Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/160

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de cet homme, sa politesse affectée fatiguait. Le seul œil qui lui restât brillait dans son orbite, et des cheveux, presque fauves, d’une longueur démesurée, cachaient en partie son ignoble visage.

— Pourrez-vous me donner une chambre et un lit pour passer la nuit ? demanda Mme  de la Silandais.

P’t’être ben, dit-il ; il y a là, au-dessus de nous, un senas[1] destiné aux rares voyageurs qui descendent à l’auberge du père Quoue-de-loup[2]. On n’y a pas toutes ses aises, ajouta-t-il, mais vu ma misère je ne saurais faire mieux.

L’aspect de cette demeure était affreux. Des tessons, contenant des restes de cidre, étaient épars sur des bancs autour du foyer, et exhalaient une odeur épouvantable.

— Seulement, ajouta le père Quoue-de-loup, je n’ai ni écurie pour votre cheva, ni où coucher votre domestique. Il sera obli-

  1. Grenier.
  2. Queue de loup, sobriquet du pays à cause de sa longue chevelure.