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SACERDOCE CATHOLIQUE

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Si donc le prêtre mène une vie vraiment sacerdotale, occupée et priante, s’ileélèbre dignement les saints mystères, lachasteté lui est possible. Dironsnous qu’elle lui est lui est facile ? Cela dépend. Certains sentent toute leur vie le travail d’une lutte pénible ; l’Imitation nous en avertit, L. 1, c. xiii, n. 6 : Quidam in prineipio conversionis suæ graviores tentationes patiuntur ; quidam autem in fine. Quidam i’f(i, quasi per totanwilam suam, maie hahent. Leur mérite en est accru. D’autres, en très grand nombre, connaissent de longues périodes de calme, et les tempêtes qui, par intervalles, eflleurent la surface de leur àme, n’en troublent pas les profondeurs.

Mais si on néglige la prière, si on se permet imprudemment toutes les lectures et toutes les fréquentations, lame peu à peu s’attiédit. La grâce ne descend plus ci avec même elïieace o,

Après certains moments que perdent nos longueurs, Elle quitte ces truits qui pénètrent les cœurs ; Le nôtre s’endurcit, la repousse, l'égnre : Le bras qui la versait en devient plus avare, Kt cette sainte ardeur qui doit porter au bien Tombe plus rarement, ou n’opère plus rien.

On en vient vite aux chutes lourdes et honteuses.. Les scandales retentissants n’ont pas d’autre histoire. Luther, moine, professeur, prédicateur et vicaire de son ordre, se laisse tellement absorber par ses occupations extérieures qu’il ne trouve plus le temps de réciter son ollice ni de dire la messe. (Lettre à Lang, prieur d Erfurt, 26 octobre 1516 : Haro mihi integrum tempus est lioras persolvendi et celehrandi.Ct. Dbniflk. loc. cit., t. I, p. 62 ; Grisar, loc. cit., t. 1, p. 223 ; t. III, p. 900, 9Ç)3). Il oublie ses devoirs de règle, perd le souci de sa vie spirituelle, s’adonne à la boisson. Cf. Dbniflb, /oc. cil., t. I, p. 179 S 1 ( J- î Grisar, loc. cit., t. I, p. 31ja ; t. ii, p. 'i ! k *'/</ ! 26° Quoi d'étonnant ensuite qu’il doive s’avouer brûlé par la concupiscence. Lettre à Mélanchthon, 13 juillet 1 52 1 : Ego hic insensitus et induratus sedeo m otio, pro dolur parum orans, nihil gemenspro ecclesia Det, quin carnis meae iudomitæ uror magnis ignihus. Summa : >/ui fervere spiritu drliro, ferveo canif, libidine, pigritia, otio, somnolent ta. Cf. Dknii-le, loc. cit., t. I, p. 144, 177 ; Grisar, loc. cit., t. 1, p. 233, 3y6, 406 ; t. II, p. 202 Tout récemment, un autre dévoyé reconnaisait que le « dévotisnie » tient les passions endormies. « Pen dant les années de séminaire, écrit-il,.. la fui ardente du jeune lévite le fait triompher.les sens, et l’habitude de les dominer en apaise peu à peu les.lé vorantes ardeurs. » Jules Claraz, Le Mariage des prétn-s, p 85. Mais, ajoute-t-il, « la f-rveur passe et la nature reste l>. On renonce à.a réserve que recommandaient les anciens, on veut goûter a la joie de vivre » ; bientôt on sent le besoin de toutes les voluptés, et on n’a plus le courage de s’en refuser aucune.

En un mot, la continence, impossible à la nature, est possible à la grâce, que Dieuolfie libéralement a ses prêtres. Ceux-ci ne se trouveraient désarmés devant la tentation que s’ils négligeaientles secours, positifs et négatifs, que l’Eglise leur propose ou leur impose.

Les adversaires lu célibat ne se tiennent pas pour battus. Soit, répliquent-ils. admettons que. la continence n’est pas absolument impraticable Klle est en tout cas malsaine, contraire au* exigences de l’hygiène ; s’y astreindre, c’est se mettre sur le chemin de la neurasthénie et de la folie.

Sur quoi j’observe d’abord que certaines incommodités dont souffrent plusieurscélibataires tiennent

moins à leur chasteté qu'à leur manque d’esprit pratique : ils ne savent pas organiser leur vie ni se procurerune alimentation saine ; ou bien ils se réduise ut à un isolement qui leur pèse, l’ennui les déprime ; ils tombent, ou croient tomber.de labradypepsie dans la dyspepsie, de la dyspepsie dans l’hypocondrie, de l’hypocondrie dans la psychiatrie… En pareil cas, est-ce leur vertu qui cause leurs maux, ou leur maladresse et peut-être leur égoisme ? Un emploi du temps mieux réglé, une hygiène mieux comprise, souvent aussi plus de travail, plus de zèle à s’occuper du prochain en s’oubliant soi-même, suffirait à guérir bien des migraines et des humeurs noires.

Quant aux prétendus dangers physiologiques de la continence elle-même, on me permettra, pour les apprécier, de céder la paiole aux spécialistes, et de rapporter simplement le témoignage de médecins compétents.

Dr. Francotte, profe-tseurà l’université de Liège :

« La continence perpétuelle, telle que l’impose le

sacerdoce catholique, n’est point en contradiction avec la nature humaine. Les suites morbides qu’on a prétendu lui assigner, nesontnullement établies. » Annales de la Société scientifique de Bruxelles. De quelques pomts de morale sexuelle dans ses relations avec la médecine. Rapport présenté à la section de médecine de la Société scientifique de Bruxelles, par le docteur Xavier Francotte. Séance du 10 avril 1907, p. 36.

Deuxième conférence internationale pour la prophylaxie de la syphilis et des maladies vénérienne--. Bruxelles, 1902 :

« Il faut surtout enseigner à la jeunesse masculine

<[iie non seulement la chasteté et la continence ne sont pas nuisibles, mais encore que ces vertus sont .les plus recommandabiesau point de vue médical.'. Compte rendu des séances, publié par le docteur Dul)ois-IIavenith, secrétaire général. Bruxelles, Lamertin, 1903. T. ii, p. 51a ; cf. p. 453.

Le vœu fut présenté par Neisser, Bertarelli, Mme Bieler Bœhm, de Petersen, II. Minod, Peroni, Pierson II fut adopté à l’unanimité. Etaient présents à la conférence, parmi beaucoup d’autres sommités du monde savant, les docteurs Lesser, Balzer, Burlureaux, Gaucher, Barthélémy, etc.

Docteur Ch. Fbrb, médecin de Bicêtre :

« Ceux qui sont capables de chasteté psychique

peuvent garder la continence sansavoir rien à craindre.. pour leur santé, qui ne dépend pas de la satisfaction de l’instinct sexuel… Les médecins compétents qui se sont occupés d’hygiène sexuelle ne mettent pas en doute l’innocuité de la continence. » Bkalk, professeur au Collège royal de Londres, ditqu' « on ne saurait trop répéter que l’abstinence et la pureté la plus absolues sont parfaitement compatibles avecles lois physiologiqueset morales ». Ch. Féré, L’instinct sexuel, Evolution et Dissolution, a" « -lit-, p. 26. Paris, Alcan, 1902.

« Le célibat., n’a sur la folie qu’une influence apparente. Le célibat est plus souvent la conséquence

que la cause de l’anomalie ; il a moins de part dans les aliénations mentales les célibataires que le mariage dans les aliénations mentales des gens mariés, soumise une multitude de soucis évités aux célibataires. On peut en dire autant des autres plaies attribuées au célibat par Bertillon. Dansla discussion qui eut lieu à la Société de médecine de Lyon, à propos du livre de Dulieux qui faisait l’apologie du célibat religieux, ses ad versairesn’ont rien trouvé à objecter à la négation des maladies attribuées i la continence. Mantegazza, qui ne se fait pas remarquer parmi les apôtres de la continence, ne lui re-