La mère, têtue comme une Bretonne qu’elle était, dit à ses deux aînés :
— Vous n’êtes que des sots ; votre jeune frère, seul, a de l’esprit.
Elle appela ce dernier, lui cueillit elle-même des pêches, et l’envoya chez le roi.
Il rencontra, comme ses frères, la mendiante qui lui demanda ce qu’il portait ainsi.
— Des pêches, ma bonne femme, répondit-il.
— Montre-les moi.
Le jeune homme ouvrit son panier, la vieille toucha chaque pêche qui atteignit aussitôt une grosseur prodigieuse.
Le paysan continua son chemin et ne tarda pas à arriver au palais. Il eut bien de la peine à obtenir d’être conduit près du roi qui avait encore présents à l’esprit les poussins et les crapauds ; mais, lorsque Louis — c’était son nom — eut fait voir ses pêches aux domestiques, ceux-ci s’en allèrent bien vite prévenir leur maître que cette fois on lui apportait des pêches comme il n’en avait jamais vu.