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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/38

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FOI, FIDÉISME

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listes, Paris, 1850. Le même. De la-aleur de la raison humaine, Faria, 1854 ; Pbrrone, Prælectiunes tlteotogicae, t. IV. De locis tlieologis, pars S, JJe analogia ratiunis et fidei ; le même, Réfleocions sur la méthode introduite par Georges Hermès dans la théologie catholique, et sur quelques erreurs particulières du mente, dans Démonstrations cvangéliques de Migne, t. XIV, col. 9^5 ; Fhanzelin, Œ traditione et Scriptiira, Appendix, De habiludine rationis liumanæ ad divinam Cdem ; J. Diuiot dans Cours de théologie catholique, e vohime Logique surnaturelle subjective, 2’édition, iSgajpassini ; Pour les idées des saints Pères sur les rapports entre la raison et la foi, je siynale particulièrement l’article Clément d’Alexandrie, par M. A. de la Barre, dans le Dictionnaire de théologie catholique et des leçons intéressantes de l’abbé Freppel dans ses études sur Les Pères apostoliques, XVII » leçon ; Saint /renée, xix° leçon ; Tertullicn. ix°, xxviif, XXIX’leçon ; Clément d’Alexandrie, xiv-xvii’ : leçon. Pour celles de TertuUien, A. d’Alks, TertuUien, c. i.

Pour la section B, éléments bibliographiques sullisants dans les articles déjà indiqués. On peut signaler en particulier : O. Rey, La philosophie de M. lialfour, Paris, 1897 ; B. Gaudhau, I.e besoin de croire et le besoin de savoir, Paris, 1899. Beaucoup des éludes indiquées aux articles iv et vi, touchent aussi aux questions traitées ici. M. Saleilles a traduit en l’rançais, sous le titre Foi et raison, plusieurs sermons de Newman, encore anglican, sur la connaissance de foi.

VI. L’attaque rationaliste et a scientifique ».

— De tout cùté on s’est élevé, au nom île la raison et de la science, contre la doctrine catliolique de la foi. L’attaque a pris toutes les formes, depuis les insinuations savamment dosées de Victor CorsiN et de son école, jusqu’aux négations les plus absolues de la libre pensée. Elle a porté sur les points les plus divers : notion et psychologie de la foi, raisons de croire, possibilité de la foi, nécessité de la foi, etc. On n’a pas seulement exagéré la diiliculté de croire, on a prétendu qu’il y a antagonisme irréductible entre la foi et la raison, entre les exigences de la foi et les conditions nécessaires de la reclierchc scientilique ou philosophique. Les dillicultés soulevées contre tel ou tel de nos dogmes ne sauraient être examinées ici. Elles viennent à leur place dans les divers articles de ce Dictionnaire. Nous n’avons à nous occuper que de celles qui vont directement contre la foi elle-même, contre quelqu’une de ses propriétés ou exigences, bref, contre la doctrine catholique de la foi. Celles-ci sont encore trop nombreuses et trop variées pour qu’on puisse les relever toutes. La plupart, d’ailleurs, n’en valent pas la peine. Parmi celles qui auraient quclque apjjarence, beaucoup supposent des notions inexactes ou confuses sur la doctrine catholique. C’est même là Un caractère commun de presque toutes ces objections : elles ne reposent guère que sur des méprises ; elles se dissipent à la lumière. D’autres sont plus ditliciles àrésoudre ; mais vile on s’aperçoit que la diiliculté n’est pas propre à notre doctrine de la foi : c’est le problème de la connaissance qui est en jeu, ou celui des rai>ports entre l’intelligence et la volonté, bref, une question générale, et il suflil d’appliquer au cas spécial de la foi les principes ordinaires de solution emi)loyés en cas analogues. Les objections vraiment graves se réduisent à peu ; au besoin, on se rall’ermirait dans sa foi en voyant combien sont faibles les dilhcullés que l’incrédulité y oppose.

Nous pouiTious essayer un groupement luélLo dique des objections. Mais ce serait long et compliqué, outre qu’il y resterait toujours une part de factice et d’arbitraire. Il sera peulèlre plus intéressant et plus utile de procéder moins méthodiquement. Voici ce qui paraît le plus pratique :

A. Relever les objections qui courent çà et là, en choisissant de préférence celles qui peuvent embarrasser davantage ou celles qui donnent occasion de préciser quelque point de doctrine.

B. Chercher un auteur sérieux qui ait étudié la question etqui ait attaqué ex pro/esso nos positions, pour critiquera notre tour sa critique et voir ce qu’il en reste ; M. Silly Prudhommr est, à cet égard, un cas typique : nous le suivrons dans son attaque.

C. Donner une attention spéciale au problème des rapports entre la science et la foi, pour dégager, autant que possible, ce qu’il y a au fond de la vieille querelle, et voir s’il y a vraiment antagonisme entre l’une et l’autre. D’où trois sections, auxquelles nous ajouterons une brève conclusion.

A. Objections diverses contre la doctrine catholique de la foi.

B. La critique de M. Sully Prudhomme.

C. L’antagonisme entre la science et la foi.

D. Conclusion.

A. Objections diverses. — Laissant de côté celles qui ont été étudiées dans les articles précédents, on peut relever celles qui regartlent la nature et le caractère raisonnable de notre foi, la psychologie de la foi, l’objet de la foi, la nécessité de la foi et sa possibilité.

I. Nature et caractère raisonnable de notre foi. — Beajicoup d’incroyants ne prennent même pas la peine d’examiner nos raisons de croire. Pour eux, il est entendu qu’elles sont toutes subjectives et ne sont pas d’ordre intellectuel. Ils ramènent tout à un instinct de crédulité qui serait Iç contraire de l’esprit critique ; ou bien encore, ce qui revient au même dans leur pensée, au sentiment, à la grâce. Quchpies textes de Mérimée expriment très bien cette manière de voir, et la diiliculté qu’elle crée à rencontre de notre foi. Pour dater de 60 ou 80 ans, ils n’en sont pas moins actuels. Uarcment, ce me semble, on a mieux formulé des idées et des objections qui courent partout. Pour Mérimée, on naît, pour ainsi dire, croyant, comme on liait incrédule ; et, d’autre part, ou est incroyant par instinct, par organisation, comme on a l’esprit et le sens critique : c’est une question de tempérament, a II y a des gens croyants et d’autres sceptiques, comme il y a des gens qui ont l’oreille juste et d’autres qui l’ont fausse. » Il dit encore : « Je suis sceptique malgré moi, et ce qu’on appelle la foi est chose qui m’est tout à fait étrangère. » — « Pour croire, dit-il ailleurs, il n’est pas besoin de preuves. Il sullit d’une disposition particulière d’esprit. Celle disposition existe plus ou moins fortement chez tous les hommes. Chez un [letil nombre, elle est constante ; chez la plupart, elle est transitoire. Par exemple, la passion fait croire quelque chose sans démonstration ; puis, quand la ])assion cesse, la raison critique la croyance et elle s’ell’ace. Il est très probable que ceux qui croient sont plus heureux que les autres. Mais, encore une fois, comment croire sans passion’.' n II y faut la grâce, dit-il ailleurs, « et malheureusement elle n’est pas donnée à tout le monde ». (Ces textes et les suivants sont enqirunlés à une correspondance de Mérimée publiée dans la Revue des Deux.Mondes, mars et a> ril 1896 ; ils ont été utilisés dans des articles sur Mérimée incrédule. Etudes, nov. 189O, t. LXIX, p. 461 Il admet bien une « façon de croire… fondée sur