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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/964

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1911

FIN DU iMOXDE

1912

on, séparait à jamais la pratique médicale et les théories de la morale. Celle-ci se réjouit de ce retour vers elle des idées et des choses ; elle y Aoit le présag : e d’autres découvertes qui supprimeront également de l’obstétrique moderne la provocation de l’avortement. Ces bienfaisants progrès ne seront-ils point hâtés, si, comme il faut l’espérer, les recherches s’orientent désormais vers ce but ? » Le P. Vermeersch ajoutait justement : fc La nécessité est la mère des inventions. Forcé de respecter l’être le plus chétif, l’homme appliquera toutes les ressources de son esprit à trouver pour les êtres plus grands d’autres moyens de salut que le meurtre des petits. » (Discussion sur leféticide médical à la Société scientiûque de Bruxelles, le 21 avril 1908.)

Bibliographie. — Les auteurs de théologie morale au De quinto decalogi præcepto et au De censiiris, et lescanonistes au 1. V, tit 10 et tit. 12. — Gapellmann, De occisione fœtus, Aix-la-Chapelle, 1876 ; et Medicina pastoralis, Paris, 1898. — Eschbach, Disputationes phrsiologico-theologicae, Paris, 1884 ; et Casits de ectopicis, Rome, 1894. — Pennachi, De abortii et embryotomia (pour la licéité de l’opération), Rome, 1884. — Viscosi, L’emhriotomia nei suoi rapporti colla morale cattolica (item). — Coppens. Morale et médecine (trad. Forbes), Einsilden, 1901 ; et dans The CatJiolic Encyclopedia (art. Abortion), New-York, 1907. — Beugnet, dans Dictionnaire de théologie catholique (art. Ai orte ment), Paris, 1908. — AntoneUi, Medicina pastoralis, Rome, 1905. — D"" Pinard, Le soi-disa71t féticide thérapeutique, dans Annales de Gynécologie, janvier 1900.

— D"" Tavdieu, Etudes médico-légales sur Vavortement, Paris, 1881. — D-" Surbled, La morale dans ses rapports as’ec la médecine et l’hygiène, Paris, 1 892 ; et Vie sexuelle, Paris. — D"" Lavrand, L.e médecin chrétien, Paris, 1901. — Bulletin de l’Académie de médecine de Paris, 1852. — Compte rendu du congrès périodique intern. de gynécologie et d’obstétrique, Amsterdam, 1902. — Quatrième congrès intern. de gynécologie et d’obstétrique, Rome, 1902, dans Semaine médicale, septembre, 1902. — Annales de la Société obstétricale de France, 1902. — Discussion sur le féticide médical (D"" Van Aubel, P. Vermeersch, D" Hubert, Delassus, etc.), à la séance du 21 avril 1902, de la Société scientifique de Bruxelles (tiré à part des Annales delà Société), au Secrétariat de la Société, Louvain, 1904.

Jules Bessox,


FIN DU MONDE (PROPHÉTIE DU CHRIST SUR LA). —
I. J.e Problème. —
II. La fin du monde dans les écrits apostoliques. — A. Ecrits johanniques. B. Epitres de S. Pierre et de S. Jacques. C. Epitres de S. Paul. D. Conclusion. —
III. La fin du monde dans les évangiles synoptiques. — A. Discours eschatologique. B. Autres textes. C. Conclusion. —
IV. Bibliographie.

I. Le Problème. —

Un exégète allemand, M. E.vox DoBscHUETz, s’exprimait en ces termes au Congrès international d’histoire des religions qui s’est tenu à Oxford en 1908 : « Mon dessein n’est pas d’étudier dans leur ensemble les doctrines eschatologiques du Christianisme primitif. Tout le monde sait quelle quantité d’idées apocah’ptiques avaient cours pendant cette période. Nous pouvons regarder comme acquis que toutes, quelle que soit leur origine première, venaient du Judaïsme. L’Evangile n’introduisit que deux éléments nouveaux : i) La place centrale fut donnée à

Jésus, dont la parousie ou la descente des cieux dans la gloire du Père devait avoir pour conséquence la fin du monde, la résurrection, le jugement, le royaume de Dieu et la vie éternelle ; et 2) ceci était considéré comme devant se réaliser promptement, le Messie ayant déjà été envoyé par Dieu et n’étant retenu que pour un temps très court. C’est là le point capital : la Chrétienté primitive ne se contentait pas d’entretenir des rêves eschatologiques conçus comme devant se réaliser quelque jour dans un avenir lointain. Les premiers chrétiens étaient persuadés que le grand jour où tout serait transformé viendrait pendant la vie de la génération à laquelle ils appartenaient. Nul savant moderne ne contestera, j’en suis sur, que Jésus lui-même et ses disciples, y compris l’apôtre Paul, partageaient cette persuasion. » (Transactions of the third international Congress for the LListory of Religions, 1908, vol. II, p. 312 s.)

M. von Dobschiitz exagère. Il existe des « savants modernes » qui, sous l’influence d’ailleurs de vues assez diverses, contestent que Jésus du moins ait partagé la persuasion dont il s’agit. Il reste cependant qu’au sentiment de la grande majorité des exégètes contemporains non catholiques, les premières générations chrétiennes ont vécu dans la ferme attente de la parousie très prochaine, et cela sur la foi des propres et expresses déclarations de Jésus. Parmi ces exégètes un groupe, assez peu nombreux à la vérité, se distingue par le caractère radical de ses affirmations. Ce sont les «. eschatologistes conséquents », pour qui Jésus non seulement aurait annoncé pour une date très prochaine la fin du monde et son propre avènement, mais encore aurait conçu sa mission et son œuvre, formulé sa doctrine morale en fonction et sous la domination de cette donnée eschatologique. M. Joh. Weiss peut être considéré comme l’initiateur de ce mouvement, auquel son li--re : Die Predigt Jesu vom Reiche Gottes^ i" éd., 1892, 2* éd., 1900, a donné le branle. M. A. Loisy a fait siennes les idées émises tout d’abord par M. J. AVeiss et, le premier, les a appliquées dans un commentaire suivi des Evangiles synoptiques, 2 vol., 1907-1908. Plusieurs de ses précédents ouvrages contenaient déjà une habile apologie de l’eschatologisme conséquent (voir les références dans l’article : Eglise, par M. Y. de la Brière, col. 1222). Enfin l’étude du D"" A. Sch-sveitzer, de Strasbourg, intitulée : Von Reimarus zu Wrede, 1906, a été comme le manifeste éclatant du groupe. Il faut reconnaître qu’à certains égards ce système radical est le plus logique. Cependant il est reconnu tout à fait insoutenable par la grande majorité des savants compétents. N’y aurait-il pas là déjà un avertissement de ne pas prendre à la lettre trop aisément, dans ce domaine de l’eschatologie chrétienne, certaines formules en apparence pourtant tout à fait catégoriques ?

Est-il vrai que Jésus ait cru à l’imminence de la fin du monde et qu’il l’ait annoncée comme devant se produire avant que tous ses auditeurs aient disparu ? Telle est la question précise à laquelle cet article a mission de répondre. Tout le monde connaît les limites dans lesquelles doivent se renfermer notre examen et notre solution. Le décret « Lamenta bili » les a déterminées en condamnant la proposition suivante (33) : « Evidensest cuique, qui præconceptis non ducitur opinionibus, Jesum aut errorem de proximo messianico adventu fuisse professum, aut majorem partem ipsius doctrinæ in Evangeliis synopticis contentæ authenticitate carere. » Et ces limites, on ne peut prétendre qu’elles soient une gêne pour la sincère et libre recherche, car vraiment non, ce qui est avancé dans cette proposition n’est pas évident, pas du tout.