Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/64

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Je le fis rire aux larmes et parvins ainsi à lui délier complètement la langue.

— À ton tour maintenant, lui dis-je, quand j’eus terminé mon récit.

V’lou la Fée des Houx ?

— Va pour la Fée des Houx.


I

Le bûcheron Jérôme et sa femme Gertrude, après une journée de travail, étaient assis dans le petit enclos attenant à leur cabane située dans la paroisse d’Essé.

« Ouf ! disait le vieillard (il avait près de 60 ans), en détirant ses membres, je suis brisé ce soir. En ai-je abattu aussi de ces malheureuses branches qui se tordent sous la cognée et semblent gémir en se détachant de l’arbre pour tomber sur le sol ! Tiens, Gertrude, c’est un triste métier que celui de bûcheron ; outre qu’il est fatigant, il m’arrive souvent d’avoir le cœur bouleversé en voyant les beaux chênes aux noueux rameaux, les sapins élancés et les bouleaux blancs tomber sous mes coups.