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Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/31

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LES TROIS FRÈRES

Le soir, à la veillée, quand tout le monde fut réuni au coin du feu, le jeune Breton ne put résister au désir de questionner les braves gens qui l’entouraient, sur les motifs de leurs larmes.

« Vous voulez savoir, mon ami, pourquoi nous pleurons ? lui répondit le fermier. Oh ! vous ne pouvez vous douter du malheur qui est venu nous frapper ! Il y a quelques mois à peine, nous vivions ici paisibles et heureux. L’aisance régnait dans notre maison. Des chansons étaient sur toutes les lèvres et de nombreux domestiques s’asseyaient à notre table. Aujourd’hui nous sommes seuls, dans la misère, nous demandant comment nous ferons pour vivre demain. »

— Mais encore, que vous est-il arrivé ?

— Voici : un jour que les domestiques étaient seuls au logis, une vieille femme vint demander l’aumône. Au lieu de l’inviter à entrer, et de lui offrir ce qui restait du dernier repas — ce que nous avions toujours l’habitude de faire, — les serviteurs, en train de rire et de folâtrer, l’en-