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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/682

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JESUS CHRIST

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annoncez it.lean ce que vous entendez et voyez ; les aveugles voient clair et les boiteux marchent droit ; les lépreux sont puriBés et les sourds entendent ; les morts ressuscitent et les pauvres sont évangélisés — et bienheureux qui ne sora pas scandalise à mon propos ! »  » Et comme ils s’en allaient, Jésus commença de parler oe Jean aux foules.

« Qaètes-vous allés contempler dans le désert ?… un prophète ? Oui, je vous le dis Et plus qu’uii prophète ! C’est

cehii-Ià doritil est écrit :

Voici, j’envoie mon messager devant ta face Qui préparera la voie devant toi.

En vérité je vous le dis : il ne s’est pas levé parmi les fils de la fer’me de plus grand que Jean Baptiste ; mais le moindre dans le Royaume des cieuiest plus grand que lui… Qui a des oreilles, entende ! » iît., xi, 2-16.

128. — D’où vient à Jésus cette assurance ? — De ce qu’il est le Fils.

Prenons-y garde. Israël était le ûls de lahvé', et tout homme juste peut se vanter d’avoir Dieu pour père'^. Outre ces privilégiés, il y a les innombrables tils du Père qui est aux eieux, duquel loutepaternité découle. Le titre filial de ceux-ci est la création, de ceux-là, une élection gratuite qui retient sur eux un regard de complaisance. Mais le titre de liliationque va invoquer Jésus est différent et d’un autre ordre : ce titre le rend dépositaire de tous les secrets paternels, maître de toute la puissance du Père ; il en fait l’initiateur indispensable au mystère de la vie divine, l’exemple et le consolateur de tous ceux qui se veulent mettre à son école. Xulle misère humaine qu’il ne puisse secourir, nulle blessure pour laquelle il n’ait un baume, nulle lassitude qu’il ne puisse conforter. Quel il est dans son fonds, ce Fils bien-aimé, le Père le sait bien, et lui seul : il ne faut rien de moins que le perçant du regard divin pour apprécier cette richesse — tout comme le regard de ce Fils est le seul qui puisse scruter et comprendre l’Etre immense de son Père. Transcrivons avec respect ces paroles sacrées, prononcées dans la joie et sous l’action du saint Esprit (Le, x, ai), et dont W. Sanday dit bien que a celui qui les pénètre, a trouvé sa voie pour aller jusqu’au cœur du christianisme^ 1).

1. « Ainsi parle lalivé : Israël est mon fils premier-né i>, Erodf, IV. 22.

2. Sapient. Salom., il, 16.

3. Diitionart/ of the Bible, éd. J. Hastings, vol. ii, Edinburgh, 1899, p. 629. B. Je m’expliquerai brièvement plus bas sur l’authenticité de ces paroles. Il fallait s’attendre à ce qu’elles fussent contestées, et elles l’ont été, dans leur ensemble par M. A. LoiSY, dans un de leurs détails par M. A Harnack, dans Torip"inalité de leur forme par M. Ed. Nohde : *. On peut consulter à ce sujet la note de M. J. LEBKtTON, qui résume au mieux toute la controverse onlérieure à 1910 : Origines, note D. p. 470-'t77. — Depuis, a paru l’important mémoire du D*" H. Schumacher, Die Selbsto/fenbarungJcsu bei M< ! t..xi.'2' (Liic.x, 22), Freibnrgt. B., 1912. et cem deh.KoPLEh, Die u jokan ?teiscbe » Stelle bei den Synoptikern, dans la Thcoi. Prakt. Quartahelirift, d « Linz, 1913-19I’i. l’n eiégète aussi radical que M.W. HEiTMiiLLFR reconnaît que ce passage » appartient i la source des Logia. donc à la plus ancienne. En dépit de beaucoup d’hésitations, ajoute-t-il, nous avons le droit de tenir ferme à son nuthenlicité snbstant’elle », Die Religion in Geachicliie und Gegeniart, IJI, Tiib ngen, 19t2. ». V. Jésus Cliristus, col. 3T’i. — M. Ed. Xorden. Agnostns Theos, L’ntersuchungen zitr Fnrmengcschic/ite religinescr Ifede, Leipzig. 1913, attribue lui aussi le morceau à l’hypothétique source commune de.1//, et de Le., c’est-à-dire BU plus ancien document évangèlique..Mais la (orme littéraire amène le célèbre philologue classique, fourvoyé sur le terrain des évangiles, à conjecturer que l’auteur aurait librement élaboré ce morceau, à l’imitation d’un passage de l’Ecclésiastique. Comme si la pensée de Jésus, qui s’est si souvent roulée dans le moule des prophéties

En cette heure-là, Jésus répliqua et dit ; « Je vous rends grâce. Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché ces [mystères^ aux sages et aux avisés, — et de les avoir révélés aux petits enfants ! Oui. Père, lel a été votre bon plaisir. Toutes choses m’ont été livrées par mon Père, et nul ne connaît bien le Fill, hormis le Père, ni ne connaît bien le Père, hormis le Fils et celui auquel le P’ils veut bien le révéler. Venez à moi, vous tous qui peinez soiisun trop lourd fardeau, et je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug, et apprenez de moi. carje suisdoux et humble de co’ur : et vous trouverez le repos de vos Ames : mon joug est suave, et mon fardeau léger. » M t., xi, 25-30.

153. — Qu’on n’oppose pas à ces prétentions une défaite tirée des coutumes légales, de l’observance du sabbat, du Temple, des exemples du passé ! Il y a ici plus grand que ce Temple — oi’i lahvé se complaisait à l’exclusion de tout autre lieu de culte — de plus grand que la loi du sabbat. Il y a plus que rois et prophètes, plus que Jonas et Salomon. Heureux les disciples qui entendent la leçon d’un tel Maître, et qui le voient de leurs yeux : c’est un bonheur après lequel ont soupiré en vain tous les prophètes et les saints d’Israël :

« Il y a ici plus grand que le Temple… le Fils de l’homm**

est maître aussi du sabbat… » >

« ( Les gens de Ninive se dresseront au jour du jugement

contre cette génération-ci et la condamneront, car ils firent pénitence "en entendant] la prédication de Jonas, et ily a plus que Jouas ici. La Heine du Midi se dressera au jour du jugement contre cette génération-ci et la condamnera, car elle vint du bout du monde écouter la sagesse de Salomon, et voici plus que Salomon ici.

(( Bienheureux sont vos yeux de voir, et vos oreilles d’entendre ! Car je vous le dis en vérité : beaucoup de prophètes et de saints ont désiré de voir ce que tous contemplez, et ne l’ont pas vu ; d’entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. » Mt., iii, 6, 8 ; un, 16-18.

154. — Mais voici arrivée, pour le cercle intime des Douze, l’heure où leur formation déjà avancée, la lente suggestion des actes et des paroles du Maître, leurs propres expériences, la profession de foi arrachée par le signe de la marche sur les eaux (a Vraiment, vous êtes le Fils de Dieu ! » M t., xiv, 33), la nécessité d’affermir cette foi encore fragile pour qu’elle puisse supporter le poids de la révélation du Messie souffrant — toutes ces causes réunies amènent le Maître à provoquer une explication décisive. Les jours del’enseignement galiléen sont révolus : l’heure approche de la montée douloureuse, orientée, au grand scandale des jugements humains, vers la trahison, la honte et la croix.

Lors Jésus, venant dans la région de Césarée [située dans la tétrarchiel de Philippe, interrogeait ses disciples, disant ; « Qui dit-on qu’est le Fils de l’honinie ? n Eux de répondre : « Les uns : Jean le Baptiste ; d’autres ; Elle ; les autres : Jérémie ou l’un des prophètes. » Il leur dit :

« Mais vous, qui dites-vous que je suis.-' » — Répondant, 

Simon Pierre d-t : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Mt., xvi, 13-17.

Cette belle confession de foi marque une étape dans le progrès des croj’ances apostoliques,.ussi le Maître ne se borne pas à la ratifier par une promesse qui engage tout l’avenir et embrasse tout l’univers. Il en exalte l’inspiration, rendant du même

anciennes, n’avait pu employer le style des livres sapientiaux, en une matière qui le comportait et, pour ainsi dire, l’imposait ! (Sur la prétendue imitation de l’Ecrlésiastique, je me suis expliqué, il y a longtemps déjà : Fttides, 20 janvier 1903, p. 164-l(ii'.) Et que ces paroles, belles entre les divines, aient été « rédigées i) f>ar un scribe anonyme et inconnu, pastichant un ancien texte, cela jiarait naturel à un érudit, en toute autre matière homme do goût.