul texte jiourrait nous être opposé : au témoij, ’nage de S. Paul, Timothée reçut la grâce de la consécration en vertu de prophéties avec l’imposition des mains du collège presbytéral, roù-nps^Q’jreoio-j (I Tini.,

iv, 14).

Mais l’Apôtre a-t-il voulu par là reconnaître à ce collège le pouvoir d’ordonner ou sinqilement celui de prendre part à la liturgie de l’ordination ?

Ce doute semble élucidé ^lar la II’lettre à Timothée, où il est parlé de la même grâce en ces termes :

« Le don de Dieu… est en toi par l’imposition de

mes mains » (i, 6). Si S. Paul, en vertu de la I" lettre, n’est pas le seul qui ait imposé les mains à son dis ciple, ou moins en vertu de la II’est-il le seul qui l’ait consacré. L’imposition des mains de l’Apôtre a été la cause, celle des prêtres n’a été qu’un simple cérémonial, comme l’indiquent assez les conjonctions a-z’J. et StK employées avec le génitif, la première signitiant la concomitance, la seconde la causalité.

2" La seconde caractéristique traditionnelle de l’épiscopat, c’est Vuniié : un seul évêque pour gouverner une église. S. Ignace d’Antioche fait déjà clairement entendre dans ses lettres que l’évéque occupe seul son siège ; citons seulement, Philud., iv : £u ÈTTicrxiKîç v./xv. rrZ TTyîcTcjTtysic ;) xal ôt « xo>ît ;  : il y a un seul évêqiie avec le collège des prêtres et les diacres. S. Ihknék le suppose (y/c ?i’. //aer., III, XIV, 2) ; le concile de Xicée (canon 8), S. Cyprien (De Unitate Eccl., viii) ; S. Jeax Curysostome {/loin il. i. 1 in Phil.), S. Jérôme (C(>m/ ; i. in TH., 1) S.EpiPHANE(//aer., Lxxv), Théodoret (Hist. eccl.. ii, xiv) le disent en termes formels. C’est du reste un principe incontestable. A moins d’une division causée par un schisme, il n’y a pas d’exemple d’église gouvernée à la fois par devix évêques au même titre.

Or les textes du premier siècle parlent de plusieurs £7T(71<c-ii--j ; £-SjT£ ;  :  ; it dans une même communauté et jamais d’un seul. Le livre de^ Actes parle en dilférents endroits d’un semblable collège à la tête des églises de Jérusalem (Act., xv, 2, 4 ; xvi, 4 ; xxi, 18), d’Ephèse (.d(c<., xx, 17, 28), de celles que fonda l’Apôtre (xiv, 28) : c’est le-pe^Q-jzépicv de l’église (I Tiin., iv, 14). Philippes et les villes de la Crète possèdent également le leur {Phil., I. 1 ; Tit., i, 7.) Il en est de même dans les communautés des épîtres de S. Pierre (I Petr.. v, 1 ss.), de S. Jacques (Jac, v, 17) et de la Didaché (Did., xv), en un mot dans toutes les églises que les Apôtres fondèrent.

Ces kr.izy.oT.oi-r.p-z’lùr-p’yi sont donc les prêtres.

Cette interprétation a le mérite d’être constante et uniforme et de reconnaître aux mêmes termes, à la r.i’’)e époque, une seule signification. Elle explique au.st pourquoi les écrits de la littérature apostolique nomment toujoui-s les diacres immédiatement après les ini’jy.or.oi, sans faire mention d’un degré intermédiaire.

Un seul texte demande au point de vue Ihéologique une note spéciale, ])rincipalenient à cause de l’application que le concile de Trente (Sess. xxiii, de Ordine, c. 4)< ?n fait aux évêques : c’est celui des Actes, XX, 28. Est-ce que là le mot iTri^xoTTst ne désigne pas des évêques proprement dits ? « Le Saint Synode déclare… que les évêques, qui sont les successeiu’s des Apôtres, appartiennent en premier lieu à la hiérarchie et à l’Ordre, et qu’ils sont établis, comme dit l’Apôtre, par TEsprit-Saint pour gouverner l’Eglise de Dieu et qu’ils sont supérieurs aux prêtres. » C’était donc bien le sentiment des Pères du concile que l’Apôtre avait adressé ses paroles à des évêques proprement dits. On peut faire remarquer cependant qu’ils n’ont pas eu l’intention de déclarer que le sens qu’ils attachaient à ces paroles des Actes, xx, 28 est celui « que l’Eglise catholique a toujours tenu ».

De fait, S. Jean Chrysostome, S. Jérôme, Tiiéooo-RET, S. Thomas (11^ Il^e, q. 184, a. 6, ad i), et même après le concile, Stapleton (Antid. Apost. in Act. ad h. l.), Cornélius a Lapide et bien d’autres écrivains ont pensé que ces paroles étaient adressées à des prêtres. Qui dira que le concile de Trente ait aouIu définitivement imposer pour ce texte une interprétation donnée en passant, et opposée à l’enseignement d’illustres commentateurs, et notamment à celui de l’Ange de l’Ecole ? Qui ne sait, comme le fait remarquer le cardinal Gotti, que dans les définitions des Conciles est seulement de foi ce qui fait l’objet de la