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FHAXC-MACONA’EUIE

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la maçonnerie avec les gouvernements étalilis et les croyances traditionnelles, elle nourrit partout, dans ses tenues secrètes et éjîalitaircs, le germe de toutes les ilestruetions, puisqu’elle représente partout, — au moins en puissance — l’esprit d’indépendance individnelle et de révolte en face des principes d’autorité. Au point de vue religieux, il importe peu qu’elle parle encore du u Grand Arcliitecte », puisque, au nom de la « liberté » et de la « raison », chacun peut interpréter à sa guise ce k concept social », et puisqu’en vertu même delà » Constitution de l’jïS », charte fondamentale de la Maçonnerie moderne, a il sulTit » que ses adeptes « soient des hommes bons et loyaux, gens d’honneur et de probité ». Au point de vue politiipie, elle a toujours tendu à la réalisation d’un

« grand œuvre » ainsi détini dans la plus ancienne

de ses Histoires (publiée à Francfort en 1852) ; a Le monde entier n’est qu’une grande républiiiue, dont chaque nation est une famille et chaque particulier un enfant. » Le « programme maçonnique universel » est poursuivi avec plus d’ensemble i^ue jamais, grâce à la création des Congrès maçonniques internationaux (Paris, 1889 ; Anvers, iSg^ ; la Haye, 18ç)G ; Paris, 1900 ; Genève, 1902 ; Bruxelles, lyo^). et du Bureau international des Relations maçonniques (11J02). En 1908, le Ueprésentanl de ce bureau, Ed. (Ju.RTiKR- La-Tente (ancien grand-maitre de V.tljjtna), adressait aux diverses obédiences un rapport où il disait : « Nous avons constaté, i>ar une élude sérieuse de la maçonnerie, de son histoire dans chaque pays, de ses rituels et de ses usages, comme de ses travaux et de ses œuvres, qu’il y a entre tous les Grands-Orients et Grandes Loges, nés de la Grande Loge d’..ngleterre en 1717, une similitude de principes, de symboles, de coutumes et d’esprit, qui démontre que toutes les associations maçonniques régulières sont parties de la même origine, poursuivent en somme les r, iémes buts, et possèdent les mêmes aspirations. Il y a dans toute l’activité maçonnique, où qu’elle soit organisée, un fonds commun d’idées, une ressemblance de formes qui prouvent son origine identique et témoignent quêtons les adhérents sont de la même famille. » Or, ces idées et ces aspirations communes sont « avant tout celles de la Franc-Maçonnerie française » (Acacia de nov. njor). p. 278).

Les loges sont donc puissantes par leur unité d’esprit. Elles le sont aussi par le nombre, comme on en jugera par le tableau suivant :

TABLEAU U.VIVERSEL DES LOŒS MAÇOXXIQCES

(d’après r.J//n « a/re de 1910)

PAYS

Nombre

de

Lo ; res

Loges [anglaises

Loges

aile fm-.ndes

Grande-Bretagne | 2. 800

Irlande’460

Ecosse 712

Totaux. … 2.972

.llemagne

I Luxembourg’Suède

1 Norvège’Danemark

Hongrie

ToTALX

Nombre

de .Membres

102.000 18.000 bo. 000

.’,

.890

2 ! ,

14

12

7’5

01 1

54.200 50

I 2. 896 3.>’37 4.ôio 5. 182

Loges latines

Frauce, G.-.0.-.&G.-.L.-.

Belgique

Hollande

Suisse

Italie

I Espagne

Portugal

Grèce

Roumanie

Totaux….

Totaux pour l’Europe.

Loges / Amérique du Nord… améri- J.Amérique Centrale… eaines ( Amérique du Sud ….

Total pour l’Amérique

Australie

Divers

ToT^VL Gli.NÉRAL,..

5’, 8 21

101 34

327

79 148

J’.281’36.700

700

4.600

3.646

15.ooo

3. 169

3.887

4.9^0

260

71.902

ô.SOô 872.626

1.27.5.980

8.206

87.894

1.744.878

80.724

A ce tableau, — qui ne concerne que les maçons en activité, — il convient d’ajouter environ un million de maçons « en sommeil >>, qui ne font plus partie d’une loge, tout en restant membres de l’Association maçonnique. — Nous ne parlons pas des 600 à 800

« Fraternités » ou m Friendly Societies », qui sont

souvent comprises, surtout en Amérique, sous la désignation de maçonnerie, et dont les adeptes s’élèvent à 6 ou 7 millions.

XII. Philosophie et symbolisme maçonniques. — Une dorlrine qui a pour base la liberté de conscience la [ilus absolue, c’est-à-dire l’autonomie complète de la raison individuelle, a nécessairement varié à l’iiiGni selon les époques et les personnes ; de fait, aucune des aberrations de l’esprit humain ne lui est restée étrangère, et aujourd’hui encore des revues comme l’Acacia prônent les théories « alchimistes » les plus extravagantes (voir en particulier les n°’de mai et juin 1908, art. sur Hermétisme et l’ra n c-Ma çon nerie).

Pourtant, si l’on s’en lient à son côté négatif, — et somme toute cette doctrine destructive qui tend à la Révolution intégrale n’en a guère d’autre, — on peut la délinir ainsi : une doctrine de libre-examen qui rejette tout surnaturel et prétend trouver dans la seule a raison i> humaine, dégagée des liens de la tradition, la règle de la vie. Comme la « raison humaine » n’existe pas, sinon dans chaque individu, c’est aux individus qu’il faut en demander l’expression ; et comme les u raisons » individuelles varient à l’inlini, c’est llnalement la majorité du groupement égalilaire qui fournira l’y. et 1’^ de toute assertion.

« La Franc-Maçonnerie, — lit-on dans le caractéristique

discours de clôture du couvent de igog, — la Franc-Maçonnerie reçoit donc sa pensée et son inspiration de tous les groupes sociaux sélectionnés… C’est sur cette vie vécue que nous travaillons, que nous établissons la morale. » (Reprod. dans la F.-. .M.-, démasquée, 25 mai 19 10, p. 109.)

La maçonnerie, c’est donc la démocratie — au sens complet du mot — appliquée à tout, à commencer par la philosophie ; c’est, en conséquence, la négation même des principes essentiels de la civilisation ; c’est une barbarie dont l’histoire — à l’époque du club des Jacobins — a déjà vu une fois lépouvautable réalisation.

Nous avons dit plus haut que le « spiritualisme » de certaines obédiences était illusoire. Les loges les