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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/564

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IRAN (RELIGIOX DE L’)

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les six Ameshas Spentas’, quoique, même cliez l’auteur grec, l’abstraction ne soit pas aussi quintessencice : il s’agit de dieux qui ont créé les objets, tandis qu’ils en portent le nom même dans les Gàllias.

Philox d’Alexandrie ne nous paraît pas s’être inspiré des idées des Mages. Si leurs spéculations, qu’il a connues, ont été un excitant jjour son esprit, il a cru en tout cas devoir suivre sa propre voie. Ses liypostases sont beaucoup moins personnelles et elles ont moins que celles de Zoroastre le caractère moral. Aurait-il eu le sentiment de cette distinction en qualiliant celles des Mages de vertus, àîiry.i, tandis que les siennes sont des puissances, S-^ydy.ni ? Il a procédé par une analyse rationnelle de la nature divine, en tenant compte de son rôle dans l’histoire des Hébreux. La puissance royale se rattache au nom de Seigneur, et n’a rien à voir avec le Règne de Zoroastre, au moins s’il s’agit d’un enq)runt direct. Comment rapprocher des.meshas Spentas la puissance législative et la proliihitive ? Encore voit-on la puissance législative se diviser en deux : celle qui fait du bien aux bons et celle qui punit les méchants {De sacrif. Abel et Cain, % 31).

L’auteur des Gàthas et Philon semblent bien avoir vécu au même temps où tous étaient préoccupés des mêmes problèmes, luais les données premières étaient dilTérentes et chacun y puisait les éléments de ses solutions.

Avec Philon nous sommes revenus à notre point de départ, la question des rapports mutuels du Zoroaslrisme et du Judaïsme. D’ai>rès ce que nous a montré l’histoire, nous devons le poser à peu près dans ces termes : Quelle a pu cire sur le Judaïsme l’inlluence d’une réforme religieuse qui date environ du II » siècle av. J.-C. ?

Mais il est clair que ce n’est qu’une partie de la question générale : quelle a pu être l’inlluence de la religion des Perses sur les Juifs ? Ce qui ne peut être déterminé que lorsqu’on se sera rendu compte des cléments anciens qui ont été seulement vivifiés par le Zoroaslrisme. Quelle était la religion des anciens Perses ? Hérodote nous a prouvé incontestablement que c’était une religion naturelle, mais cela ne sullit pas à en tracer le tableau. Nous devons maintenant recourir à l’Avesta lui-même, au témoignage des Grecs et aux inscriptions des Achéménidcs.

11. L’ancienne religion des Per3es. — Ce n’est point une tache facile que de faire le départ des élé- I ments anciens et des éléments nouveaux dans les i nienilires dispersés du corps des écritures sacrées.

Il y a ce|)endant des points de repère.

Les analogies sont fournies soit par l’Inde, soit par les traits communs aux religions anciennes. Après plusieurs llottements, les spécialistes se sont mis d’accord pour reconnaître, dans l’Inde et dans la Perse, des traces d’un état religieux dans lequel les deux peuples étaient unis. L’hypothèse d’un emprunt | parait exclue, d’autant que chaque religion a suivi ensuite une pente toute dill’érente.

L’accord est attesté aujourd’hui parle traité conclu

1. De Is. et 0)ir., kl : xy.i i uh (Oroinazès) l| 9s5v ; tTrsiyr-Tov i/r/ TzptiTOv CMi-y.z, riv ai Stinspn ijr, 0sixi, riv Si rpir-yj sùv^uiy. : ’xôt’j Sï /ûtTrûv t5v yiv sîït’y ; , tsv Bi Tz’/fi-jrvj^ TÀv Si Tiv <7Il TÂi y.n’/'iX ; r, Sioi-j Sr.u.i-^-jp’/d-j, Les deux derniers correspondent mal. On a, il est vrai, prétendu que Plutnnpie avait emprunté ce renscitrncmenl ù Théopompe, conlempoiain de Philippe et d’Alexandre, et voilà encore un témoignage ïieMli de trois siècles’..Mais Théopompe n’est cité qu’après et pour une modalité particulière. Nous reviendrons sur Théopompe à propos de la résurrection.

entre le roi des Hcthéens et le roi du Mitanni, au quatorzième siècle avant notre ère, découvert à Boghaz-Iveui. Il mentionne avec Mithra, qui est surtout perse, les dieux de l’Inde, Indra, Varuna, les Xàsatya (cf. Duoumb, Conférences de Saint-Etienne, 1910-191 1).

On place donc aux origines indo-iraniennes le culte du feu et du Haoma (pour les Hindous soma), les dieux Mithra et Verethragna (dieu de la victoire), les nombreuses puritications, le nom du prêtre principal, zaola. La balance des bonnes et des mauvaises actions existait dans l’Inde : on y trouve aussi fréquemment la formule : bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions (Geldner, art. Zuroastrianisnt dans Encyclop. hiOL).

Un contraste bizarre, qui n’atteste pas moins une origine commune, c’esl que dans l’Inde les nsuras sont devenus des démons, tandis que les devas demeuraient des dieux. En Perse Ahiu’a est le nom du dieu suprême, et les dc’ievas ne sont « pie de mauvais démons. D’après Geidner (/. /.), au temps do Zoroastre le peuple était partagé entre le culte d’Ahura, favorable à l’agriculture et <pii ménageait les animaux <Iomestiques, spécialement la vache, et ceux ipii sacriliaient les vaches aux dàevas. Comme adhérent d’Ahura, « le Sage », il combat les dàevas, les réduit au rang de puissances ennemies et leur imagine un chef, le mauvais principe.

D’après Lehmann, le feu n’est pas seulement adoré des Iraniens comme feu de sacrifice (.gni des Hindous ) ; ce qu’ils vénèrent c’est l’élément brûlant. Sur les hauts plateaux du nord, patrie présumée de la race, on se défend par le feu contre le froid et les bêtes. Le combat du feu contre le dragon Azhi Dahàkæst le mythe fondamental des Iraniens. Darmestetcr a luèiue avancé que dans l’Avesta le feu et le dragon sont les véritables héros du combat dont Ormazd et Ahriman ne sont que les titulaires. Cela est exagéré de l’Avesta qui met au premier rang la lutte morale, mais ne serait-ce pas le fond de l’ancien thème ?

Un élément plus ancien peut-être, en tout cas plus universellement répandu, de la religion iranienne, c’est l’ensemble des règles de pureté et d’impureté. Affirmer que ces règles elles-mêmes sont empruntées au Judaïsme parce qu’une prescription assez semblable à celles du Lévitique est présentée sous une formule de même frappe révélée : « Ahura dit à Zoroastre », serait se méprendre complètement sur le développement des idées religieuses. C’est dans toutes les religions dites primitives qu’on rencontre l’impureté des cadavres et de la femme dans certaines situations, des hommes en cas de pollution involontaire, et la nécessité de faire disparaître les cheveux et les ongles coupés. Le soin de ne pas souiller les eaux est encore un trait général. La défense d’uriner ou de cracher dans les tleuves, notée par Hérodote (Hi ; h., I, 138), figure dans les mêmes termes dans une antique déprécation babylonienne (Zimmern, lUtiialtafeln etc., p. l ! ^, ligne 69) et pourtant il ne serait pas prudent de conclure à un emprunt de part ou d’autre.

La contagion de l’impureté est aussi une idée très répandue et en somme fondée sur la nature. Les Perses ont eu le sentiment très juste de la portée I)hysique de ces prescriptions religieuses en notant que le sec ne souille pas le sec. L’impureté se communique surtout par l’eau.

Cet axiome universel ne fait qu’accuser davantage le caractère exclusivement religieux et très jiarticulier de leur crainte de souiller le feu. Le feu est le grand purificateur. Il n’en est que plus remarquable de voir les mazdéens trembler qu’un oiseau perché siu'