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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/890

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EYEQUES

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complète sans la moindre trace d’une organisation gouvernementale », la preuve de l’inspiration privée, de la « liberté individuelle sans aucune règle, ni autorité ». L’étude de ces documents est donc particulièrement instructive. Il est très intéressant de connaître l’état primitif de cette église de Corintbe, qui ne fut ni une des moins importantes, ni une exception parmi les communautés fondées par l’Apôtre des gentils.

a) S. Paul ne fait aucune mention d’évéques, de prêtres ni de diacres. Ce n’est pas une preuve suffisante pour prétendre qu’il n’y en avait pas. L’argument ex silentio n’a de valeur qu’après qu’il a été prouvé que mention aurait dû être faite de ces dignitaires, au cas où il y en avait. Nous fondant sur le procédé de l’Apôtre, nous pensons qu’ici comme ailleurs il avait institué des prêtres avec des diacres pour diriger la communauté. Du reste un document autorisé, la lettre de S. Clément, l’établira à toute évidence. (Voir b.)

Les « charismes » (I Cor., xiii-xa) n’excluent pas la hiérarchie. Ni le don des langues, ni celui d’intei-prétation, ni laa prophétie », niaucun autre desdons si variés de l’Esprit-Saint ne sont en contradiction avec la charge pastorale.

Prenons en effet le charisme que l’Apôtre considère comme le plus digne (I Cor., xiv), le charisme de la prophétie, doù les critiques libéraux prétendent déduire l’absence d’autorités religieuses. D’après l’épître, il consiste à édifier, à consoler et à exhorter les fidèles, à convertir les infidèles frappés d’étonnement par la faculté de lire le secret des cœurs, de remuer les derniers replis des consciences (ib., i, 24. 25). Ceux qui en étaient doués pouvaient prendre librement la parole dans l’assemblée. En tout cela il n’y a rien qui exclue les pasteurs chargés de la direction, de la i>rédication et de l’administration des sacrements.

Nous en avons la preuve dans le contexte même. L’Apôtre ne se fait pas faute de légiférer pour le bon ordre : il trace des règles pour l’usage des charismes mêmes et pose des lois à l’effusion des dons de l’Espril-Saint. « Quand vous vous assemblez… que tout se fasse pour l’édification. S’il y en a qui parlent des langues (étrangères), que deux seulement parlent, ou au plus trois, et à tour de rôle ; et qu’un seul interprète (c’est-à-dire traduise). S’il n’y a point d’interprète, que chacun se taise. Quant aux prophètes, que deux ou trois parlent et que les autres jugent. Que s’il survient une révélation à quelque autre de ceux qui sont assis, que le premier se taise ; car vous pouvez tous parler en prophétie l’un après l’autre, afin que tous entendent des paroles instructives et édifiantes. » (xi, 26-81.) « Mes frères, employez tout votre zèle à prophétiser, n’empêchez point de parler des langues. Mais que tout se fasse décemment et avec ordre. » (xi, 89-40.) « Que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur convient pas de parler. » (xiv, 84.)

Nous reviendrons sur les « Apôtres », les

« prophètes » et les « docteurs » de I Cor., xii, 28.

(Voir F.)

Il nous semble du reste que cette épître mentionne la hiérarchie sous le nom de otooîîwai. Aux charismes du Saint-Esprit elle compare et oppose la Aariété des ministères du Seigneur. « Il y a diversité de dons, mais un seul Esprit, comme il y a diversité de services, mais un seul Seigneur. » (I Cor., xii, 4-5.) Le Seigneur, c’est Jésus ; car il se trouve placé entre Dieu le Père, qui gouverne le monde par la diversité des opérations, et le Saint-Esprit qui sanctifie l’Eglise par la diversité des charismes ; de plus, dans le contexte on lit : « Jésus est (le) Seigneur » (8-6). Ces

fonctions diverses sont donc les divers degrés de l’organisation ecclésiastique.

En outre, S. Paul fait cette recommandation finale :

« ""ous connaissez la famille de Stéphanas, qu’elle

est les prémices de l’Achaïe et qu’ils se sont dévoués au service des saints. Montrez de la déférence à ces personnes-là et à quiconque travaille et peine avec eux. » Il se réjouit de la présence de Stéphanas, de Fortunat et d’Achaïque, parce qu’ils ont achevé l’œuvre de la formation chrétienne à Corinthe, qu’ils ont par là fait du bien à lui-même comme aux autres. Quand on met en regard les recommandations faites aux Thessaloniciens, I Thés., v, 12, à Tite laissé en Crète, I, 5, et surtout ces paroles de la lettre de S. Clément :

« Les Apôtres établirent dans les villes et les bourgs

leurs prémices comme prêtres et diacres de ceux qui allaient embrasser la foi » (xlii, 4), on est bien en droit de considérer Stéphanas et ses compagnons comme des pasteurs de l’Eglise de Corinthe.

Enfin, l’Apôtre revendique hautement pour lui-même l’autorité et la juridiction sur la comnmnauté. A plusieurs reprises il parle de ses commandements (I Cor., vii, 6, 17 ; XI, 17, 34 ; xvi, 1) : « Je mettrai ordre à tout le reste lors de ma visite. » En livrant un grand pécheur à Satan par la puissance du Seigneur Jésus, il exerce le pouvoir disciplinaire (iv, 21). La seconde lettre prend le même ton d’autorité : « Si je reviens, je n’userai pas d’indulgence. » (xiii, 2.) « Je vous écris de loin pour que je ne doive pas user de rigueur lors de ma venue, selon la puissance que le Seigneur m’a confiée pour l’édification et non pour la destruction. » (xiii, 10.)

Si bien que, dans cette fameuse épître aux Corinthiens, qui exalte le plus l’utilité et la dignité des charismes, S. Paul fait le mieux voir qu’il est le chef des fidèles, muni de pouvoirs suffisants pour ])unir toute insubordination (11% x, 4-6) ; ordonnant et dirigeant toute la vie religieuse et ecclésiastique avec une souveraine autorité comme « Apôtre » (l" et II’, I, 1), comme a légat du Christ » (II*, v, 20).

Les dons spirituels n’excluent donc aucunement l’organisation hiérarchique.

h) Et, de fait, l’antiquité nous a transmis et conservé un témoignage clair et irrécusable de l’institution d’un clergé par les Apôtres à Corinthe comme partout ailleurs, la lettre de l’église de Home à celle de Corinthe (I^ démentis), document officiel du premier siècle, dont on ne saurait exagérer l’importance. C’est la première constitution émanée de Rome, trente ans à Ijeine après la mort des Apôtres SS. Pierre et Paul, alors que vivaient encore nombreux les témoins de leur enseignement et de leurs actes. Elle établit péremptoirement l’apostolicité de la hiérarchie et le principe de l’organisation ecclésiastique.

Les fidèles de Corinthe s’étaient soulevés contre leurs prêtres et les avaient démis de leurs fonctions. C’était une occasion et une nécessité de déterminer les rapports entre la communauté et ses supérieiu’s, de rappeler la source et la natm-e de l’autorité de ces derniers La lettre n’y manque point.

« Les Apôtres, envoyés par le Seigneur Jésus-Christ, 

nous apportèrent l’Evangile : Jésus-Christ a été envoj-é par Dieu. Le Christ est doc l’envoyé de DiEr, LES Apôtres sont ceux du Christ ; l’une et l’autre mission se tirent donc régulièrement de par la volonté de Dieu. (C est le droit divin.) Après avoir donc reçu leurs instructions… ils s’en allèrent porter la bonne nouvelle de la venue du royaume de Dieu. Par conséquent, prêchant dans les bourgs et les

villes, ILS ÉTABLIRENT LEURS PREMIERS DISCIPLES… PRÊTRES ET DIACRES DES FUTURS FIDELES (xLIl). (C’CSt

la fondation et l’organisation de r Eglise par les Apôtres.)… Nos Apôtres connurent par Notre-Sei-