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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/942

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EXTREME-ONCTION

1863

produit par la fausse extase. On le constate clairement sur les névropathes qu’on exliibe en séance dans les hôpitaux. Dans l'état hypnotique, il y a diminution delintelligenceau profit de quelque pauvre image. Il sullit d’une seule idée, absolument insignifiante, l’idée d’une Heur, d’un oiseau, pour absorber profondément l’attention. Pendant la crise, on obtient que le malade parle, mais il ne dit que des banalités.

Puis les hallucinations observées dans les hôpitaux consistent toujours en représentations de l’imagination. Elles sont visuelles, auditives ou tactiles ; et dès lors très différentes des perceptions éminemment intellectuelles qu’ont généralement les saints.

Mais c’est en dehors de l’extase que l’opposition devient encore plus facile à constater. — i" Le névropathe en sort déprimé, éteint, hébété. Il ne montre habituellement qu’une intelligence médiocre, dominée par l’imagination ; il n’a aucune suite dans les idées. Les saints, au contraire, par exemple sainte Thérèse, saint François Xavier, etc., sont des esprit s fermes, concevant des projets difficiles à exécuter et se guidant par la raison. — 2>^ C’est surtout la volonté du névropathe qui est très faible. Tel est même là, d’après les médecins, le caractère fondamental de l’hystérie. On explique par cette faiblesse maladive que le sujet ne puisse résister à la suggestion. Il veut immédiatement ce qu’un autre comuiande énergiquement, surtout s’il a pris l’habitude de « éder. Ces pauvres détraqués sont des rêveurs stériles, des abouliques, des impuissants. Au contraire, les saints ont une volonté tellement énergique qu’ils luttent contre toutes les oppositions pour faire réussir leurs entreprises ; mais surtout ils luttent contre eux-mêmes, et le travail prolongé qu’il leur a fallu développer, pour pratiquer certaines vertus, nous jette dans l'étonnement. Pendant que le névropathe ne sait pas souffrir, qu’il s’impatiente, murmure et s’affole comme un enfant, l’extatique accepte avec enthousiasme son mal et le domine. — 3° Enfin le niveau moral du névropathe est très bas, comme sa raison. On se demande parfois si ces malades ont vraiment la notion du devoir et si cette idée a quelque prise sur eux. Les saints ont toujours un idéal moral très élevé, le besoin de s’oublier pour se dévouer à la gloire de Dieu et au bien des autres. Ils fuient les honneurs, tandis que les hystériques ne songent souvent qu'à jouer un rôle devant un petit cercle de curieux. On est en face d’un dégénéré, d’une nature appauvrie. Le saint, au contraire, est un héros. C’est lui qui mériterait d'être appelé un Surhomme.

Enfin on a voulu identifier l’extase à certains somnambulismes naturels. Dans ces états, les sujets composent des vers ou des discours. Mais ces faits ont été exagérés. On n’obtient guère que des réminiscences. C’est l’imagination et la mémoire, plus que l’intelligence, qui sont en action.

Parmi les manifestations somnambuliques les plus parfaites, il faut compter celles d’Hélène Smith, qui, pendant cinq ans, ont été étudiées scientifiquement par M. Flour.xoy. professeur de psychologie à l’Université de Genève (voir son livre : Des Indes à la planète Mars. Alcan, 1900). Or les descriptions qu’Hélène fait pendant ses crises ne sont guère que des répétitions de souvenirs, et surtout elles sont toutes d’ordre très inférieur, ne s’adressant qu’aux sens et à l’imagination, et très enfantines. Les saints s'élèvent bien au-dessus de ce niveau.

Notons, en passant, que la plupart des médecins s’occupant de psychologie religieuse sont des aliénistes. Fréquentant des hallucinés, ils sont portés à leur assimiler quiconque a des états d’esprit exceptionnels. Ils aiment à s’occuper de mystique ; ils y

voient un prolongement de leur spécialité et en parlent souvent sans une préparation suffisante.

Troisième erreur. — On nous dit : même en admettant que, dans l’extase, l’intelligence est très éveillée, on peut regarder cet état comme purement naturel. En effet, ajoute-t-on, dans la vie ordinaire, il y a deux cas où nous constatons que nous devenons presque immobiles, ne nous apercevant plus de certaines impressions sensorielles. C’est quand nous sommes très absorbés soit par une idée, soit par une émotion. Eh bien, supposons que cette concentration de l’attention sur 1 idée ou l'émotion soit d’une force extraordinaire, anormale, nous pouvons concevoir que les sens éprouvent eux-mêmes une diminution d’action extraordinaire, et même complète. Vous obtenez ainsi l’extase.

Réponse. Nous ne prétendons pas que tout commencement d’aliénation des sens est surnaturel ; puisque certaines crises morbides peuvent avoir cet effet. Mais nous disons : il est telle aliénation morbide qui ne peut venir que de Dieu ; il n’y a pas d’autre cau^-e assignable de la très haute contemplation qui l’accompagne. C’est toujours à ces idées transcendantes qu’il faut en revenir.

De plus, l’objection revient à admettre qu’il y a des extases purement naturelles. Il faudrait le prouver historiquement, au lieu de se livrer à des hypothèses. Or on n’y a jamais réussi d’une manière satisfaisante (voir Les Grâce.' d’oraison. ch.xxx, §3). Aucun géomètre ou géologue n’a été vu contemplant ses idées familières, en ayant l’aliénation des sens. Les deux ou trois exemples qu ont voulu citer les anciens ne tiennent pas devant la critique.

On fait le même sophisme quand on veut expliquer les stigmates des saints par une action de l’imagination. On vous dit : « L’imagination peut produire certains effets, très faibles, il est vrai, sur la peau. Donc si cette faculté devient très puissante, on co71fo/< qu’elle puisse produire des effets considérables, tels que des trous et un grand écoulement de sang. » — Il ne s’agit pas de conce’oir la possibilité en soi, mais d'établir expérimentaleinent que ce genre de phénomènes se produit dans l’ordre profane. Que deviendrait la physique, si on procédait ainsi par hypothèses plus ou moins vraisemblables, sans apporter d’expériences positives ? Les libres penseurs euxmêmes proclament que ces expériences ont seules une valeur scientifique.

Ces messieurs continueront cependant à donner des explications antiscientifiques pour l’extase, comme pour les stigmates. Ils y sont forcés par leurs préjugés. D’après eux, il n’y a pas de surnaturel. Dès lors il doit exister des explications naturelles, et on en essaiera toujours tant bien que mal.


EXTRÊME-ONCTION I. Doctrine catholique, questions diverses.- II.Institution. - III. Biliographie.

I. Doctrine catholique, questions diverses. —

La doctrine catholique de lextrênie-onction est formulée dans le décret dEuGii.NE IV aux Arméniens, Concile de Florence, 29 novembre i^Sg, Denz. Bannw., 700 (095) ; elle est reprise, développée et définie dans les '6 chapitres et les 4 canons du Concile de Trente, xiv' session, 25 nov. 1551, Denz. Bannw., 907-910 et 926-929 (780-788 ; 804-807). Il faiit y ajouter comme enseignements et déclarations authenfiques de l’Eglise, avec la décrétale d’iNNocENT 1" à Decentius en 4>6, Denz. Bannw.. 99 (61) ; la lettre de Clément YI au Catholicos d’Arménie en 1351. Ray Aug. Poulain.