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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/361

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MOÏSE ET JOSUE

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diverses. — Or de nombreux indices permettent de regarder ces deux positions comme solides.

A. Le PliNTATKUQUE A KTÊ Hl^DIGi : LONGTEMPS APltKS

Moïse. Ou peut à ce sujet recueillir des indices négatifs et des données positives.

S6. — ai Indices négatifs. — Nulle part le Pettiateuquc ne se présente lui-même comme l’œuvre de Moise ; bien plus, nombre de textes tendraient à faire penser qu il tient sa forme actuelle d’un auteur distinct du grand K’-gislateur.

k) Dans Ex.-Nuni, , les récits parlent constamment de Moïse a la 3’personne. Si l’on en juge d’après nos procédés de composition, rhypolhèsela plus naturelle est qu’on se trouve en présence d’un narrateur qui nous retrace la carrière de Moïse. Bien n’invite k penser qu’à la date où Moïse écrivait et dans son milieu, le stj’le indirect fut la teneur reçue d’un mémoire personnel ; la Bible elle-même nous fournit des indications en sens contraire. —, ^) D’autres indications contribuent à afl’erniir ces impressions : Notices dans lesquelles l’intervention d’une tierce personne apparaît plus sensible : " Tels Aaron et Moïse, auxquels Yahweh a dit : Faites sortir les fils dlsræl du pays d’Egypte, selon leurs troupes. Ce sont eux qui ont parlé à Pharaon, roi d Egypte, pour faire sortir les fils d’isracl de l’Egypte ; tels Moïse et Aaron » [Ex. ^ vi, 26, 27 ; cl. aussi Aum., xv, 22, 23). Epithètes et formules de louanges qui eussent été étranges sous la plume de Moïse lui-même : « Et Yahweh donna grâce au peujile aux yeux de 1 Egypte et l’homme Moïse fut très grand au pays d’Egypte, aux yeux des serviteurs de Pharaon et aux yeux du peuple » (AV., xi, 3) ;

« Et l’homme Moïse était tout à fait doux, plus que tout

homme qui est sur la face de la terre » (iVum, , xii, 3 ; cf. Deut., xxxiv, 10-12). — y) Si certains textes d’Ex.-Num. , témoignent de l’activité littéraire de Moise, celle-ci est toujours limitée à une péricope précise, facile à déterminer. Ainsi on lit, Ex., xvii, 14 : " Yahweh dit à Moïse : Ecris ceci en souvenir dans [le] livre et place-/e dans les oreilles de Josué, car j’effacerai sûrement le souvenir d’Amaleq de dessous les cieux. » La seconde partie du verset montre clairement que l’ordre donné par Dieu ne vise que le récit de la défaite d’Amaleq. Il est vrai qu’on parle du livre, et l’on pourrait songer à un ouvrage d’une ampleur plus considérable, à une sorte de mémoire, par exemple, sur lequel on eût relaté, à mesure qu’ils se produisaient, les événements les plus importants. En fùt-il ainsi, qu’on no serait pas autorisé pour autant à identifier cet ouvrage avec le t*entateuque. On ne saurait même s’appuyer, pour soutenir cette identification, sur ce fait que les massoretes semblent l’avoir consacrée. D’une part, en eiïet, si l’existence

« du livre était démontrée, il serait tout aussi naturel

de le regarder comme l’une des sources utilisées par l’auteur de notre Penlateuque. D’autre part, la lecture avec l’article déterminé repose uniquement sur la ponctuation massorétique (basstp^’ér). Or une tradition plus ancienne, représentée parles Septante (et’ ; /3( ;  ; /<’ov [var. èv / ?( ; ï/t’w, AK], dans un livre, b*sêp^’èr), ignore cet article déterminé ; on ne saurait donc en faire le point de départ d’une argumentation trop rigoureuse. Ex.^ xxiv, 4, à son tour, vise le Code de l alliance [Ex., xx-xxiii) qui précède ; Ex., xxxiv, 2^, 28 se rapporte à la petite législation des vers 10-28 ; Num.^ xxxiii, 1, a ne concerne que la liste qui suit. — o) Le cas du Deutérononie diffère notablement des précédents. Les chap. i-xxx ne sont qu’une série de discours dans lesquels Moïse s’adresse directement au peuple et parle de lui-même à la i’^ personne. Des textes ex[ilicites attribuent à Moïse la rédaction do ce grand coàQ : Deut., xxvii, 2. 3 (cf. vers. 8 et /os., vni, 30-35 ; on pent se demander s’il s’agit seulement de la se- ; tion législative [xii-xxvi], ou s’il faut penser aussi aux discours de i-xi) ; Deui, , xxviii, 58, 61 et xxix, 19 (Vulg. 20), 20 (31), 26 (27), 28 {2(jl, où l’on parle du livre renfermant la Loi, les menaces de maladie et de fléaux, etc.) ; Deut., xxxi, 9, 10-1 3, 24-27, où cette loi apparaît écrite par Moïse (les vers. 16-22, 28-80 se rapportent au cantique du chap. xxiini. D’après ces indices, on est amené à conclure que Moïse a écrit un livre de lois substantiellement identique à notre Deuièronome actuel, que ce dernier en renferme des extraits littéraux plus ou moins considérables. Toutefois en parlant de Moïse h la 3* personne iDenf., I, 1-5 ; iv, /ii-43 ; iv, 44-^’. M xxvii, 1, Ç). Il ; xXTiir, fig [Vulg. XXIX, il ; xxxi-ixxiv), le rédacteur final semble avoir pris soin de se distinguer du grand personnage dont il reproduit les paroles.

S7. — b) Indices positifs. — Les critiques modernes

ont repris les remarques qui avaient amené nombre d’anciens à recunnailre dans le Pcnlateuque des interpolations* postérieures à lépoque de Moïse et ils en ont allongé notablement la liste :

Gcn., xii, 6 ; « Le Cananéen était alors dans le pays (à Sichem ; cf. xui, 7), ce qui n’a pu être écrit qu’aprus l’expulsion des Cananéens par les Israélites.

Gen.. xni, iS (cf. xxui, 2, 19 ; xxxv, 2 ; j ; xxxvii, 14) : mejition d’Hebron, alors qu’au temps de Moïse, la ville s’appelait Qiryath-’Arba’(Jos., xiv, 15 ; cf. xv, 13, 14 ; Jud.^ », » o ;.

Gen., XIV, 14 : mention de la ville de Dan, alors qu’au temps de Moïse, elle s’appelait Lésèm (Jos., xix, 4 ? ; cf. Jud, ^ xvii, xvui).

Gcn.^ xxxvi. 31 ; « Et voici les rois qui ont régné au pays d’Edom avant qu’un roi ne régnât sur les fils d Israël », n’a pu être écrit qu’après rétablissement de la royauté.

Gen.^ XL, 15. où Joseph parle du « pays dos Hébreux », terme inexplicable avant l’exode.

Gen.^ L, 10 : « L aire d’Atad au delà du Jourdain », locution qui ne peut provenirque d’un écrivain établi en Canaan et, par conséquent postérieur à Moïse (cf. Dent., 1. 1, 5 ; m, 8 ; IV, 41. 46, 49 [eu revanche Deut., ni, 20, 25, dans un discours de Moïse, la locution désigne très logiquement Canaan] ; ium., xxii, i : [xxxn, 19^^ il s’agit de Canaan] ; xxxii, 19^, 3a ; xxxiv, 15 ; xxxv, 14).

Ex., XV, 19, qui semble supposer que Jérusalem est conquise et le Temple bali.

Ex., XVI, 35, qui n a pu être écrit qu’après la cessation de la manne, par conséquent pas avant Josué (cf. Jos., v, 12).

Ex.^ XX, 10, où l’on parle de « l’étranger qui est dans tes portes)), ce qui ne convient pas au séjour du désert (cf. Deut., v.14).

Ex.j XXVI, 18, 22, où le Midi est désigné par néff^bàh^ fers le néi^éb, et l’ouest par yammâh^ vers la mer., deux exprès-’sions qui n’ont de sens que pour un auteur établi en Canaan.

Num., XXI, 14. où Ion parle du Livre des Guerres de Yahiveh, sûrement postérieur à Moïse (il doit avoir contenu les « guerres de iabweii » de I Sam., xviii, l’j ; xxv, 28).

Num.. XXIV, 7, où Balaam annonce la victoire sur Agag, roi d’Amalec et contemporain de Saul (cf. I Sam., xv, 8, 9 sv.).

Deui., iii, 1 1 : La présence du lit d’Og, roi de Basan, à Rabbath et la description qu’où eu donne s’expliquent mal au lendemain delà défaite de ce roi par Moïse.

Deut.^ iii, 14’Ayant conquis le pays d’Argob, Jaïr « les [villages de Basan] appela selon son nom Hawwoth-Yà’ir jusqu’à ce jour. » Celte expression ne se comprend pas sous le calame de Moïse à propos d’une dénomination qui a été donnée de son vivant.

Jos., X, 12, 13 renferme un extrait du livre du îâïâr. Or cet extrait ne peut avoir été fait du temps de Josué. Le livre du Yasar, qui renfermait entre autres éléments l’élégie sur la mort de Saiil et de Jonathas (cf. II Sam., i, 18), est d’une date bien postérieure à celle du grand conquérant.

Sans doute, remarque-t-on, il est telle de ces remarques qui n’est pas à l’abri de tout conteste. Mais les critiques estiment qu’en les considérant dans leur ensemble, on ne peut s’empêcher de conclure, non seulement que V IJexateuque a reçu des additions de détail, mais encore que sa rédaction est de beaucoup postérieure à l’époque de Moïse et de Josué.

58. — B. Le Pentateuque est composé d’i’léments DR DATES FOWT DiVEKPES, — Pour mettre en relief cette proposition, Wellhausen insiste ; a) sur le développement de la législation relii^ieuse : i’i sur les différences dans la présentation des mêmes faits historiques.

59. — a) Développement de la législation relii^ieuse.

— On s’attache surtout aux lois qui concernent les lieux de culte, e sacerdoce, les redevances sacrées. Nous ne développerons à cet endroit que la première de ces considérations.

Lieux de culte. — Nous avons sur ce sujet trois séries de textes. — a) £’ ; r., xx, 22-26 1. D’après ce texte, Yahweh

1. Des critiques regardent les vers 2’}^, 23, où l’on parle aux enfants d’Israël à la 2’pers. plur., comme étrangers à la rédaction primitive du précepte. D’autre part, un certain nombre d’auteurs doutent de l’unité primitive des vers 2’i-26. Il en est même qui, à raison de la place occupée par toute cette ordonnance avant le titre d’Ex, , xxi, 1, se demandent si elle n’était pas étrangère à la teneur originelle du Code de l’alliance.