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Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/224

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Un pressentiment lui vint à l’esprit, et son cœur se serra à l’idée qu’elle était peut-être bien pour quelque chose dans cette visite ; mais elle était loin de se douter qu’il fût question de son mariage. Néanmoins elle entra.

Le petit bossu, en l’apercevant, s’avança à sa rencontre et la salua cérémonieusement à plusieurs reprises.

La tante Ursule, au contraire, se précipita comme un ouragan sur elle, la serra dans ses bras, ce qu’elle n’avait jamais fait, et lui dit d’un air attendri :

« Ma fille, bénis Dieu du bonheur qui t’attend. Le seigneur du Harda vient te demander en mariage ! »

En entendant ces paroles, la pauvre enfant se laissa tomber sur un escabeau, plus morte que vive, et fondit en larmes.

Le bossu sembla peu rassuré ; mais la tante Ursule qui s’en aperçut s’écria :

« Seigneur du Harda, ce sont des larmes de joie ! Les jeunesses, voyez-vous, c’est sensible, puis de l’émotion, les nerfs, tout cela, n’y faut pas faire attention. »