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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/24

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PIERRE (SAINT) A ROME

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Aquila el Priscillo (cf. Met., xviii, a. a5. 26 ; Ruai., « VI, 3.4 ; Il Tim., iv, nj)… habitant sur l’Aventin, se trouvaient hors des régions peuplées d’Israélites ; leur demeure était hospitalière ; leur cœur généreuxjusqu'à exposer leurs biens et leur vie pour ceux qu’ils aimaient…

Si 1 église de Saint-t risque, sur l’entin, marque le premier pas de Piorro hors des « ghettos » romains, celle de Sainte-Pu.lenlionne, sur le Viminal, indique la seconde , étapo. L’apôtre, s éloignant de plus en plus des bas quartiers, pénétrait dans les régions habitées parles patriciens, car là maison de Pudens se trouvait dans un centre aristocratique, le « Vicus Patriciua »…

Le dernier vestige d’un séjour de Pierre à Rome sous le règne de Claude est l’antique catacombe appelée cimetière Ostrien. et située entre les voies Salarienne et Nomcntanc. Les noms que donnent à cette nécropole les inscriptions et les martyloges l’ont entrevoir le ministère que l’apôtre y exerça. Ils ne le désignent pas seulement comme « le grand cimetière », le plus ancien de tous, celui où l’on vénérait

« la première chaire occupée par Piorre », ils l’appellent

encore « le cimotiere des eaux où Pierre baptisait »…

Sur la chaire de saint Pierre à Piome, voir i>n Uossi, Bullettino di archeologia cristiana, 1867, p. 33

! rq. 5 Duchesnb, Origines du culte chrétien*, p. 283, 

sq<|., Paris, 1908 ; Marocchi, Eléments d’archéologie chrétienne, t. III, I 26-1 28, Paris- Rome, 1902. — Le souvenir delà chaire romaine, attaché primitivement à la date du 22 février, a été, au vme siècle, transféré à la date du 18 janvier, le 22 février étant réservé à la chaire d’Antioche. — Maurice liusNiiin, Les Catacombes de Home. Les souvenirs de saint Pierre et de saint Paul. Dans Revue des cours et conférences, 7 avril 1904, p. 225-236.

On a fait allusion ci-dessus à un transfert probable des corps des apôtres Pierre et Paul durant la persécution de Valérien (2">8) et à leur déposition provisoire sur un point des Catacombes désigné par une inscription damasienne :

Hic habitasse prias sanctos cognoscerre debes No mina quisque Pétri pariter Paulique requiris.

Cette tradition a été souvent révoquée en doute : voir, par exemple, le R. P. Diïlkhayk, Origines du Culte des Martyrs, p. 302-308, Bruxelles, 1912. Des découvertes récentes paraissent la confirmer.

Les fouilles commencées en hj15 par la Commission d’Archéologie sacrée, reprises en 1919 avec le concours du Service des fouilles, à Saint-Sébastien, sur la voie Appienne, ont mis à jour les restes d’une antique Triclia, que son architecture permet de rapporter à la seconde moitié du m siècle, et dont le mur, presque entièrement détruit, a pourtanteonservé plus de deux cents graflites associant les noms des apôtres Pierre et Pnul. Petre et Pairie, in mente habete… Paille et l'être, petite pro… Petre el Paule, subvenite… Les inscriptions sont en langue latine et en langue grecque ; elles invoquent tantôt Pierre, tantôt Paul en premier lieu ; mais elles ne les séparent jamais. Voir dans ies Etudes, t. GLXXI, p. 60 68 (5 avril 1922), l’article du R.P.G. i>k Jkri’iianmon sur Les dernières découvertes dans la /{orne souterraine.

Nous ne croyons pas devoir nous attarder aux polémiques de ces derniers temps. M. C. GuioNllBBRT, La primauté de Pierre et la venue de Pierre à Rome, Paris, 1909, écrit, dans son Avant-propos :

p. 1 : Théologiens et polémistes sont gens de parti pris, qui savent d’avance où, coûte que coule, leur recherche les conduira : au vrai, ils no se préoccupent que de découvrir, dans les textes et les faits, des arguments pour juslilier leurs positions, des longtemps prises et que rien ne leur ferait abandonner, que do prévenir et de désarmer d’avance les nts et les raisons qui ne les favorisent pas Les uns et les autres ont toujours a la bouche l’accusation de mauvaise foi, de préjugé, voire de haine : et les théologiens, c’est leur originalité, v ajoutent d’ordinaire, celle d’ignorance et d’inintelligent

p. 111 : Une grosse part de la littérature relative à la primauté de Pierre et à son apostolat romain s'élimine donc, du premier abord, paice qu’elle est d’esprit théologique ou polémique : on y peut relever des remarques utiles et des idées ingénieuses ; il est impossible de lui faire confiance

Générale quant à l’interprétation des textes et à la solidité es conclusions…

Cela veut dire qu’un esprit capable de faire confiance à une tradition consistante est par là même disqualifié pour le travail historique, et que la première disposition requise pour faire œuvre utile est un scepticisme ouvert à toutes les suggestions, sauf à celles du dogme. Là-dessus, on remplit quatre cents pages de points d’interrogation. La plaisanterie pourrait sembler agréable si elle durait moins. Mais nous ne nous sentons pas le courage de la discuter.

Combien plus rationnelle, cette conclusion d’une élude parue l’année suivante, P. Mo.nciîaux, L’A postulat de saint Pierre à Rome, dans R. IL L. R., 1910,

P. 2^0 :

Quoi qu’on en dise, les adversaires do la papauté, au II* el au m"-' siècle, devaient connaître mieux que nous l’histoire de saint Pierre et les origines de l’Eglise romaine. Leur intérêt était de se bien renseigner. S’ils l’avaient pu, ils n’auraient pas manqué de frapper Rome au cœur en lui enlevant son apôtre S’ils ne l’ont pas même tenté, si, tout en repoussant les prétentions des papes, ils n’ont pas contesté le fait sur lequel s’appuyaiont ces prétentions, c’est qu’ils admettaient tous l’apostolat el le martyre de Pierre à Home. On peut en conclure aussi que tous interprétaient comme nous les textes autour desquels tourne aujourd’hui le débat, depuis le texte de Clément jusqu'à celui de CaTui : et tous ces adversaires de Rome, dont la rancune devait aiguiser l’esprit eriti ; ue, savaient mieux que nous le grec de leur temps.

On ne saurait plus poliment congédier le nihilisme doctrinal et le nihilisme historique. Nous engagerons le lecteur, pour qui l’histoire demeure une science du réel, à préférer aux modernes doctrinaires du néant le père de l’Hisloire ecclésiastique. Euskub, le plus savant Grec du iv* siècle, après avoir vécu dans cette admirable bibliothèque de Césarée dont les moindres reliques ont pour nous un prix infini, traite la tradition de l’Eglise romaine avec le plus grand respect et y revient avec une insistance significative. Après avoir cité, touchant l’apostolat romain et le martyre des apôtres saint Pierre et saint Paul, Tertullien, Caïns de Rome et Denys de Corinlhe, il souligne leur déposition par ces mots : « Soit dit pour donner à l’histoire un surcroît de garantie », Kœi tRftra S-, „ ; Sot éti jiv.Y/'jv TuaTtoO-iv ; rx riî ; tatopltti. IL E., III, xx v, P. G., XX, 209. Voir encore II, xiv ; III, 1 ; V, xxvm ; VI, Xiv, etc.

Bibliographir. — Paul Martin, articles de la Revue des Questions historiques, années 187.3, 1874, 1875.

— M. Lecler, De Romano sancti Pétri episcopatu, Louvain, 1888 (abondante bibliographie). — On peut an^si consulter Ulysse Chevalier, Répertoire des sources historiques du Moyen Age, à l’art. Pierre (saint).

— L. Duchesne, /./7 ; er Ponti/icalis, Paris, t. I, 1886 ; t. II, 1892. — Pour les travaux récents, voir H.Mnrucchi, Eléments d’archéologiechrétienne, trm.(r. 3 vol., Rome-Paris, 1900-1903 ; Ad. Harnack, Chronologie der altchrisllichen f.illerutitr, i%q r }-iqot{ ; C.H. Turner, dans Journal of Theological Studies, janv. 1900, p. 181-200 ; Dom J. Chapman, La chronologie des premières listes épiscopales de Rome, dans Revue Bénédictine, 1901, p. 399-417 ; 1902, p. 13-37 ; 145-170 ; Jean Guiraud, l.a venue de saint Pierre à Rome, dans Questions d’histoire et d’archéologie chrétienne, p. 215-271, Paris, 1906 ; Paul Monceaux, L’Apostolat de saint Pierre à Rome, R. If. /.. R., 1910, p. 216-240 ; Léon Vouaux, Les Actes de Pierre, Paris, 1922.

A. d’Alùs.