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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/675

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JESUS CHRIST

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Où en est l’Histoire des Ileligioiis, vol. I, Paris. 19 ti.

Pour I’Hei.i.knismk et le Syncrétisme SYHO-nKLLi' ; NiijCE, l’aul Wendlaml, Die heltenistisch-roemisclie Kultiir in iliren Heziehiingen zu Judenlum und tViri.v/e/i/Hm 2.3^ Tiibiugen, ig13. — La question est fort bien traitée dans J. Lelireton. Origines, Livre I, p. i-8() et passim. Voir aussi St. von Diinin-Borltowskl, tlellenistischer Synkreiismus iind Clirisleiitiim, dans les Siiminen ans Maria f.aacli, vol. XCII, igia, p. 388 sqq., 5ïo sqq.


Ghapitrr II

LE TÉMOIGNAGE DU FILS

93. — Dans l'étude du témoignage que Jésus s’est rendu à lui-même, force nous est de distinguer, des preuves qui l’appuient, la teneur et le contenu du témoignage. Cette nécessité d’exposition n’est pas sans danger. En réalité, la perspective historique est indispensable à l’intelligence de l’Evangile : comme les déclarations du Seigneur portent déjà en elles un élément de persuasion, les preuves alléguées à l’appui ajoutent aiK paroles un élément d’assertion et de révélation. Certaines alTirmalions s’im[)osent à la façon (ou de peu s’en faut) d’un miracle ; certains miracles, et tous en un sens, parlent, commentent et achèvent les adlrniations. Traiter successivement <le celles-ci, puis de ceux-là, c’est appauvrir une matière vivante et la roidir en y pratitpiant des coupes artificielles. L’indispensable obligation d'être clair nous imposjdt cependant un parti auquel, aussi bien, nul historien de, Iésus, soucieux de dépasser une sinqile narration et prétendant à conclure, ne saurait tout à fait se soustraire. Du moins le plan adopté nous a semblé atténuer cet inconvénient dans la mesure du possible.

V'

Section. — Lrs dkbuts de la Prédication

ET l'ÛCONOMIB du tVBUOIGNAG-E

94. — En ce ten^ps-là, lu quinzième année du règne j de Tibère César(disons, en adoptant la chronologie } établie par M. Ferdinand I’rat' : la vingt-sixième ] année de notre ère). Ponce Pilate étant procurateur de la.hulée, les tils d’Hérode le Grand, Hérode. tipas et l’Inlippe gouvernant leurs principautés du Nord et de lEst de la Terre sainte, Joseph Caïphe étant grand pn-tre (sous les yeux et la haute main de son beau-père. ne) — Jean, fils deZacharie, commença de prêcher sur les bords du Jourdain. Renouant la tradition antique avec les liabitudes austères des grands inspirés d’Israël, le nouveau prêcheur symbolisait la pénitence qu’il annonçait par un baptême, un rite d’inmiersion totale dans les eaux du fleuve. Figuratif et donné pour tel par son initiateur, ce baptême annonçait une plus large elfusion des dons divins qiu- Jean attendait d’un autre : pour cet autre il allait, préparant les voies, à la façon des coureurs <{ui prenaient les devants sur le cortège du prince, pour faire mettre en état les chemins, élargir les pistes, adoucir les eûtes. Les antithèses tradition elh’s aidaient le prophète à manquer la portée véritable de son rùle ; il ramassait les gerbes pour le triage délinitif : un autre tiendrait le van et séparerait 1.1 paille du bon grain ; il baptisait dans l’eau qui lave le corps : le baptême de l’Esprit qui sanctitie l’intime et dé'vore les fautes à la manière d’un feu, était réserve à Celui qui viendrait… Jean émut

1. f, a dal^- de la Passion et la durée de la vie publique de L’Aus Christ, dans Recherches de Science religieuse, anvier 1912, p. 82-104.

les foules : son régime sévère, sa hardiesse à flétrir le mal moral sans acception de personnes, son désintéressement palpable lui concilièrent une autorité qui se fit sentir jusque dans les cercles éclairés de Jérusalem. Les païens n'étaient pas à l'épreuve de sa rude éloquence : on nous montre dans son anditoire des scribes et des pharisiens, des soldats romains, des gens de toute sorte. Hérode Antipas lui-même est justiciable du propliète : le régime delà prison ne parvient pas à clore cette bouciie importune, dont le prince continue d’apprécier la sagesse. C’est avec peine, et par un point d’honneur que les mœurs de ce temps nous font comprendre sans assurément re : srcuser, qu'. tipas abandonna enfin le Baptiste à la haineuse rancune d’IIérodiade '.

Mais auparavant, et tandis qu’il prêchait lilîTement, Jean avait su discerner parmi ceux qui l'écoutaient et attacher à sa personne un certain nombre de disciples proprement dits. Plusieurs des apôtres de Jésus, et les plus grands, furent d’abord auditeurs de Jean et subirent sa maîtrise. D’autres, probablement éloignés de la Judée avant la prédication du Christ, perpétuèrent ailleurs les enseignements et les rites du Baptiste. Vingt ans après, nous trouvons à Ephèse un petit groupe de Johannites apportant au Maître de Nazareth le tardif hommage de leur foi'-. 95. — Cette imposante figure de Jean Baptiste ouvre l’histoire évangélique, et permet seule d’en comprendre la genèse. Jésus n’eut pas à inaugurer le mouvement religieux qu’il domina : des âmes (Idèles, en grand nombre, étaient déjà touchées quand ii entra dans sa carrière publique. L’insistance avec laquelle on nous dit qu’apprenant l’arrestat’on dp Jean, Jésus commença son ministère en Galilée (.V ;., n-, 12-18 ; Mc, i, 14-16), montre à l'évidence que, si le Maître n’attendit pas cet événement pour annoncer la Bonne Nouvelle (/o., iii, 2 4), il approuva en s’y engageant la route ouverte par le Baptiste, et se substitua à ce dernier dans un champ où lui-même n’avait pas, d’abord et personnellement, semé. Aussi, le trait sur lequel appuient à l’envi nos évangélistes dans le portrait qu’ils tracent du Précurseur, c’est le désintéressement. Jean fils de Zéliédée a, le mieux de tous, compris la portée et fait ressortir la beauté singulière de cette coûteuse probité. Mais, d’après les Sjnoptiques également, loin d’arrêter sur soi le prestige du renom messianique qui commençait de l’investir, Jean iîapliste déclina nettement, dès le début, un rôle qui n'était pas le sien Il refusa un titre auquel un autre, et un seul, avait droit. Lui se confina dans la tâche d’avant-coureur, de témoin, d’ami de l'Époux. Quand, pour « accomplir toute justice », rendant ainsi témoignage à l’inspiration qui guidait le fils de Zacharie-', Jésus vint se présenter à Jean pour être baptisé, celui-ci, loin de s’en prévaloir ou de chercher à s’attacher comme disciple le Nazaréen, ne céda qu'à

1. Sur Jean Baptiste, monographies de A. Konrad, Jo/iannes der Tailfrr, Cra ?, 1911 (groTes réserves tbéologiques ;  ; de A. PoTTGiESstR, Johaiines dt-r Taiif’er und Jésus Chri.'tus. Colnjrne. 1911 ; — de M. Dibfmis (prolestant), Die urchrisiliche l’ebei lirferung fon J’diannrs den Tuiifer utilersuchl, Goeltiiigc-n, 1911 ; d’AIbnn Bi.akiston (anglican), John the Baptist and his relation to Jésus, London, 1912.

2..-(c(ej, XIX, 1-8. Bien qne la chose soit disculée, il semble bien que c’est de ce groupe qu'.ApolIo avnit appris, d’une fiiçon imparf ite, mois suffisamment ex ; irtp, c^' qu’il enseignait touchant le Seigneur, nvant que Priscil.'e et Aquila instruisissent plus à fond l'éloquent et subtil Alexandrin : Actes, xviii, 23-28.

.3. /. « f, Tii, 2.'î-.' ! 0. fait remarquer en effet (et c’est Jésus qui parle) que les Pharisiens et les Docteurs contestaient le baptcnie de Jean et s’y soustrayaient. Il importait donc d’autoriser sa mission, et cela était juste.