Aller au contenu

Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

était quasiment paralysée. Un bruit de pas se fit entendre sur les marches de l’escalier, la porte s’ouvrit et un squelette s’approcha d’elle, qui se débarrassa de son drap et le lui jeta aux pieds.

« Méchante avaricieuse ! s’écria-t-il, voilà ton drap. Tes journées ne suffiront pas désormais pour le raccommoder, et tes nuits se passeront à le laver dans la mare de Cucé. »

« Cela dit, il s’en retourna dans le cimetière se recoucher dans sa tombe.

« À partir de ce moment, la veuve passa ses journées à boucher les trous du drap qui se déchirait la nuit sous le battoué de la lavandière. Elle mourut un an après, le soir même de l’anniversaire de la visite de son défunt homme ; mais elle revient ici toutes les nuits laver le linceul du mort.

« Les habitants du village de la Ménouriais l’ont entendue bien souvent, et moi aussi, ajouta la vieille en soupirant, et en faisant le signe de la croix. »


(Conté par Marie Bloin, de Chantepie, âgée de 72 ans.)