Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/211

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— Oh ! je suis bien malheureuse et bien à plaindre, répondit la vieille. La reine des fées, pour me punir d’une indiscrétion, m’a ordonné de passer de l’autre côté de la rivière, isolément, le loup, la chèvre, et le chou que vous voyez. Or, jugez de mon embarras : si je passe le loup en premier, la chèvre va manger le chou. Si au contraire, je commence par le chou, le loup va manger la chèvre. Enfin, si je passe la chèvre d’abord, je serai obligée d’y porter ensuite ou le loup ou la chèvre, et le résultat sera le même. Il existe cependant un moyen ; mais voilà près de deux heures que je le cherche sans pouvoir le découvrir.

— Ne pourrions-nous pas vous aider, dit Jelotte, en empêchant par exemple, la chèvre de manger le chou, pendant que vous passeriez le loup ?

— Non, répondit la vieille, je dois être seule à faire la besogne. Seulement vous pouvez m’aider à trouver le moyen de réussir. Et si vous y parvenez, comme je suis fée, vous n’aurez qu’à formuler un vœu et, quel qu’il soit, je l’exaucerai.