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NOKD (RELIGIONS DE L’EUROPE DU)

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brièvement que nous parlions tle chacune d’elles, pendant un long temps noire attention.

II. Religions iîteintks et religions existantes de l’Ecroi’k du Nord. — Passons-les donc en revue, en commençant parlesjïlus septentrionales, qui sont en même temps les plus ruilimeiitaires, par celles des Hyperborécns qui vivent des deux côtés du cercle polaire arctique. En descendant ensuite plus au Sud, nous nous trouverons en contact, entre les monts Durais et la Baltique, avec des populations Ijnnoises plus ou moins pures, plus ou moins civilisées, puis avec les peuples baltiques intermédiaires des Slaves et des Germains : Lettons, Lithuaniens et lîorusses. Il ne nous restera plus ensuite à étudier que les relijïions primitives des populations slaves plus orientales ou plus méridionales, des Russes, des Polonais et des Wendes, et celles, aussi mal connues ou à peu près, des Germains et des Scandinaves. Ceux-ci, dont l’aire d’habitat se trouve dans les péninsules Scandinave et du Jutland et dans la grande plaine allemande, et dans les lies plus ou moins perdues dans rvtlantique de l’Islande et de la Grande-Bretagne, ont poussé au début de l'époque médiévale leurs tribus les plus avancées jusque sur les rivages les plus occidentaux de ce que nous appelons l’Europe septentrionale, comme, plus au Sud, jusqu’en Gaule et jusqu’en Ibérie ; mais ils n’ont pas tardé, dans ces derniers pays, à embrasser des confessions chrétiennes, et plus rien, pour ainsi dire, n’y subsiste des anciennes religions germaniques. Voilà pourquoi, dans l’extrême Ouest du continent, nous ne faisons pas place aux religion< de l’Europe septentrionale. Voilà aussi pourquoi Germains et Scandinaves sont les derniers peuples de la religion desquels nous allons essayer de nous rendre compte dans cet article.

Peut-être estimera-t-on peu scientilique un tel classement, à la base purement géographique ; du moins est-il commode et pcrræt-il d’apporter quelque ordre dans un exposé qui n’a rien d’une élude comparée, mais qui vise uniquement à dégager les traits essentiels des religions des dill'érents peuples dont il doit s’occuper successivement.

A. Lks HvpBRitoRKENs : Samovèdbs et Lapons. — Les Hyperborécns de l’Europe septentrionale sont des Saïuoyèdes ou des Lapons. Parmi les seconds, ceux qui sont Russes vivent dans la massive péninsule de Kola, et les autres — Norvégiens et Suédois — se trouvent sur les rivages septentrionaux de la Scandinavie ou dans l’intérieur du large pédoncule par lequel cette grande péninsule est rattachée à la masse continentale. (Juant aux premiers, dont on sait qu’ils occupent en.A.sie un territoire beaucoup plus considérable qu’en Europe, et qu’ils y sont beaucoup moins cl.iirsemés, ils noniadisent dans l’Ouest de l’Oural jusqu'à la mer Blanche, à travers les toundras et les forêts coupées de marais riveraines de la Petchora ; ils y chassent, ils y pèchent, ils y paissent leurs rennes, menant une vie errante et misérable, plus précaire que ne le font leurs frères asiatiques, et ils dépérissent rapidement.

I. Les Samoyèdes. — Que les Saraoyèdes Jouraks de Caslren constituent un rameau particulier de la branche ouralimne de la famille ouralo-altaïque ou qu’ils soient autre chose, que leur langue soit distante ou proche de celles des autres fraclions du groupe allaïque, peu importe ici. Ce qui nous touche, ce sont les conceptions religieuses de ces pauvres Ilyperborcens qui, nominalement, sont chrétiens, mais qui ont en réalité conservé leurs anciennes croyances. Celles-ci, telles qu’on peut les dégager des renseignements fournis par les voyageurs, sont

très grossières et ne semblent guère dépasser le niveau des superstitions animistes.

Les Samoyèdes adorent en cU’et, en Europe comme en Asie, le soleil, la lune, l’eau (les sources et les rivières, la mer et les lacs, auxquels ils font de temps en temps des ollrandes), et les arbres, à défaut des bois que ne porte pas l’aride toundra. Ils vénèrent d’autre part de vieilles idoles, de pierre ou de bois, de dimensions variables et de formes grossières, dressées sur ces caps élevés de l’océan Glacial arctique, dont la silhouette se voit de loin au milieu des plaines environnantes. Au cours du mémorable voyage de la Vé^a autour de l’Eurasie, le savant A. E. Nordenskjôld a visité un de ces lieux sacrés dans l'île de Vaïgatch ; il y a trouvé, sur une colline, un groupe d’idoles samoj'èdes (hoh’any en russe) entourées des ossements des animaux qui leur avaient été offerts en sacrifice ; il a vu ces idoles barbouillées du sang des victimes, exactement comme Stephen Buurougii l’avait déjà remarqué dès 1556 au cap septentrional de l'île Vaïgatch, où il avait vu /|20 idoles, qui sonl raaintenant(et depuis une date postérieure à 1 84^) renversées, mais peutêtre conservées en partie dans une grotte sacrée dont parle Nordenskjidd dans sa relation. AKozinin. à une vingtaine de kilomètres de Mezen, existait naguère un autre lieu sacré dont les loo idoles ont été brûlées par les Russes.

Pour gagner ces différents lieux sacrés, pour y rendre à leurs antiques idoles, à leurs Jilegs, analogues à celles que représente déjà une vieille gravure hollandaise reproduite dans le Voyage de la Végn (t. I, p. 78 de la Irad. franc.), l’hommage qulleur est du, pour leur offrir des sacrifices — d’ours parfois, mais surtout de rennes —, les Samoyèdes, même baptisés dans la religion orthodoxe (et ils le sont tous aujourd’hui) n’hésitent pas à faire de très longs pèlerinages.

Les Samoyèdes pratiquent également le culte des âmes des morts, car ils croient à une vie future. Ils le prouvent en déposant ses habits, ses outils, son traîneau sur la tombe d’un mort. Ils croient encore aux esprits ou ladeplzio. Ils témoignent une véritable vénération à tous les objets qui les frappent, et semblent, comme une foule d’autres peuples primitifs, donner une puissance supérieure jusqu’aux animaux qu’ils tuent, tout au moins à ceux qu’ils redoutent. A la manière dont ils se comportent envers les loups ou les ours qu’ils ont abattus, ayant soin de leur désigner des Russes, et non pas eux-mêmes, comme leur ayant ôlé la vie, on est en droit de penser que les Samoyèdes voient dans ces fauves des êtres dont l’esprit est susceptible d’exercer sa vengeance sur ceux qui leur ont fait du mal. Pour ces Hyperboréens comme pour les populations qui les entourent, l’ours est certainement un être à ménager, sinon un dieu.

Certains auteurs signalent encore la croyance des Samoyèdes à quelques dieux principaux : le bon Sam-Noum ou A’dhiii, qui protège le bétail et qui donne la vie, et qui est entourée de I.nkhètes, et le mécliant Vézako. C’est de ce dernier, le mari de la terre, Kliadako, la « mère puissante », que l’idole aux sept visages était au milieu du xvi' siècle, au témoignage de Stéphen Burrough, entourée de 420 autres idoles sur le cap septentrional de Vaïgatch. Mais ces divinités sont très vagues et mal définies, surtout si l’on songe que le mot JS’oum ou iA’um désignerait à la fois le Ciel, la Divinité et même tous les agents surnaturels.

Ce qui, par contre, est bien net, c’est le culte de chaque famille samoy ède à l'égard de son idole ou fétiche familial (caillou enveloppé de linges et enjolivé