Aller au contenu

Page:Adolphe de Coston - Étymologies des noms de lieu de la Drôme.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tiaca dans l’Itinéraire de Bordeaux. L’ancien et le nouveau nom paraissent empruntés tous deux à l’idée d’eau courante ou jaillissante. Darentiaca est le mot sanscrit taranta, torrent et averse (Pictet, t. I, p. 144 ; Burnouf, p. 286), suivi de la finale ac ; on en retrouve la racine dans tara, rapide, en irl. ; tarandus, renne, en scythe ; tarant, en pol. La Darantasia des Itinéraires, qui a donné son nom à la Tarantaise, occupait l’emplacement de Moûtier-sur-Isère. Le nom primitif de Saillans, qu’on peut traduire par maison du torrent, s’est conservé, dit-on, dans celui de la place de la Daraise, sur laquelle on trouve une colonne milliaire.

Lorsque le nom celtique a cessé d’avoir une signification, on lui en a substitué un nouveau. On appelle Saliens ou Saillens, dans certaines provinces, les quartiers où se trouvent des eaux jaillissantes, du latin saliens aqua. On retrouve la même idée dans le nom de la Sorgue (Vaucluse), Sorgia et Surgia dans les anciens actes, dans Sorgeon et Surgeon, source, dans le XIVe s., du l. surgere, surgir, sourdre, pour surrigare (rigare, arroser) ; dans spring, fontaine jaillissante, en al. (springen, jaillir, sauter) ; quell, fontaine (quellen, jaillir), etc.

Si Darentiaca devait son nom au torrent de la Drome[1], Saillans doit le sien à la Drome ou aux fontaines qui arrosent son territoire. On retrouve dans beaucoup de langues le radical dont il est formé, notamment dans sala, salila, eau, fontaine, et sal, aller, couler, en s. c. t. ; silim, couler, distiller, en irl. ; seil, torrent, en ar. ; seille, cours d’eau, en dialecte franc-comtois ; sil et ziil, fossé, canal, en t. et en hol (d’où peut-être le mot sillon) ; sail, mer et sel, en éc. et en irl.[2] ; sal, en l., ainsi que dans le mot salive et dans les noms de divers cours d’eau, tels que la Salaine, affluent de la Drome ; la Sillas, qui coule près

  1. M. Delacroix, p. 41, d’après M. Mésengère et la mythologie qu’il a composée pour son usage particulier, traduit Darantiaca par Diva Arrunci Acca, Divine Mère préservant des dangers.
  2. Burnouf, p. 700 ; — Edwards, p. 421 ; — Pictet, t. I, p. 139 ; — Forstemann, p. 75 ; — Bellot, Sanskrit derivations, p. 101.