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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/359

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MOÏSE ET JOSUE

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Nouvelle Hypothèse des Documents, à laquelle l’avenir appartient. Elle consiste, comme l’ancienne, à réduire le Pentuleuque ou, ainsi que l’on commence à dire, ’Hexateuque en une série de documents suivis.

18. — a) Inutile de nous arrêter aux essais de GuAMnERG (l.ibri Gene.-^eos seciincUuii fontes rite digriDscendos adumbrat’w noi’a, 1828), de Stahelin (h’rilisclie L’ntersuchung iiber die Genesis, 1830), de Blrek (avant son adhésion à l’hypothèse des compléments, Beitràge zii den Forschungen l’iher den Pentateucli dans Studien und Kritiken, 1831), de Knobel {Kommentare zur Genesis, iSSa et 1860 ; su Exudiis und I.e^’iticiif, 1867 ; zu Numeri, Denteronumium und Josiia, 1861). Il y a même assez peu de résultats détiuilifs à recueillir dans la théorie proposée par EwALD (Gescliickte des Volkes Israël bis Christus, 1843), revenu de l’hypothèse des compléments. — b) C’est surtout d’HKRMANN Hupfeld (J>ie Quellen der Genesis und die Art Huer Zusammensetzung, 1853) que la critique moderne tient sa première orientation. La Genèse renferme, d’après lui, trois documents : 1e Gr « / ! (/st/ui/’((EcritfondamentaI)ouPre7n/e ; -Elohiste, dont le récit commence avec la création et se poursuit, en dehors de la Genèse, jusqu’à l’entrée des Israélites en Canaan ; le Yalwiste, qui commence, lui aussi, avec la création ; un second Elohiste, qui s’occupe surtout des patriarches et présente beaucoup d’affinités avec le i’ahn iste. La Genèse est due à une fusion de ces documents, dans laquelle le Yahtfiste et le second Elohiste ont été plus étroitement amalgamés. Généralement reproduits mot pour mot, les documents ont assez souvent subi des corrections et des modilications en vue d’une plus parfaite harmonie. — c) Theodor Nôldekk (Untersuchungen zur Kritik des AUen Testaments, 1869) appliqua cette théorie à V Hexateuque tout entier et insista, plus qu’on ne l’avait fait jusque-là, sur la question de dépendance et de chronologie. D’après lui, le second Elohiste est plus ancien que le Yahivisle, qui lui fait des emprunts. D’autre part, il doute de la légitimité de l’hypothèse d’après laquelle le Grundschrift était généralement considéré comme antérieur aux deux documents précédents. D’ailleurs l’origine de ces trois écrits se place aux x-ix* siècles ; ils ont été réunis par un rédacteur qui a poussé son œuvre jusqu’à Josué. Le Deutéronome, qui a été introduit ensuite dans ce recueil, est de peu de temps antérieur à la réforme de Josias (622). Le Pentateuque a pris sa forme définitive sous Esdras, qui l’a promulgué et fait accepter du peuple.

19. — dy En résumé, les critiques dont nous venons de parler reconnaissent les quatre documents auxquels on réduit aujourd’hui la Loi et Josué, Ils admettent un travail progressif de fusion, à beaucoup d’égards analogue à celui qu’aujourd’hui encore on aime à décrire. IVlais ce qui, en cette première phase, est le plus caractéristique de la Nouvelle hypothèse des documents, ce sont les dates respectivement attribuées aux sources. Si l’on adopte les sigles actuellement en vigueur (J =^ le Yahwiste ; E = le [second] Elohiste : P ^ [du mot allemand Priesterkodex] le Premier Elohiste, aujourd’hui nommé Code sacerdotal : D ^ le Deutéronomiste), on exprimera l’ordre de succession des documents le plus généralement admis par la formule PEJD.

— e) C’est en ee domaine de la chronologie que les changements les plus profonds allaient être introduits par Vhypotlièse grafienne, désormais la plus universellement reçue.

furent : Kelle (1812], H. Ewald (1823), F. Bleek (à partir de 1836|, E. TucH (1838), de Wette (à partir de 1840), etc.

Tome III.

VI. Hypothèse graflenne

20. — 1°) Elle est encore appelée : théorie ne//hausienne, à cause de celui qui davantage a contribué à sa précision et à sa diffusion ; liollandaise ou allemande, à raison de l’origine de ses premiers tenants ; théorie du développement, à cause des principes qui sont à sa base.

21. — 2°) K. H. Graf avait eu des précurseurs. Surtout en la personne d’En. Reuss, professeur à l’Université de Strasbourg et son maître (cours en 1833 ; article Judenthum, dans Jllgemeine Encyklopddie de Ersch et Gruber, 1869 ; cf. La Bible, Ancien Testament ; troisième partie, L’Histoire Sainte et la Loi [Pentateuque et Josué], t. I, Introduction, 1879), qui appliquait plus strictement qu’on ne l’avait fait jusque-là le principe du développement religieux à la critique littéraire de Vllexateuque. Sans parler de Vatkb (Die Religion des Alten Testaments nach den kanonischen Biichern entivickeli, t. I, 1835), J. F. L. George (/>/e âlteren judischen Feste mit ciner Kritik der Gesetzgebung des Pentateuchs, 183ô),

23. — 3") K. H. Graf (Die geschichtlichen Bûcher des Allen Testaments, 1866) renchérissait encore sur le principe du développement posé par son maître.

— a) La première conclusion qu’il en tirait était que le code lévitique n’avait pas été en usage, ou même n’avait pas existé, depuis l’entrée des Hébreux en Canaan jusqu’à la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor (586) ; il constatait d’ailleurs que ce code n’était pas homogène. — h) Le document le plus ancien e=t VElohisIe, c’est-à-dire, non seulement le second Elohiste de Hupfeld, mais la partie historique du Grundschriftou premier Elohiste (surtout dans la Genèse). — c) Le Yahis’iste de la Genèse n’est qu’un simple reviseur de VElohiste, auquel il ajoute des compléments ; il serait du temps d’Achaz et il faudrait lui attribuer Ex., xiii, xx-xxni, xxxiv. — d) C’est Deut., iv, ^o-xxviii, 68 qui a été découvert en 622 ; mais les chap. xxi-xxv sont de date plus ancienne et pourraient avoir d’abord formé un supplément à l’Exode ; Jérémie serait peut-être le Deutéronomiste, — e) En tout cas, c’est Ezéchiel qui est l’auteur de Zei., xvii-xxvi (loi de Sainteté, V^ des modernes) et d’Ei., xxxi, 12-17 (’°i’^" sabbat). D’autre part, une portion notable du code lévitique n’est guère antérieure à Esdras, si elle n’est pas, au moins partiellement, son œuvre : Ex., xii, 1-28, /IS-ôi ; /.et’., i-xvi (xi renfermerait vme loi plus ancienne ) ; ixiv, 10-16 ; Num., I, 48-x, 28 ; xv-xix ; xxviiixxxi ; XXXV, 16-XXXVI, 13. — f) C’est avec Esdras que le Pentateuque aurait reçu sa forme définitive. On y aurait encore ajouté dans la suite Lev., xxvii et quelques éléments d’importance secondaire. — g) Cédant aux critiques de Kuenen et autres. Graf renonça bientôt à séparer les parties historiques du Grundschrift de ses éléments législatifs et acheva ainsi de donner à la théorie la forme que, pour ses grandes lignes, elle garderait à jamais. A la formule P EJ D on substituerait E J D P.

23. — à") Dix années durant, les idées de Graf ne trouvèrent que peu d’écho. Mais, en 1876, elles reçurent une adhésion qui allait assurer leur succès et leur diffusion : celle de JuLius W’ellhausen. — a) Les principales de ses œuvres relatives à ce sujet sont : Dié Composition des Ilexaieuchs, d’aiboTd dans Jahrbiicher fiir deutsche Théologie (iS’^è, 1877), puis dans Skizzen und Vorarbeiten (1885), enfin à part (188g) ; article Pentateuch and Joshua, dans Encyclopnedia Britannica (1885) ; Geschichte Isræls (1878, 1883 et sv.) ; Isrælitische und jiidische Geschichte (1894 ; 5’éd., 190^) ; article Ilexateuch (revision de Pentateuch and Joshua par l’auteur lui-même), dans

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