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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/360

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MOÏSE ET JOSUE

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Encydopædia Biblica (1901). C’est surtout des deux derniers travaux que nous nous inspirons. — h) Wellliausen retient la distinction déjà classique de trois couches dans VHe.xateuque : le.léhuviste (JE ; le mol est formé par l’adaptation des voyelles du mot Z^/o/i /m aux consonnes du mot Yah^veh : Yeliowih) ou document prophétique, formé lui-même par la fusion de VElohiste (E)el du Yahwiste (J) ; le Deuiéro7 ! ome(D) ; le Code sacerdotal (P). — c) La méthode à adopter pour (îxer l’ordre de ces éléments présente deux aspects. Il faut d’abord comparer entre elles ces trois conciles. Il faut ensuite chercher à les placer dans leurs relations propres at’cc les dii’erses pliases de l’histoire d’fsræl, telles que d’autres données indiscutables nous permettent de la reconstituer ; ce tiavail ne va pas sans que l’on introduise des modifications nombreuses dans les idées traditionnelles touchant la composition et la date des autres livres bibliques. — d) Le procédé est abrégé si l’on regarde comme acquis que la date du Deutéronome nous est fournie par II Iteg., xxii (récit de la découverte du

« livre de la Loi » sous Josias) ; on a alors un point

fixe autour duquel les autres peuvent se mouvoir. — e) Cette méthode doit également s’appliquer aux parties historiques et aux parties légales de VHe.rateiiqtie. D’une part, en effet, JE renferme des législations (Ex., xx-xxiii ; xxxiv), tandis que le Deutéronome et le Code sacerdotal contiennent des sections historiques ; d’autre part, on constate dans chaque couche une influence réciproque du point de vue légal et du point de vue historique. Wellhausen toutefois insiste surtout sur la comparaison des lois, notamment des ordonnances rituelles (lieux de culte, sacerdoce, taxes sacrées) avec les données des livres historiques et prophétiques. — /) Voici quelles sont ses conclusions touchant l’ordre et la date des documents. Non sans avoir changé d’avis, il regarde le Yalniste comme le plus ancien et en place la composition en Juda, au cours du neuvième siècle ; VElohiste, qui est Israélite, serait du huitième. Il faut d’ailleurs remarquer qu’il s’agit de la rédaction principale de chacun de ces documents ; ceux-ci, en elVet, renferment des éléments antérieurs. Leur fusion en un récit par le rédacteur jéhoviste aurait pris place avant le Deutéronome. Or on ne saurait avoir de doutes sur la date approximative de ce dernier écrit ; il a été composé fort peu de temps avant sa découverte par Helcias, en 622. C’est pendant l’exil, ou aussitôt après, qu’il a été réuni avec l’histoire jéhoviste. Quant au Code sacerdotal, dont plusieurs éléments, notamment la Loi de Sainteté, remontent au temps de l’exil, il est allé se développant pendant la première période de la restauration nationale. Il était achevé et déjà combiné avec les autres documents avant la promulgation de la Loi par Esdras (Wellhausen adopte pour cet événement la date de 440 ;  ! se peut d’ailleurs qu’Esdras ait eu une part danscette combinaison définitive.Aussi bien, au moment de la promulgation, le Pentateuque était détaché du livre de Josué, et c’est lui seul qui a été publié. Quelques suppléments sont postérieurs à Esdras.

84. — 5') L’hypothèse de Wellhausen a eu une immense diffusion. — a) On peut dire qu’elle est aujourd’hui classique dans le monde des critiques. Les Einleitung in das Aile Testament de C. H. CoRNiLL, H. HoLziNGER (^i>(/e(/Kno' in den Ilexateuch), de D. C. Stkukrnagel, etc. ; les Geschichte der Volkes Israël de B. Staue et autres, l’ont vulgarisée en Allemagne ; elle l’a été en Angleterre par l’Introduction io the I.iterature of the Old Testament de S. R. Driver, en France par l’Introduction à l’Ancien Testament de L. Gaiïtier. L’accord, ainsi que le remarque

ce dernier auteur, s’est fait sur le nombre des sources, leur nature, leurs caractères, sur la façon de répartir entre elles le contenu des cinq livres. — b) On signale, il est vrai, quelques dissidences partielles, concernant les dates à assigner aux documents.

A. DiLLMANN, R. KiTTKL, W. W. BaUDISSIN, C. BrUS Tos ont persisté et persistent encore à soutenir que le Code sacerdotal n’est pas aussi récent que le prétendent Graf et Wellhausen. D’après Kiltel (6'eschichte der Ilebrâer, i" éd. 1888 ; d’après la traduction anglaise A Ilistory ofthe Ilebreas by R. Kittel, Ordinary Professor of Theology in the University of Breslau, translatedby John Tayloh, D.Lit., M.A. : I, p. 2^-1 34), les plus anciens éléments de D remonteraient aux dixième et neuvième siècles et le Code Sacerdotal aurait été achevé vers l'époque de Jérémie ; on trouverait même dans ce prophète des traces d’opposition à ce travail des scribes. Dans sa seconde édition (1912), Kittel atténue sa thèse pour ce qui regarde la rédaclion finale du recueil. — c) En dehors des exégètes catholiques, les partisans de l’authenticité mosaïque du Pentateuque sont en nombre très restreint. Au xix' siècle, Franz Delitzscu, après avoir soutenu cette thèse, se rattacha à la théorie documentaire ; Hengstenbiïhg (18021869), Keil (18071888) et Havernick (181 : -1845) sont deiueurés jusqu’au bout les représentants de l’opinion traditionnelle en Allemagne. A notre époque, l’Anglais Haroi-u-E. Wiener s’est fait le défenseur acharné de l’origine mosaïque. Il a beaucoup insisté sur l’impossibilité de fonder sur les noms divins la distinction des documents ; il s’est pareillement appliqué à battre en brèche les autres arguments des critiques ; mais, il faut le reconnaître, ses discussions, peu courtoises et très tranchantes, ne lui ont pas gagné d’adeptes. D’autres exégètes, Orr, Eerdmanns, Klostermann, Moller, Halévy, ont, pour des raisons diverses, rejeté un nombre plus ou moins considérable des conclusions des critiques, mais sans pour cela revenir aux opinions traditionnelles'.

VII. Exposé de la théorie documentaire

SS- — Telle est l’importanco de la théorie des critiques que nous ne pouvons nous dispenser d’en faire un exposé succinct.

1° Ses fondements

Elle se ramène aux points suivants : — A. Le Pentateuque, sous sa forme actuelle, a été rédigé longtemps après Moïse. — B. // se compose de documents de dates fort

1. Pour cet exposé de l’histoire des systèmes, nous avons surtout consulté et utilisé ; E. Mangenot, L’au~ tlienticité mosaiçue du Pentateuque, Paris, 1907 ; J. EsTLIN Carpenteh et G. Hakfohd-Batteksby, The Uexaieuch according to the Hevised Version arranged in lis constituent documents by memhers ofthe Society of Historical Theology, Osford, cdited iyith Introduction, Notes,.Marginal Références and Synoptical Tables ; tomo I, 1000. — Nous nous sommes pareillement servi d’un ouvrage plus ancien, mais utile ù lire : Edouard Reuss, L’Histoire Sainte et la Loi (Pentateuque et Josué), dans La Bible, traduction nouvelle avec Introduction et Commentaires, Ancien Testament, troisième partie, 1879. — Nous avons encore consulté les nombreux exposés qui figurent dans les diverses Introductions à l’Ancien Testament (surtout Driver, G.vrTinR, Steuernagel) et dans les divers Dictionnaires et Encyclopédies bibliques. Impuissante contrôler toujours les systèmes des auteurs dont nous ne faisons que l’apporter les noms, nous nous sommes appliqué à n’analyser aucune opinion que d’après les ouvrages mêmes de ceux qui l’avaient proposée ; en quelques cas seulement, les circonstances nous ont contraint de nous en remettre à des résumés antérieurs.