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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/948

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1883

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1884

Ainsi compiisc. la liberté de pensée n’est plus un droit absolu ; ce droit, comme toute chose morale, sera conditionné. Il faut en chercher les limites.

Les tenants lesplus acharnés delà liberté de pensée sont bien obligés d’admettre qu’il ne fautpas la pousser à l’absolu, sous peine de la mettre en contradiction avec l’intérêt social, car tout le monde doit admettre que o la liberté de pensée de chacun cesse où commence celle d’autrui x.Or la liberté absolue de la pensée serait inséparable de la liberté de la parole, non seulement parce que la penséene se fornmle que par la parole, mais aussi parce que la vérité conquise par l’effort individuel n’a de prix que si elle est transmise par l’inventeur aux autres. Mais alors surgit cette ditliculté redoutable : il est impossible d’établir une démarcation absolue entre la pensée, la parole et l’acte ; et on un certain sens, toute parole est un acte.

Or nul n’accordera qu’une société laisse discuter librement tous ses principes, laisse prêcher sa destruction. Il y a donc nécessité d’établir certaines l)ornes ; i la liberté de pensée (dans la mesure où elle s’extériorise) et la difficulté sera de hser ces bornes, qui dépendront de certaines circonstances, comme le degré de convergence du patrimoine intellectuel qui sert de soutien et de cohésion à la société. Toute société veillera à la conservation de ce patrimoine intellectuel : c’est pour elle un devoir de prudence, qui lient compte de toutes les circonstances et ne peutétre défini d’une façon abstraitenl absolue. Cf. Revue thomiste, janw et mars igio, /.e libéraUsme, étude logique et psychologique d’un concept. Voir surtout Vehmebrscu, La Tolérance, Paris, 1912.

Bibliographie.— Editions de la libre pensée, à Lausanne. — I. Buisson et Wagner, Libre pensée et protestantisme libéral, Paris, 1908. — Bertrand, Problèmes de la libre pensée, Paris, 1910. — Berthelot, Science et libre pensée, Paris, lijob. — Bérenger, Christianisme et librepensée, édilion tirée des Annales de la jeunesse laïque.

Réfutation danstous les livres d’apologétique, surtout : Veuillot, Libres penseurs. Palmé, 1866.Perraud, La libre pensée et le catholicisme, Gervais, 1887. Ganet, Za libre pensée contemporaine, Oudin, 1885. P. Matignon, La liberté de l’esprit humain dans la foi ci</io/i(7He, Paris, 1864. Voir aussi, dans les théologiens et les apologistes, ce qui est dit contre le Libre examen (par ex. Bellarmin, de Verbo Uei, l.IV, oh. iv ; Perrone, Le Protestantisme et la règle de foi. Vives, 1862 ; Billot, De Kcclesia Christi, t. II, p. 29, théorie qui renferme ce qu’il y a d’erroné dans la Libre Pensée et qui y ajoute la contradiction de réserver à une élite ce qui devrait appartenir à tous, si c’était un droit naturel : c’est ce qu’a bien montré Lacohdaihb, i" conférence à N. D., 1835 : « Le Protestantisme lui-même n’a pu éviter ce vice radical ; car il est autre pour le peuple, et autre pour les hommes éclairés. Il commande au peuple d’autorité, il laisse libres les gens instruits. Le peuple croit son ministre, l’homme habile croit la Bible et lui-même. »

F. René Hbdde, O.P.


PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

La raison d’être du présent article est la promulgation du document dont nous reproduisons le leste.

Dccrclum ciica aulhtntiam mosaicam Pentateuchi.

Quæsiliim est ab bac Supiema Congregatione Sancti OiScii : « Ulnim Joctrina circa authentiam mosaicam Pentaleuchi, nuper eiposila in opère : Dictionnaiie Apologé tique de la Foi Caiholt^jue an. 191y, fasc. xv, sub titulo : Moïse et Josué ; nec non in Hevtie du Clergé Français, xcix (1" sept. l’.H9), p. 321-343, sub titulo : Moïse et le l’entaieuque, tuto tradi posait ».

Et in generali consessu babito feria it, die 21 aprilis 1920, Emi ac Rmi Domini Cardinales in rébus fidei et roorum Inquisilores Genei-ales, præbabito DD. Coasultornm voto, respondenduni decreverunt : Nrgative.

Insequente vei-o feria t, die 22 ejuadem mensis et anni, Sanctissimus D N.Benedictus divina ProvidentiaPapaXV, in lolila audientia R. P. D. Assessori S. Oificii impertila, relatam Sibi Emorum et Rmorum Patrura resolutioncm approbavil, confirmaTit et evulgandam præcepit.

Dalum Romae, ex aedibua S, Officii, die 28 aprilis 4320. A. C/isTELLAxo, S. C. S. OCf. Notarius.

Nous devions une satisfaction ; la voici. L’auteur de l’article Moïse et Josué, dont on sait l’entière promptitude à accepter les directions de l’Eglise, s’était offert à opérer lui-même dans son reuvre un discernement. Ce travail délicat et infini a été jugé inopportun. Restait à reprendre la question sous une forme positive. Tel est l’objet du présent article. Nous l’empruntons à l’ouvrage justement aprécic de Dom Hildebrand Hoepfl, O.S. B., i)rofesseur au Collège romain de Saint-Anselme, Intnidiictio sprcialis in Libres Veteris 7’es/flme/ifi, Subiacï, 1921.

N. D. L. D.

I. — Le Pbntateuqle.

.. Objet et difision du l’entaleuque.

B. Origine du Pentateuque. — I. Histoire dt ; la liante critique.

II..Moïse auteur du Pentateuqae. — i. Témoignages du Pentateuque même. — 2. Témoignages des autres livres de l’A. T. — 3. Témoigna ;  ; » -^ du N. T.

III. Principales difficultés contre Vortgtnc mosaïque du Pentateuque. — 1. Découverte du Deutéronouie. — a. La loi lévitique et l’école sacerdotale. — 3. Lois contradictoires entre elles. — 4. Divers arguments en faveur de la pluralité des sources.

C. De l’autorité du Pentateuque.

II. — Le livre du Josuk.

Origine du lii’re de Jo.’ : ué. —.autorité du livre de Josué. — Théorie de l’Ilexateuque.

I. — Lb Pentatbdqi’b

L’a’uvre attribuée à Moïse est communément aj)pelée chez les Juifs, à cause de son objet principal, la Loi (Torali) ; dans le N. T.. i ^foi (ainsi Luc, x, 26). Les rabbins l’appellent quelquefois : leçon (.1/ivrn), ou, à cause de sa division en cinq livres, les cinq parties de la Loi (Chaniischah chumsch/^ hattorail). Pour cette raison, les Alexandrins l’appelaient

;  : -iyTà.r£jy_o : , de ::£’.^£ et rej/, c.i : meuble, armoire, ])ortefeuille, 

enfin, daus la langue vulgaire, livre (ainsi dans l’épître du Pseuoo-.^ristle à Philocrale : yvO-’n Si Kvsyvtjj^c Tx T£ ; >f< : , selon la lecture des livres, ap. SwBTB, Introduction to the 0. T. in grée !., 672, Cambridge, 1902). Ce nom fait son apparition chez Pto-LÉ. MÉB, disciple de Valentin (Ep. à Flora, chez Epi-PHANB, Hær., xxxiii, 4). vers 160 après J.-C. ; puis chez Origènb (/n loan., t. XHI, xxvi) ; en latin chez Tertullien, Contra Marcion., I, x. Saint IsmoRR de SÉviLLB, Etym., VI, 11, emploie le neutre : Pentateachum.

La division en cinq livres paraît ancienne, car 1 l’tir., XVI, 36 cite la doxologie qui se lit à la On du IV’livre des Psaumes (/’s., cv, hb. cvi, /)8) ; d’où