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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/848

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1683

JUIFS ET CHRETIENS

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leur résiste, et les évoques même, achetés par leurs présents, leur prêtent main forte.

« Ils démolissent l’Eglise », dit Luc ; qui crucifixerunt

Dominum Deum nteum évacuant pdem ejus et opprimant pauperes sine causa. Ils sont à l’alTût des occasions d’ébranler la croyance des simples. On lit dans le Merlin, Paris, ligS, 3° partie, Les prophecies de Merlin, fol. 1 50 » : n A celluy temps qu’il estoit en celuy pais avoit mains Juifs qui moult contredisoient la nouvelle foy. Ung jour advint que le plus saige deux tençoit a Merlin et lui disoit encontre la Vierge Marie. » L’histoire s’accorde avec la fiction, et l’auteur du Merlin imagine les Juifs du passé à la ressemblance de ceux qui l’entourent. La parabole des trois anneaux, qui apparaît dans le Novellino, cxii (lin du xiii" siècle), dans le Décaméron de BoccACE, I, III, dans la Verge de / « co// deSALOMON Ibn Verga (ouvrage achevé au commencement du XVI* siècle), en attendant que Lkssing l’immortalise dans son Nathan le sage, et qui, sous une apparence de bonliomie, contient une si grave leçon de scepticisme, est prol)ablement née en Espagne et d’invention juive. Cf. G. Paris, La parabole des Irnis anneaux, dans La poésie du moyen âge, 2" série, Paris, 1895. Le Juif s’entend à la guerre contre l’Eglise. « Il est le docteur de l’incrédule, dit J. Dah-MBSTETER, Les prophètes d’Israil, p. 185-186 ; tous les révoltés de l’esprit viennent à lui, dans l’ombre ou à ciel ouvert. Il est à l’œuvre dans l’immense atelier de blasphèmes du grand empereur Frédéric et des princes de Souabe ou d’Aragon : c’est lui qui forge tout cet arsenal meurtrier de raisonnements et d’ironie qu’il léguera aux sceptiques de la Rcnaissince, aux libertins du grand siècle, et tel sarcasme tl’î Voltaire n’est que le dernier et retentissant écho d un mot murmuré, six siècles auparavant, dans l’ombre du ghetto, et plus tôt encore, au temps de Celse etd’Origène, au berceau même de la religion du Christ. >i Ces lignes exagèrent l’induence du Juif ; retenons-en que les Juifs ont travaillé de leur mieux à détruire le christianisme.

Au commencement du xiii" siècle, en 1205, Innocent III, A"/)., VII, OLXxxvi, P. L., l. CXV, col. 502, dénonçait à Philippe- Auguste leurs blasphèmes contre le Christ, ce n pendu qui était un homme de rien >'. Vers la lin du même siècle. II. Biîcuaï bkn Achkr avançait une explication sinistre d’une anomalie du texte hébreu du Ps. Lxxx (lxxix de la Vulgate), 14 ; au lieu d’être dans le corps du mot minT^ sanglier, le ain est au-dessus du mot. Le sanglier, disait Bêchai, c’est le (^lirist qui ravage la vigne d’Israël ; quant au ain, il est suspendu sur le mot niia’r, afin que soient pareillement pendus tous ceux qui croient à ce pendu qu’est le Christ.

Cela indique le ton. Langage odieux à 1 adresse du Christ et à l’adresse de la Vierge, basses plaisanteries |)our détourner de l’adoration de la croix le vendredi saint, incantations magiques, profanations d’hosties, all’ectation des vases sacrés et des ornements liturgiques à des usages indécents, prières imprécatoires contre les fidèles, ces méfaits leur sont attribués par une foule de textes, qui n’ont pas toujours une valeur indiscutable, mais qu’il serait peu critique de rejeter a priori et en bloc, et qui, alors même que leur témoignage ne s’impose pas. traduisent l’impression que la conduite des Juifs avait fait naître dans le peuple chrétien.

31- />< ? 1 : '>00 à nS9. — Les Juifs, plus surveillés, bannis de la plupart des Etats clirétiens, objet, de la part des papes, de mesures sévères, ne pourraient, sans iiniirudence grave, étaler leur anlicliristianisme. En pays infidèle, ils montrent qu’ils n’ont rien oublié de leur passé de rancunes. Au cours des

fêtes que les Turcs célébrèrent à Andrinople (1663) pour commémorer la prise de cette ville, on donna au peuple le spectacle d’une ville chrétienne enlevée d’assaut ; la représenlalion fut si vilainement injurieuse que le sultan dégoûté Ut battre quelques Juifs qui l’avaient organisée.

En pays chrétien, les Juifs sont plus circonspects. Que valent — la question du meurtre rituel étant réservée — les accusations de profanations d’hosties et d’images saintes qui se renouvellent ? Tous les textes qui en parlent ne sont pas sûrs. Encore ne faudrait-il pas les écarter tous sans examen, sous prétexte que « c’est là une de ces fables dont la donnée même trahit la fausseté. Un juif qui ne croit ni à la divinité du Christ, ni à sa présence invisible sous le voile du pain, n’a pas la sacrilège curiosité, dit A. Lehoy-Be.iiliki’, Israël chez les nations, p. 41, de lacérer l’iiostie, pour voir s’il en sortira du sang. Pareille impiété ne peut germer que dans une tête chrétienne ». Hélas I toutes les impiétés et toutes les curiosités morbides peuvent germer dans des tètes haineuses. Un fait bien authentique est le suivant. Quand Engelsberger eut été condamné à mort pour avoir volé des objets de grand prix à l’empereur Ferdinand III, dont il avait capté la confiance par sa prétendue conversion, il allecta de se pré])arer chrétiennement à mourir et reçut les derniers sacrements, espérant que l’empereur lui ferait grâce. Mais, dès l’instant où il comprit qu’il n’y avait rien à attendre, que la sentence serait exécutée, il jeta violemment à terre un crucifix qu’il avait dans ses mains, et protesta qu il était resté juif de cœur. Comme on lui fit remarquer qu’il avait communié peu auparavant, il ajouta qu’il avait craché l’eucharistie dans son mouchoir et l’avait mise ensuite dans un pot de nuit. On se rendit compte que c’était vrai.

Les chrétiens reprochaient toujours aux Juifs leurs blasphèmes. Nous avons cité déjà cet aveu de Grætz que des Juifs — pour lui, des « ignorants » — appliquaient à tous les chrétiens la malédiction de la Chemoné-esrê conlre vs minim ; les Juifs émancipés qui, pour la première fois, en 1796, voulurent supprimercette malédiction, laquelle évidemment n’avait plus de raison d’être qu’autant qu’elle concernait les chrétiens, furent mal accueillis. D’autres prières juives parurent aux chrétiens également injurieuses. Dans la prière Alènaa, des Juifs avaient l’habitude d’ajouter ces mots : « Eux adressent leurs prières à une chose sans consistance et au néant ». Par le mot (I néant », ’lariq en hébreu, les chrétiens jugèrent que les Juifs entendaient Jésus. Jean WuHLrEU (}- 172/4) fouilla les bibliothèques pour découvrir un manuscrit où se lirait ce passage, car il n’était pas imprimé dans les rituels et, dans certaines éditions, la place était indiquée par un blanc. Il y réussit. Le prince Georges de Hesse avait exigé des Juifs de son Etat le serment de ne jamais proférer ce blasphème contre Jésus. J. Buxtorf composa un livre (non imprimé) sur la haine des Juifs contre tous les peuples, surtout contre les chrétiens, sur leurs blasphèmes, leurs imprécations, etc, non d’après les ouvrages des Juifs convertis, qui ne lui semblaient pas toujours dignes de foi, mais d’après les livres juifs. FABHicius.qui rapporte, Dcteclus argunienloruniet srllabus scriptoram qui tcritateni religionis chrislianae asserærunt, p. 66^4, la lettre de lluxtorf relative à ce livre, est frappe douloureusement de ces habitudes blasphématoires : lient ipsant, <lit-il, de majore parle .hidæorum non passe negari, et præsentis memoriae experientia, et srripta.ludæorum. quæ in nosiris sant manihus. hlasphema palam, aut præ meta omissas in libris excnsis hlasphemias el vacuo