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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/847

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JUIFS ET CHRÉTIENS

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(iénonimée pnr antiphrase, qui s’y conslilua, et dans celle « Société pour la civilisation el la science des Juifs)i élahlie peu après (1819) par I.. Zunz, E. dans et M. Moscr, et toute imliue d’iu-gélianisnie, parmi les « éclairés » d’Allemagne, contempteurs du passé juif. Pres<iue partout, en ilehors de la Hesse, « les carrières oUicielles ou libérales demeuraient inaccessibles aux Israélites ; celle législation inique, dit T. Rrinac.11, Histoire des Israélites, p. 333, amena forcément bien des conversions intéressées parmi les .liiifs les plus instruits et les plus intelligents : Hknri IIki.mî, Bobrnb, Gans, etc. » Ce « forcément » peut être juif ; il n’est pas clirétien. Ghabtz, de son ciMè, s’attache à démontrer que Heine el lîoerne sont juifs, foncièrement juifs, ([u’ils ne se sont séparés du judaïsme qu’en apparence, « tels des combattants qui adoptent l’armure et le drapeau de l’ennemi pour le frapper à coup plus sur et l’anéantir ». Celle phrase malheureuse a disparu de l’édition française de V Histoire des Juifs ; mais on y lit, t. V, p. 355, que de Heine et de Boerne on reconnaît l’origine juive, « non seulement dans leur esprit pétillant et leur ironie cinglante, mais aussi dans leur amour de la vérité et de la liberté, leur haine de l’hypocrisie » I Le père de Karl Marx avait abjuré le judaïsme sans plus de conviction que Heine. D’IsRAiiLi reçut le baptême, à treize ans. Les conversions suivies d’un mariage chrétien ont été parfois sincères ; la plupart du temps, peut-être, elles sont de pure forme. Intérêt humain, passions, influences d’ordre profane, indilîérentisme religieux, autant de causes qui contribuent à des conversions fictives ou non durables. Une des plus attristantes fut celle de ce juif allemand, qui devint Mgr J.-M.Baukr, eut, à la cour de Xapoléon III, le ride que l’on sait, et, a[irès les désastres de 18^0, alla finira Bruxelles une vie de scandales. Un des convertis récents (igo6), Paul Lobwbngard, après avoir exprimé la prétention imprudente d’être le Chateaul)riand mystique du xx" siècle, cf. ses Magnificences de l’Eglise, Paris, 1913, p. iv-v, est revenu au judaïsme pour des raisons qui prouvent que son catholicisme avait été tout de sentiment et qu’il n’avait rien compris à l’Eglise (voir sa lettre du 23 juin igiii, au Gil Bios). Ces derniers temps ont assisté à une résurrection du judéo-christianisme. En 1882, l’avocat juif Rabi-NowiTscH, qui était allé étudier en Palestine les moyens d’une émigration des Juifs russes, en rapporta la conviction que Jésus de Nazareth est le Messie, propagea sa foi nouvelle, ouvrit une a synagogue du saint Messie Jésus », et voulut être baptisé sans renoncer au judaïsme. Une église judéo-chrétienne s’est formée en Perse ; elle se réclame de Jésus-Christ, admet le baptême et l’eucharistie, et se distingue des Juifs talmudistes, des protestants, des grecs, des catholiques. Cf. V. Moxod, L’espérance chrétienne, Paris, 1901, t. II, p. 21j8-2tj9, 310-312. Les chrétiens d’origine qui ont adopté le judaïsme sont rares. En Russie, des sectes de sabbatistes se sont approprié, avec le respect du sabbat, plusieurs prescriptions de la Loi mosaïque. Chez nous, l’ex-Père Hyacinthe a conçu un plan de réforme du christianisme par les principes de l’hébraisme. Cf. Un ami d’Israël. Le P. lîyacinthe (tirage à part de L’Univers Israélite), Paris, 19 12. Le pasteur W. Monod estime qn’< un retour formel et audacieux de l’Eglise à l’hcbraïsine est la condition nécessaire de la grande synthèse qui s’impose entre l’esprit moderne el la foi évangélique », op. cit., p. 3 17. Ce « retour au jéhovisme, ou mieux encore au messianisme », n’implique la croyance ni en un Dieu personnel ni en la vie future au sens traditionnel du mot, et rejoint le modernisme juif de J. Darmesleter et de L. G. Lévy.

§ IV. Les attaques contre le christianisme

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29. De 313 à 111)0. — Les Juifs furent accusés d’avoir, par leurs intrigues, décidé Léon l’Isaurien à entreprendre sa campagne iconoclaste el de s’y être associés largement. On leur attribua des profanations d’images. D’après un récit qui eut un succès énorme, deux images du Sauveur, frappées par les Juil’s, auraient versé du sang, l’une à Béryle, en Syrie (voir le martyrologe romain, au 9 novembre), l’autre à Constantinople. En 1016, à Rome, les Juifs auraient traité avec dérision l’image du crucilix.

Plus indiscutables sont les excès de la fêle des Pourim. « La jeunesse bruyante, dit Grætz, trad., t. III, p. 236, pendait.man, l’ennemi traditionnel des Juifs, à un gibet auquel, par hasard ou à dessein, on donnait la forme de la croix, et qu’ensuite on brillait. Ce fait irritait naturellement les chrétiens, qui accusaient les Juifs d’outrager leur religion. Pour mettre fin à ce scandale. Théodose II ordonna d’en punir les auteurs de peines rigoureuses ; mais il n’arriva point à le faire cesser. » On brûle une croix le jour du sabbat, ou on l’introduit dans la synagogue pour s’en moquer.

Que dire des blasphèmes contre le Christ, réédition augmentée de ceux de la période des origines ? On continue à prétendre que Jésus est né’ir.-opsiK ;  : les Acta Pitati, ii(probablement<luiv’ou du v* siècle), se font l’éeho de cette grossièreté, d’invention juive. Elle est reprise, amplifiée, dans le Talmud et surtout dans le Toledot.lesu, v l’ouvrage le plus abominable qui soit sorti de la main des hommes », Frkitel, Saint Justin, 2" édit., Paris, 1869, p. 4 10.

Le bruit de ces horreurs arrive aux oreilles des chrétiens. Que se passe-t-il exactement dans les synagogues ? Ils ne sont pas en mesure de le constater. Mais, par ce qu’ils savent, ils se les représentent comme retentissant d’imprécations contre le Christ et les fidèles, et les Juifs se caractérisent, à leurs yeux, par ce que l’évêque Aiiolon, Contra Judæos. XL, appelle, immanitate odii in Christum et rabie lilasphemandi.

30. De 1100 à 1500. — Contre le christianisme, les Juifs s’allièrent fréquemment aux hérétiques. L’entente était d’autant plus facile que certaines sectes et, en première ligne, les vaudois et les cathares, furent enclines à judaïser. Très probablement ce furent des cathares judaïsanls, ces passagiens, on circoncis, qui disaient que la Loi mosaïque doit èlre observée à la lettre, exception faite pour les sacrifices sanglants, el qui condamnaient la Trinité, la divinité du Christ et l’Eglise. Cf. C. Moli-NTBR, Mémoires de lacadémie des sciences, inscriptions et l/elies-lettres de Toulouse, 8’série, Toulouse, 1888, t. X, p. 442-443. Il n’est pas impossible que ces sectes, à leur tour, aient exercé une certaine attraction sur les Juifs. Juifs et hérétiques se rapprochèrent surtout dans le Languedoc, pays de fermentation antichrélienne. Ils s’unirent aussi ailleurs. LTn mandement de Philippe le Bel (6 juin 1299) nous apprend que les Juifs cachaient les hérétiques fugitifs, cf. G. Douais, L’inquisition, Paris, 1906, ]>. 360, et, en 142Ô, le duc de Bavière châtia les Juifs de son duché qui avaient fourni des armes aux hussiles contre les clirétiens. Luc dk Tuy, De altéra vila fideique controversiis, III, iii, assure que des hérétiques se disent Juifs pour disséminer aisément leurs doctrines sous le couvert du judaïsme, car les princes des peuples et les juges des villes sont favorables aux Juifs ([u’ils Ir.iilent en familiers et en amis ; loucher à un juif, c’est toucher à la pupille de l’oeil du juge ; l’or des Juifs leur vaut de telles protections que nul ne