Aller au contenu

Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je t’engage, en effet, dit la femme d’un air moqueur, à t’apitoyer sur le sort des arbres et de leurs rameaux. Si je n’étais pas fatiguée, je crois vraiment que j’aurais du plaisir à t’écouter causer de la sorte.

« Tu penses peut-être, ajouta-t-elle, que de mon côté je n’ai rien fait de la journée ; tu te trompes, mon vieux ; moi aussi je suis harassée ce soir. J’ai profité du beau temps pour récolter les pommes de terre du courtil, et à l’heure qu’il est elles sont à sécher dans le grenier.

« Faut-il donc, mon Dieu ! continua Gertrude, qu’à notre âge, nous soyons obligés de travailler, sans repos ni trêve, pour vivre misérablement ? »

— Et dire que c’est notre mère Ève qui nous vaut tout cela, ajouta Jérôme.

— C’est tout de même vrai, dit Gertrude ; sans son inqualifiable curiosité, nous serions encore dans le paradis terrestre à rêver sous les bosquets en fleurs.

— Hélas ! oui, répliqua Jérôme en soupirant.