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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/681

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JESUS CHRIST

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117. — « Ils étaient stupéfaits de son enseignement, car il les enseignait comme un qui a puissance, et non comme les scribes », purs commentateurs de la Loi. Ces paroles de saint.Marc, I, 22, nous introduisent as.sez naturellement dans notre étude.

Il y avait bien lieu de s’étonner. Car à une époque où, en Judée surtout, et de plus en plus, la Thora, la Loi était l’objet d’une vénération qui allait jusqu’au culte, jusqu’à la superstition, jusqu’à une sorte d’apoiliéiise (on en venait à se représenter Dieu comme assujetti lui-même à la Loi, récitant sa prière quotidienne, se puriliant après avoir enseveli Moïse, etc.’) ; alors que les plus exemplaires docteurs se faisaient gloire de n’être que les interprètes et les champions de la Thora, tandis que les plus relâchés des Sadducéens ne voulaient pas d’autre f règle de leur croyance, Jésus s’établissait en maître sur leteirain légal. Non seulement il abrogeait les dispositions secondaires ajoutées de main d’homme, mais il reprenait, corrigeait, transformait des dispositions majeures, établies par Moise en personne, celles par exem|)le qui concernaient le divorce. Il parlait avec une liberté souveraine, non comme les anciens prophètes, au nom de Dieu, mais au sien propre :

<i Voiis avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueru » pas ; quiconque tuera sera passible de jugement. Moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère sera passible de jugetænt. et quiconque lui dira ; Haca, sera passible de comparution devant le conseil et quiconque lui dira : Fou, sera passible de la gébenrie de feu…

« Vous avez appris qu’il a été dit ; Tu ne commettras pas

l’adultère..Moi. je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjA commis l’adultère arec elle dans son co’ur… il a été dit ; Quiconque renvoie sa femnïe, qu’il lui donne un livret de répudiation. Moi, je vous dis que quiconque renvoie sa femme, hors le cas d’intidélité, la met dans le cas d’être adultère, et quiconque épouse la répudiée commet l’adultère.

« Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pouroeil et dent

pourd nt ! Moi, je vous dis de ne pas résister au méchant… » Ml., v, 21, 27, 31, 38,

118. — Jésus lit dans les cœurs, et remet les fautes. En vain lui objecle-t-on que ce sont là prérogatives divines ; que lahvé seul sonde les reins et les cœurs, que seul il peut pardonner les péchés, puisque c’est à lui seul que les hommes sont comptables : le Maître passe outre, en faisant appel au miracle.

Et voici, ils lui présentaient un paralytique gisant sur sa couche. Et voyant leur foi, Jésus dit an paralytique : « CourajJTc, enfant, les péchés te sont remis ». Or quelques-uns des scrit>es se disaient en eux-mêmes : « Il blasptiéme ! » Jésus, voyant leurs pensées secrètes, leur dit : h Pourquoi i-oulez-voMS ces pensées mauvaises dans votre cœur.’Quel est le plus aisé de dire : o Tes péchés te sont remis ». ou dédire : a Lève-toi et marche » ? Or, pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur terre le pouvoir de remettre les péchés.,. » — lors, il dil au paralytîrpie : « Lève-toi prends ta coucbettc et va dans ta maison. » Et s’étant levé, [le paralytique] s’en alla chez lui. Les foides. voyant ceci, furent saisies de crainte et gflorifièrent Dieu qui donne « ne pareille puissance aux hommes. Mt., ix, 2-9,

119 — Jésus est le Maître de tous ceux qui veulent entrer dans le Royaume de Dieu ; bien plus, il est

1. Lii-dessus, J. Leurkto.n, 0/i ; » ines, p. 130 et notes. Les paroles du fameux rabbi Hili.rl sont connues : « Beaucoup de chair, beaucoup de vers ; beaucoup de richesses, beanconp de sollicitudes ; beaucoup de femmes, beaucoup de superslilion ! — mais beaucoup de Loi, beaucoup de vie ; beaucoup d’école, beaucoup de sagesse ; beaucoup de justice légale, beaucoup de paix ! … As-tu hérité les paroles de la Loi, tu possèdes la vie du monde à venir. » l’irké Aboth, II, 7. Voir V. Bousset, Die Religion des Judentumt im S. T. T.eitatier-, Berlin, 190C, p.’l36-141,

l’objet de leur confession de foi. Etre persécuté à cause de lui, c’est être persécuté pour la justice ; lui rendre témoignage, c’est rendre témoignage à la vérité. Il faut donc lui être lidèle à tout prix, sans illusion sur le résultat en ce monde, mais sans crainte et jusqu’à la mort inclusivement. Heureux qui souffrira comme lui, pour lui, à son service ! Malheur à qui le reniera ! Ce lâche, désavoué par Jésus, sera rejeté par le Père, par le Juge souverain et incorruptible qui peut perdre l’àme avec le corps.

« Bienheureux les persécutés pour la justice, car à eux

appartient le Royaume des cieux !

« Bienheureux serez-vous quand ils vous chargeront d’injures

et vous persécuteront, disant de vous, en mentant, tout le mal possible — à cause de moi ! Réjouissez-vous et exultez, car votre récompense est grande dans les cieux. » m., v, 11-12.

« Gardez-vous des hommes : car ils vous feront comparaître

devant leurs conseils, et dans leurs synagogues ils vous fouetteront, et vous serez amenés devant les présidents et les rois, à cause de moi, en témoignage pour eux et pour les Nations.. Vous serez en haine à tous, à cause de mon nom…)i.1/^, x, 17-22.

« Le disciple n’est pas au-dessus du maître, ni le serviteur

au-dessus du seigneur. Il satBt au disciple d’être comme son maître ; au serviteur, comme son seigneur. .S’ils ont appelé Beelzeboul le maître de la maison, combien plus ses domestiques ! Ne les craignez donc pas… Ne craig-nez pas ceux qui tuent le corps… Craignez plutôt celui qui peut perdre le corps et 1 âme dansla géhenne… Or, quiconque m’aura confessé en face des hommes, je lui rendrai sa confession en face de mon Père qui est aux cieux ; mais quiconque m’aura renié en face des hommes, je le renierai aussi en face de mon Père qui est aux cieux. » j1/(., X, 25- : î4,

120. — Et, identiûant toujours plus sa personne et son message, le Maître redouble ses exigences. Il ne promet pas le bonheur humain, le repos assuré, la vie large et paisible ; il apporte le glaive, il jette l’appel qui sépare. Il faut pourtant l’aimer — l’aimer plus que père et mère, plus que fils ou tille. Perdre son àme [sa vie] pour lui, c’est la sauver, c’est sauver sa vie meilleure :

« Ne pensez pas que je sois venu jeter [le rameau] de

paix sur terre : je ne suis pas venu jeter la paix, mais le glaive. Je suis venu dresser riionime contre son père et la fille contre sa mère et la bru contre sa belle-mère et [faire, de] ses familiers, les ennemis de l’homme. Quichérit son père et sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi, et qui chérit son fils et sa tille plus que moi, n’est pas dij^ne de moi. Qui trouve son <me [qui se complaît dans sa vie temporellel la perdra, et qui perdra son àme [sa vie] à cause de moi, la trouvera, » Mt., i, 34-40.

ISl. — Exigences et promesses qui passent de haut une maîtrise humaine et la simple mission prophétique ! Mais aussi bien les œuvres parlent et, par l’irrésistible voix des oracles accomplis, désignent Jésus comme celui qui doit venir. Jean renvoyait à un plus grand que lui ; tous les voyants anciens se donnaient pour un anneau de la chaîne sacrée, et annonçaient d’autres envoyés divins. Jamais Jésus ne renvoie à un autre, à plus grand que lui : jamais il ne s’encadre à son rang dans la lignée prophétique. Il y marque la place des autres : la sienne est ailleurs. Avec lui, c’est toute l’économie du salut qui change : le jour succède aux ombres, le réel aux figures..Vussi le moindre de ses disciples dépasset-il. en bonheur de vocation et en dignité d’économie, Jean Baptiste lui-même, pourtant prophète et plus qjie prophète :

Or Jean, ayant ouï parier en prison des œuvres du Christ, envoya quelques-uns de ses disciples lui dire :

« Vous, êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en

attendre un autre.’» Répondant, Jésus leur dil : « Allez,