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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/198

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MARTYRE

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à de vrais martyrs. Mais leur furevir lit j larlyrs véritables, en s’altaquant à des

ressemblait

aussi des niarly

évêques, à des prêtres, à des ûdèles, pour punir le

refus d’adhérer au scliisme, ou simplement en haine

de l’Eglise catholique.

Les écrits contemporains, particulièrement ceux de saint Augustin, ont conservé le souvenir de ces attentats. Nombreux sont les catholiques auxquels les circoncellions coupèrent les bras et les mains, arrachèrent la langue, crevèrent les yeux, ou qu’ils ont aveuglés en étendant sur leurs yeux une couche de chaux mêlée de vinaigre. En Sg ; , des clercs orthodoxes sont suppliciés de diverses manières. En ! , o’i, une troupe de donatistes assiège une maison où s’est rélugié Possidius, évêquede Calaïua, et y met le feu : l'évêque manque de mourir brûlé vif. En 404, Maximianus, évéque de Bagaï, voit son église envahie et dévastée par les sectaires, est presque assommé avec les planches de l’autel, puis est précipité du haut d’une tour : on l’abandonne dans un fossé, à demi-mort. La même année, Servus, évêque de Tubursicum Bure, échappe à une bande de gens armés, mais son père, un vieux prêtre, est tellement battu par eux qu’il en meurt. A Cæsariana, un prêtre et un diacre sont torturés et pendus. En 408, deux évêques, Sévère et Macaire, sont mis à mort. En 41>. dans la région d’Hippone, des circoncellions, conduits par des clercs donatistes, saisissent le prêtre Innocentius, lui coupent un doigt, lui arrachent un œil, et tuent le prêtre Restilutus. Voir sur ces attentats saint Optât, J)e scliisin. donat., III, iv ; saint Augustin, Psalin. contra partem Donati, 8.'i, 137-142, 154-155 ; Enarr. in Psalm., Liv, 18-26 ; Contra Ep. Parmeaiani, I, xi, 17-18 ; Contra liiteras Peliliani, I, XXIV, 2O ; II, Lxv, Lxxxiv, Lxxxviii, xcvi ; Contra Cresconiiim, 111, xlv, 49 ; Ep. xxiii, xxix, xxxv, Lxxxviii, xcvii, cv, CXI, cxxxiii, cxLiv ; Collât. Carthag., I. 188-189 ; ^^- Co//a<., III, XI, 22 ; Possinius, Vila Augustini, xi, xiv.

Il ne m’appartient pas de rechercher dans quelle mesure ces victimes des fureurs donatistes méritent régulièrement le titre de confesseur ou de martyr : disons seulement que beaucoup des si nombreux noms de martyrs africains qui se lisent au Martyrologe hiéronj’iuien appartiennent probablement à des catholiques immolés par les schismatiques des iv< ! et V siècles. Voici au moins un cas dans lequel le martyre semble avoir été juridiquement reconnu, et a pour garant l’autorité de saint Augustin.

Nabor, diacre donaliste de Numidie, probablement du diocèse d’Hippone, avait abjuré son erreur et s'était réconcilié avec l’Eglise catholique. Les sectaires jurèrent de se venger de lui. Il fut par eux surpris et tué. Saint Augustin composa cette épitaphe pour son tombeau :

ûonaiistarum crudcli cæde peremptum^ Iilfossuni hic corpus pia est citm Laude Naboris. Ante aîlquot tenipus ciim donatlsta fttisset. Conversas paccm pro qua morereiur aniavit. Opiima purpureo festitus sanguine causa, yon errore périt, non se ipse fiirore peremit ; Verurn niartyriuni fera est pietaie probatuni, Suscipe litlerulas primas, ibi nonien honoris.

(Dr Rossi, Inscr. christ., t. II, p. 40 1)

« Assassiné par la cruauté des donatistes, ici repose dans une gloire pieuse le corps de Nabor. Il

avait été pendant quelque temps donatiste ; mais il se convertit, et aima la paix de l’Eglise jusqu'à mourir pour elle. Couvert, pour la meilleure des causes, de la pourpre de son sang, il ne périt pas pour l’erreur, et ne se tua pas par folie : le sien est un vrai martyre, prouvé par la vraie piété. Lisez la

première lettre de chaque vers, vous connaîtrez son titre. 1.

J’emprunte à M. Monceaux le commentaire de ce poème :

a Le dernier hexamètre invite le lecteur à chercher l’acrostiche : c’est le mot diaconus, que dessine progressivement la première lettre de chaque vers. L’inscription contient beaucoup de détails précis. Nabor était récemment converti (1. 3) ; il a été tué par les donatistes (1. i) ; l'épitaphe a été réellement gravée sur sa tombe (1. 2). Notons encore l’emploi du mot pacem avec le sens déjà signalé de « paix religieuse, » de « communion catholique » (1. 4) ; les allusions à la nécessité d’une canonisation en règle (1. 7), au fanatisme des prétendus confesseurs schismatiques, à leur martyre volontaire (1. 6). Il était (lillicile <renfermer plus de choses en moins de mots. Augustin a résumé eu ces quelques vers toute sa théorie du martyre et les griefs des catholiques contre les violences ou le fanatisme des dissidents. » {Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, t. IV, 1'. 47^)

2. Les martyrs faits par les ariens. « ) Dans l’Empire romain. — L’hérésie aérienne ne fut pas seulement pour l’Eglise une grande crise doctrinale : on vit, à deux reprises, des empereurs chrétiens renouveler, au nom de l’hérésie, contre les catholiques restés fidèles aux définitions du concile œcuménique de Nicée, les persécutions que, si peu d’années encore auparavant, les empereurs païens dirigeaient contre l’ensemble des chrétiens. Bossuet n’hésite pas à rapprocher de celles-ci la persécution arienne, quand il dit : « Le sang des lidèles, que versaient les empereurs chrétiens, n'était pas moins fécond que celui des autres martyrs. » (Seconde instruction pastorale sur les promesses de l’Eglise, éd. 1783, p. 212)

1. Sous l’empereur Constance, beaucoup des défenseurs de l’orthodoxie furent exilés à plusieurs reprises : l’un des plus illustres de ces confesseurs, saint.thanask, rappelle leurs noms dans S(in Apologie De jiiga (iv, x). Après avoir dit comment les persécuteurs le cherchèrent lui-même pour le mettre à mort, il ajoute : « Et ce fut le sort de Paul de Constantinople, qu’ils cherchèrent aussi et parvinrent à trouver, et qu’ils firent étrangler [lubliquement à Cucuse de Cappadoce, par les mains de l’expréfet de la ville, Philippe, un des défenseurs de leur hérésie et exécuteur de leurs volontés perverses. » (De fuga, ni)

Paul était évêque de Constantinople, et avait été déposé par les ariens pour être remplacé par Macedonius. Deux de ses secrétaires, le sous-diacre Mart5'rios et le lecteur Marcien, eurent alors la tête tranchée (Sozomène, Hist. eccl., IV, m ; cf. Tii.lbMONT, Mémoires, t. VI, p. 398). L’historien du cinquième siècle, SocRATK, raconte les svipplices infligés à Constantinople à des membres de la petite secte des Novatiens, fermement attachée à la foi de Nicée et qui repoussait la communion de l'évêque intrus (Hist. eccl., II, xxxvui). Il semble iiue saint HiLAiHB ait été mal renseigné quand il rc[)roche à Constance d’avoir persécuté en évitant hypocritement de répandre le sang : « Tu te rends coupable des plusgrandes cruautés, sans te rendre odieux en nous infligeant de glorieuses morts… Tu es persécuteur et tu ne fais pas de martyrs… Tu éteins la foi de Jésus et tu ne laisses pas aux apostats l’excuse de la torture quand ils seront jugés par Dieu. Sous ton règne, ceux qui tombent sont inexcusables et ceux qui souffrent ne sont pas martyrs. » (/ ;  ; Constantium, I, i) Un autre exilé de Constance, Lucifer de