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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/889

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EVEQUES

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(létinition et non pas ce qui en est le motif. Il n’est donc pas défendu de penser et d’admettre queS. Paul à Eplièse s’adressait à des prêtres. « Rien n’empêche de dire, observe à ce propos le Manuel biblique de Bacuez-Vigouroux (t, IV, n. 53g, éd. 9) que les prêtres sont établis pour faire l’office de pasteurs dans lEglise de Dieu. N’est-ce pas pour cette lin qu’ils sont consacrés par le sacrement de l’Ordre et investis de pouvoirs surnaturels ? Il est vrai qu’ils dépen<lent des évêques et que leurs pouvoirs sont moins étendus ; mais l’autorité peut exister sans l’indépendance. .. Ne leur donne-t-on pas communément le titre de pasteurs et recteurs, quand ils ont, comme ceux qui se trouvaient à Ephcse, un emploi déterminé dans le saint ministère ? »

Conclusion. — Les prêtres que les Apôtres mirent à la tête des Eglises s’appellent tantôt sTrux^TTot, tantôt T.r.i^fijTipoi. Ce n’est que dans les écrits du n’siècle que le mot £-(7zs7tî ? prend la signitication (ïé^-êque que nous lui donnons aujourd’hui.

i^ II. — L’organisation des églises par les Apôtres

I. JÉRUSALEM. — Durant la période de formation, cette communauté fut dirigée par le collège apostolique.

De très bonne heure, la hiérarchie y reçut un premier développement par l’institution des sept diacres (Act., vi) ; bientôt après, vraisemblablement à cause du nombre croissant des fidèles et du départ des Apôtres, par la création de prêtres (Act., xi, 30 ; xv). Ces prêtres, sans avoir la plénitude du pouvoir apostolique, en ont cependant une large part : sous la suprématie des Apôtres et notamment de Jacques, ils sont les pasteurs du troupeau du Christ.

Quand les Apôtres se dispersèrent, Jacquesdemeura à Jérusalem et garda tout naturellement le gouvernement de cette église, devenant seul son pasteur en chef. Il a en quelque sorte succédé au collège apostolique, soit qu’il fût lui-même Apôtre, comme nous le croyons, soit ((u’il ait été établi pour les remplacer à la direction de cette église.

Ce sera sans doute son titre de « frère du Seigneur » et du Messie, qui aura déterminé ce choix de Jacques comme chef de l’église judéo-chrétienne. Il fut ainsi le premier évcquc à siège (ixe.

Voir plus loin ! ^ III, les listes épiscopales.

Aucun document du premier siècle ne lui donne ce titre : rien d’étonnant, puisque le mot è-Kiry.cr.ci ne désignait alors que les prêtres.

II. Eglises de S. Paul. — Dès sa première mission, Paul, en compagnie de Barnabe, préposa des prêtres aux églises qu’il fonda (Act., xiv, 22).

A. Ephèse. — Il ne dérogea certainement pas à cette règle en prêchant la foi à Ephèse. En effet, une année environ après son départ, il mande à Milet les prêtres de cette église et leur rappelle qu’ils ont à A-eiller sur leur troupeau (Act., xx, i^, 28).

C’est encore la même organisation vers l’an G/), quand l’Apôtre écrit sa première épître à Timothée, auquel il avait demandé de demeurer àEi)hèse (i, 3). Les qualités requises dans les prêtres et les diacres y sont énumérécs en détail (m, i ss.), apparemment parce que Timothée devait en établir. Celui-ci avait en ciFel le pouvoir d’imposer les mains, de juger les jirétres, et de leur assurer une juste rélril)ulion (v, 1--21). En un mot il instituait le clergé et veillait au maintien de la discipline ; il avait la haute main sur toute la communauté.

Il y avait donc à Ephèse le ministère ordinaire des prêtres et des diacres.

Mais dans la personne de Timothée, nous nous trouvons devant une dignité nouvelle, une fonction temporaire et extraordinaire, celle de délégué de l’Apôtre. Il a le pouvoir épiscopal, seulement il ne l’exerce à Ephèse qu’à titre précaire, pour autant que son maitre l’y laisse. « Je t’ai demandé à mon départ pour la Macédoine de demeurer à Ephèse, afin d’avertir certaines gens de ne point enseigner une autre doctrine. » (I Tim., i, 3.) Bien des fois déjà il avait été chargé de missions semblables, à Thcssalonique, à Corinthe, à Philippes (1 Thess., iii, 2, 3 ; I Cor., iv, 17 ; Pliil., Ti, 19 ss.). Aussi, bientôt l’Apôtre en captivité le rappelle d’urgence : « Hàte-toi de venir à moi sans délai… Amène Marc avec toi… Hàte-toi de Acnir avant l’hiver. « (Il Tint, , iv, 8, 11, 21.) Ce n’est pas là arracher un évêque à son troupeau, c’est mander un compagnon. Se souvenant des larmes versées par ce fils au moment de la séparation, il désire le voir à ses côtés à Rome (i, 4). Et comme l’hérésie est toujours menaçante à Ephèse, l’Apôtre, en relevant Timothée de sa charge, le remplace par un autre de ses disciples, Tj’chique (n-, 12).

L’histoire de cette église se continue sous l’Apôtre S. Jean. (Voir IV.)

B. La Crète. — La lettre à Tite vient pleinement confirmer ces données sur la manière dont l’Apôtre des Gentils fondait les églises.

Tandis qu’il était conduit prisonnier de Césarée à Rome, la caravane avait fait escale sur les côtes de l’île de Crète. Délivré de sa première captivité, S. Paul y vint annoncer l’Evangile. Son labeur fut béni ; il y opéra un grand nombre de conversions. Mais volant à d’autres travaux, il laissa dans l’île son disciple Tite investi de toute l’autorité du fondateur.

« Je t’ai laissé en Crète, se hàte-t-il de lui rapl

)eler par lettre, pour que tu établisses les choses qui manquent, et que tu constitues des prêtres dans chaqueville : c’est ainsi que je te l’ai prescrit. » (i, 5.)

Tite était donc investi de la plénitude de l’Ordre ; comme Timothée, il devait l’avoir reçue par l’imposition des mains, vraisemblablement de son maitre. Néanmoins il n’occupait pas de siège épiscopal, puisqu’il avait pour charge de prendre soin de toutes les communautés de la Crète et d’établir des prêtres dans les diverses villes. Aussi l’Apôtre fait-il déjà entrevoir son rappel procliain ; « Lorsque je t’aurai envoyé Artémas ou Tychique, hàte-toi de me rejoindre à Nicopolis, où j’ai résolu de passer l’hi"er. » (m, 12.) Tite avait reçu la mission d’achever l’organisation des églises fondées par Paul. Aux derniers jours de l’Apôtre, nous le retrouvons en Dalmatie et non plus en Crète (II Tim.. iv, 10). Dans l’île toutefois, il aura été remplacé par un autre disciple chargé sans doute de continuer son œuvre.

Les églises de Crète étaient donc dirigées habituellement par un corps de pasteurs, institués par l’Apôtre ou par son disciple. Le fondateur ou son délégué en gardait du reste l’administration souvcraine.

C. PniLiri’ES ET Thessalomque ont aussi leurs pasteurs (/^//(V., i, 1 ; I Thess., v, 12) « qui les intruisent, étant leurs préposés dans le Seigneur ».

D. CoRiNTUE. — Trois documents du i’^'" siècle nous donnent de précieux renseignements sur les origines historiques de cette église : ce sont les deux épîtresde S. Paul et la (première) lettre de S. Clément de Rome aux Corinthiens. Celle-ci, écrite moins de trente ans après la mort de S. Paul, attribue formel-UMuent l’organisation ecclésiastique aux Apôtres. Dans celles-là, les critiques soi-disant indépendants se vantent de trouver la preuve « d’une démocratie

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