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PATRIE

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assurer l’inlini, aous quitterez vos plaisirs et votre orgueil.

Or, ce sera vous mellre dans la seconde des dispositions que nous savons être requises pour la foi. Le dernier but de l’apologétique de la volonté est atteint.

Le reste n’est plus l’affaire de l’Iiomnie, mais on peut prédire ce qui se produira. Sous la lumière et l’action de la grâce, la même vérité qui paraissait obscure, les mêmes arguments qui semblaient inefficaces, se transformeront. L’invisible deviendra visible, parce que l’aveugle aura des j’eux. Ayant fail tout ce qui dépend de vous, il sera fait en vous ce qui ne dépend que de Dieu : vous aurez la foi. C’est sur quoi a compté Pascal.

Concluons par une remarque. Si l’argumentation de Pascal est, comme nous le croyons, rigoureuse, à quoi peut-il tenir que l’incrédule ne s’y rende pas ? Car, en fait, tout le monde n’est pas convaincu. Quel est donc son vice, ou du moins son point faible ?

S’il s’agit du premier argument, destiné à prouver que la foi est iivantaoeuse, il faut, selon nous, dire que quiconqjie le comprend y agrée. Et l’expérience nous donne raison. Combien d’incrédules, et ne sont-ce pas les plus avertis, qui envient les croyants 1

A notre avis, c’est dans le second argument que se cache récliap])aloire. Toute la force de la dialectique pascalienne est, comme on l’a vii, dans la disproportion quelle fait valoir entre le peu que la Foi demande de sacrilier et VInfini qu’elle promet de garantir. Ce n’est pas l’incertitude de la garantie qui crée une diOiculté : tout joueur hasarde avec certitude pour p.Tgner avec incertitude, il hasarde certainement le liiii pour gagner incertainement le Uni ; et il ne pèche pas contre la raison, parce qu’il sacrilie peu pour avoir beaucoup. Si au lieu du fini il y a 1 inlini à gagner, c’est à meilleur droit encore que le joueur hasardera : le peu ((u’il mise devient en face de l’inlini comme rien. Même, en ce cas, il doit miser, et c’est seulement en misant qu’il est raisonnable.

Ce qui constitue le point relativement faible de l’argument de Pascal, c’est plutôt la nature de la disproportion sur laquelle il s’appuie. Pour faire équilibre au bien à gagner, qui est infini et incertain, il ne sullit pas, en effet, que le bien certainement sacrifié soit Uni, il faut encore qu’il soit reconnu et avoué tel. Or, sans doute aux yeux de la raison et de la conscience, tout ce qui appartient à l’ordre sensible est véritablement petit et méprisable, mais il dépend de nous do voir avec les yeux de la raison et de la conscience, et par conséquent de reconnaître la disproportion qu’on nous signale. liegardé acec les yeux de la passion, n’importe quel bien éclipse tous les autres ; à lui seul, il semble être tout, et semblant être tout, il semble être inlini. En ce cas, le raisonnement de Pascal ne porte plus.

Seulement, ce qu’il faut bien remarquer, c’est que. si Pascal n’arrive pas à décider infailliblement le libertin, ce n’est point qu’il pèche, lui, contre la logique ; c’est que le libertin a toujours la ressource de pécher contre sa conscience. Ainsi, on peut dire de l’argumentation de Pascal qu’elle est malgré tout triomphante, car pour elle, c’est également réussir, de convaincre celui qui l’écoute, ou de le condamner.

ArousTR Valbnsin, S. J.


PATRIE.

I. Position db i, a question.

II. — TuéoniE SCIENTIFIIJUE DU l’ATniOTISMB.

fo Vidée de patrie : les faits.

2° L’idée de patrie : ses fondements extérieurs.

3° T.’idée de patrie : ses fondements intérieurs.

40 Conséquences de ta théorie scientifique du patriotisme. — A) I.a prétendue éiolution de l’idée de patrie. — B) S’ationalisme, frontières nnturelles, principe des nationalités et union

« sacrée ».

III. — L’internationalisme.

|o Internationalisme et antipatriotisme.

2° Principales formes de l’internationalisme. — A) Internationalisme spéculatif : cosmopolitisme, humanisme, humanitarisme. — B) Internationalisme pratique : haute banque, socialisme, judaïsme, franc-maçonnerie et sectes connexes : pacifisme : Eglise catholique.

3* le catholicisme : ses principes sur la fraternité humaine, la société internationale, le patriotisme, le nationalisme, le droit des gens, la guerre et le métier des armes.

IV. BiBLiOQHAPHii !  : principaux ouvrages à consulter.

1. — Position de la (question. — Eglise veut dire société ; catholique signifie universelle. L’Eglise catholique se définit donc comme la société universelle par excellence. Elle s’oppose par là, du même coup, à tous les groupements humains qui prétendent à l’universalitéet à lousceux qui se renferment en des bornes plus étroite ». Il est inévitable que des débats s’élèvent.sur le sens, la nature et la portée de cette opposition : nous croyons pouvoir, dans les bornes de cet article, fournil’à l’apologiste les indications fondamentales qui lui seront nécessaires pour se préparer à ces débats.

C’est dans ce but que nous exposerons d’abord la théorie scientifique du patriotisme. Elle repose sur ce fait, constaté par l’histoire, que l’idée de patrie est à la fois immuable et universelle. La patrie peut donc être définie de telle sorte que cette définition convienne à tout ce que les hommes ont jamais regardé comme leur patrie. Le fait établi et la définition tirée des constatations même qui servent à établir le fait, il est aisé de démontrer, à rencontre de tous les antipatriotismes, que l’idée de patrie n’est pas une création arbitraire de notre imagination, mais qu’elle a, au contraire, en nous et hors de nous, des fondements solides ; qu’elle correspond à des réalités extérieures età des nécessités intérieures <iui, bon gré mal gré, s’imposent à nous.

Ces faits et cette constatation sulfisentamplemeiit à la défense de la doctrine catholique contre ceux qui lui reprochent de ne pas réprouver le patriotisme. D’autre part, en justifiant celui-ci, ils en fixent le domaine et la juste mesure : ils offrent ainsi une base d’opérations excellente à la défense de la doctrine catliolique contre ceux qui lui reprochent, soit de ne pas mettre la patrie au-dessus de tout, soit de prêter appui à l’internationalisme en présentant 1 Eglise comme une « internationale » de droit divin.

Nous compléterons ces données indispensables en faisant connaître sommairement ensuite l’antipalriotisme eU’internationalisme tels qu’ils se manifestent de nos jours. Ce simple exposé permettra de voir comment et dans quelle mesure leurs différentes formes contredisent la théorie scientifique du patriotisme ou s’accordent avec elle, c’est-à-dire avec les faits et la raison. Or, comme on le verra, ils ne peuvent, en cette matière, ni s’accorder avec les faits et laraison sans s’accorder dans la même mesure