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GALILEE

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Profitant « le ces lionnes dispositions, Galilée eut avec le pape plusieurs entretiens scientiliciues. Espérait-il l’amener à rapporter le décret de 1616 et à accorder toute liherlé de parler et d’écrire sur cette matière ? Cela est fort probable, comme en témoigne une lettre adressée au j)rince Cesi’. Toute question scripturaire mise à part, Urbain VIII accepta de discuter avec Galilée les preuves scienliliques que ce dernier prétendait apporter en confirmation de sa thèse, et la discussion roula principalement sur la preuve tirée des marées. Le pape n’approuvaitpas l’argument et il avait raison ; mais sa bienveillance pour Galilée n’en fut pas diminuée. En 1630. il reçoit encore Galilée qui est venu chercher imprimatur pour son Dialogo, et il élève de soixante à cent écus la pension faite à Vincent Galilée. La confiance du Souverain Pontife dans les dispositions orthodoxes de l’astronome était entretenue d’ailleurs par plusieurs prélats de sa cour, amis de l’auteur ; au point de vue des mesures canoniques, il s’en remettait à Mgr Riccardi, Maître du Sacré Palais, à qui incombait la charge d’examiner l’ouvrage.

Lorsque parut le Dia}ogo, dans les circonstances que l’on sait, Urbain VU ! fut fort mécontent d’avoir été trompé par Galilée et ses amis, et il témoigna hautement de son intention de mettre un terme à l’alTaire -. On a dit, à diverses reprises, que la colère du pape Acnait de son amour-propre blessé. Il se serait reconnu, dans le Duilo°o, sous le personnage un peu ridicule deSimplicio, dans la bouche duquel se trouvait un argument « |u’il avait jadis opposé à Galilée De fait, dans les documents annexes ilu procès, se trouve une annotation mise par Mgr Riccardi au bas de la préface donnée à Galilée pour être insérée en tête du Dialogo. « La péroraison de l’ouvrage, dit cette note, devra se faire en accord avec la préface, le seigneur Galilée ajoutant à son texte les raisons tirées de la Toute-Puissance divine qui lui ont été suggérées par Sa Sainteté, raisons qui doivent satisfaire l’intelligence, alors même <iu’on ne saurait se dégager de l’argumentation des Pythagoriciens [Coperniciens]3. „ Galilée présenta l’argument, mais sous une forme assez niaise. — On le remarqua vite’, mais nous devons ajouter que Galilée s’est défendu d’avoir jamais voulu se mocjucr d’Urbain VIII =.

Quoi qu’il en soit, il faut bien convenir que des motifs plus graves poussaient le pape à agir ; sur son ordre, le procès canonique fut activement mené, mais par sa permission Galilée obtint, nous l’avons vu, de respectueux égards et de nombreux passedroits. En qualité de préfet du St.-Oilice, Urbain VIII devait diriger la procédure. On lui a reproché comme un crime d’avoir fait menacer Galilée de la torture. Laissant de côté les ridicules amplifications de la légende, dont on a de|)uis longtemps fait justice, il ne faut voir, dans cette menace, qu’un de ces moyens juridiques d’intimi<lation, usités dans tous les tribunaux d’alors et analogues à l’isolement et au secret, dont on se sert aujourd’hui pour obtenir d’un coupable l’aveu de sa faute. Galilée ayant persisté dans ses négations, on s’en tint là, disent les actes du procès, pour ne pas dépasser les ordres exprès du pape.

1. Op. Gal., t. VI, p. 289.

2. Op. Gal., t. XIV, p. 383, 388.

3. Gai.e l’/nq., p. 71.

4. Op. Gn ;., l. XIV, p. 371h t. Vn, p.72, note. — Cf. /..K/nal des.Savanh, 1858, p. 140.

5. Op. Oui., t. XVI, p. 455.

6. Gai.e l’inj., p. 21 et 102. L’étudi » des ducumpiits montre qu’il y iivait trois degrés dans l’ustige des nioyens de rigueur pour obtenir la confession df ; l’accusé : 1* menace verbale de la torture, fuite dans le lieu ordinaire des interrogatoires (terrilio iierbalis)-^ 2° injonction plus près Après la condamnation de Galilée, L’rbain VIII se montra pour lui « l’une grande indulgence, excluant pourtant toute faiblesse. Galilée était prisonnier de l’Inquisition, il ne devait point l’oublier ; ce point maintenu, il faut avouer quejamais prisonnier n’eut un sort plus doux. Le pape lui conserva même, jusqu’à sa mort, une pension de cent écus.

On fait également à Urbain Vlllun grief d’avoirperséeuté Galilée jusijue dans sa tombe. Le fait est que. Galilée ayant été inhumé dans une dépenilance de la basilique de Ste. -Croix, à Florence, et ses amis ayant voulu lui élever un mausolée dans l’église même, le pape refusa rautorisati « )n : II ne serait pas d’un bon exemple, dit-il àXiccolini, ipie leGrantlduc élevât un monument à uncon « lamné du St.-Ollice dont les opinions ont séduit tant d’intelligences et causé à la chrétienté un grand scandale. » On peut trouver ces paroles un peu dures ; elles montrent du moins que le pape ne se laissait pas guider par des motifs d’inimitié personnelle, mais par le souci du bien de l’Eglise. A ce point de vue, il est certain i]ue le fait d’élever un mausolée, dans une église, à un homme mort prisonnier de l’Ini^juisition, eût paru aux contemporains assez déplacé.

Il sera moins long de justifier le cardinal Bellarmin, dont on a voulu faire un persécuteur de Galilée et la cheville ouvrière du procès de 1616. La vérité est tout autre. Avant 1616, Bellarmin est en relations amicales avec Galilée et échange avec lui des billets affectueux. Comme on fait grand liruit autour des découvertes de l’astronome, Bellarmin cherche à savoir ce qu’elles valent et s’en enquiert auprès des savants du Collège romain, mais sans mettre dans cette démarche aucune intention hostile. Le cardinal tient pour le système de Ptolémée et condamne une exégèse imprudente, mais il est un de ceux qui’ailmettent la |>ossibilité d’un interprétation au sens métaphorique des passages discutés. Durant le procès de 1616, Bellarmin n’agit que sur les ordres du pape, comme en Ibnt foi les actes olficiels. Evidemment, en transmettant à Galilée la décision qui lui enjoignait « l’abandonner ses opinions, il ne pouvait guère être auprès de lui persona grata, mais il ne faisait qu’exécuter la mission dont on l’avait chargé. Personnellement. Bellarmin restait bien disposé envers Galilée, puisque, deux mois et demi plus lard, il acceptait de lui donner une atleslati « >n écrite d’orthodoxie, destinée à démentir des bruits calomnieux, et dont la teneur adoucissait beaucoup le texte des décisions ofiicielles.

Passons maintenant aux accusations formulées contre les Jésuites. La première émane de Galil «  « ’Ivii-même.Le i.’i janvi « T 1633, ccrivanlà Elia Di « >dali, il raconte rque, peu de jours auparavant, le P. Grienberger aurait jtrononcé cette parole : « i Si Galilée avait su se concilier l’alTection des Pères du Collège romain, il vivrait heureux et tranquille et il aurait i)U écrire, comme bon lui eût send)lé, sur tous les sujets, et même sur le mouvement de la terre. — Vous voyez bien, ajoute Galilée, que ce ne sont pas mes idées qui m’ont fait déclarer la guerre, mais plut « ">t le fait

santé, dons la snllo de torture, en face des instruments [lerrilio realis) ; 3 » application de la torture. L’i’nseiable de ces moyens de rigueur était connu sous le nom de rxamen ri’f ; orositm. On n’em|iloy « eonlie Galilée que la menace verbale. L’expression et si susliniierit. omployi’e diuis le (léciet du Ki juin ll>3 : i. ne signifie pas i-omme on la « lit : si Calitér supporte lu l<irliire, mais bien : si Galilée persiste dans ses ni’/^alions. Sur ce point, aujouril’bui. lue-cor

« l est fait.

D’nprès les rèifles ilu Tribunal « le l’Inquisition, les sexagénaires ne pouvuient i : ’tre soumis de fait ii la Imture : Il Non sunt toniuenili, possunl verii lerreri. n (Cf. Hordoni. S. Tribunal judieum in cansis fidri, Koniae, 1<)48, p. 5/6.)